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Le classement du Havre au patrimoine mondial de l'UNESCO

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 juil. 2007

A l'occasion du classement du centre ville du Havre au patrimoine mondial de l'UNESCO, le reportage se penche sur les critères qui président au classement. Depuis 1995, c'est une loi qui définit les règles de protection du patrimoine architectural et urbain. Le Havre a été la première ville de France à l'appliquer afin de protéger l'oeuvre de l'architecte et urbaniste Auguste Perret.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

    L’oeuvre et le paysage

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
12 juil. 2007
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001530

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Le classement sur la liste du patrimoine mondial, gérée par l'UNESCO depuis 1995, est une procédure très sélective et parfois longue. L'UNESCO stipule en effet que « pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. [...] Les critères sont régulièrement révisés par le Comité pour rester en phase avec l'évolution du concept même de patrimoine mondial » [site de l'UNESCO]. Les paysages culturels ont été ensuite définis comme les fruits des « interactions majeures entre les hommes et le milieu naturel ». Les critères qui les définissent sont partagés entre culturels (pièces importantes représentatives d'une culture ou d'un art ; tradition fondatrice d'une culture) et naturels (esthétique du paysage ; écologie remarquable).

En 2013, 981 biens sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial, dont 38 sites en France. Des sites aussi divers que des cathédrales (Chartres, Amiens, Bourges ou Reims), les châteaux et parcs de Versailles et Fontainebleau, le Golfe de Porto, les lagons de Nouvelle-Calédonie, la Juridiction de Saint-Emilion... D'autres sont proposés à l'inscription comme la rade de Marseille (2002), les marais salants de Guérande (2002), le massif forestier de Fontainebleau (1996), l'ancienne chocolaterie Menier à Noisiel (2002), les vestiges romains de Nîmes (2012) ou l'oeuvre architecturale du Corbusier (2006). Quarante-quatre biens sont inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial en péril car leur intégrité est menacée par la guerre (six sites de la République arabe syrienne sont placés sous surveillance en 2013) ou le déficit d'entretien et de respect du site (la ville historique de Zadib au Yemen depuis 2000, le port marchand de Liverpool depuis 2012, le parc naturel des Everglades aux Etats-Unis depuis 2010).

Les critères ont été révisés en 2002 et 2005 pour tenir compte de la sauvegarde de « la protection, la gestion, l'authenticité et l'intégrité des biens », obligeant ceux qui veulent obtenir un classement à développer une politique volontaire de préservation. L'enjeu est culturel autant qu'économique : l'inscription d'un site sur la liste entraîne une plus-value touristique. Les élus sont souvent porteurs de projets de classement car ils envisagent les retombées sur le développement de leur territoire.

La ville du Havre est classée en 2005 car « parmi les nombreuses villes reconstruites, Le Havre est exceptionnel pour son unité et son intégrité, associant un reflet du schéma antérieur de la ville et de ses structures historiques encore existantes aux idées nouvelles en matière d'urbanisme et de technologie de construction. Il s'agit d'un exemple remarquable de l'architecture et de l'urbanisme de l'après-guerre, fondé sur l'unité de méthodologie et le recours à la préfabrication, l'utilisation systématique d'une trame modulaire, et l'exploitation novatrice du potentiel du béton » [argumentaire de l'UNESCO]. Elle est classée pour son caractère pionnier et innovant en matière de construction comme d'aménagement.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Le Havre est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2005, « un honneur qui se mérite », car « il y a des exigences » et un cahier des charges « plutôt strict ». Un plan général en survol puis quelques plans à une plus petite échelle permettent de découvrir la structure générale de la ville et les caractéristiques de bâtiments construits sous l'impulsion de l'architecte Auguste Perret (1874-1954), entouré de toute une équipe d'architectes.

Le Havre « a été la première de France » a mettre en œuvre les règles de protection du patrimoine édictées par l'UNESCO « afin de protéger l'oeuvre de Perret, mais plus généralement [sic] son centre-ville, soit une superficie au total de cent cinquante hectares ».

Jean-Philippe Raybaud, chargé d'études d'urbanisme pour la ville du Havre, rappelle que cette protection « vise à valoriser et à améliorer l'esthétique du patrimoine urbain du centre-ville [...] qui n'était pas connu et qui méritait d'être reconnu par les Havrais eux-mêmes qui le dénigraient un petit peu d'ailleurs ». Le classement permet la réappropriation du patrimoine par les habitants en même temps qu'il est une ressource touristique signalée par un panneau à l'entrée de la ville. Le chargé d'études fait partie des agents du patrimoine de la ville qui ont pour fonction de vérifier la conformité des aménagements avec la structure et l'esprit du lieu, depuis les constructions jusqu'aux portes et fenêtres. Cela n'interdit pas les « constructions neuves », mais leur impose un certain nombre de contraintes de façon à les fondre dans le paysage et respecter la cohérence de l'ensemble (volumes, hauteur et épaisseur des bâtiments).

Le centre-ville est entièrement repensé et reconstruit entre 1945 et 1964 autour de « trois grands pôles : le centre-ville, la mer [le front de mer sud] et le port [la porte Océane] reliés par trois grands axes, la rue de Paris, l'avenue Foch et le boulevard François Ier ». Les images montrent les grands traits urbanistiques de cette reconstruction. D'abord l'usage du béton armé, élément central de l'architecture de Perret depuis le début du XXe siècle. Ce matériau, outre qu'il est pratique à mettre en œuvre, permet par le jeu de « poteaux dalles » visibles et de poutres de créer de grandes ouvertures, ou de multiplier les sources de lumières dans des bâtiments très sobres de béton nu. C'est le cas dans les deux bâtiments au cœur de la ville dont Perret se réserve le dessin : l'Hôtel de ville (1952) dont le beffroi mesure soixante-douze mètres, et l'Eglise Saint-Joseph (1951) dont le clocher « culmine à cent sept mètres ».

Le reste du centre-ville est un espace ouvert par de grands axes, encadrant des lotissements bas pour laisser passer l'air et la lumière. Le schéma d'aménagement de Perret se fonde sur une grille modulaire de carrés de 6,24 m. Il opte également pour un système où les lots à bâtir sont dessinés selon une grille de 100 m de côté, certains étant réunis pour former de plus grandes unités. Ces emboîtements donnent une grande cohérence et un rythme régulier à l'ensemble. Dans la construction, l'utilisation du béton préfabriqué avec des motifs standards est le gage d'une grande unité des façades, visible dans les images de la ville.

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