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La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht, mise en scène par Georges Wilson

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 févr. 1963

Extrait de l'émission « Le théâtre », consacrée à la mise en scène de La Vie de Galilée de Brecht par Georges Wilson au Théâtre National Populaire en 1963.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
03 févr. 1963
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001568

Contexte historique

Par Alexandra Von Bomhard

Né à Augsbourg (Bavière) en 1898, Bertolt Brecht est un metteur en scène, critique de théâtre et poète allemand. Fils d'un père catholique, il naît dans une famille bourgeoise et s'adonne très précocement à l'écriture. Mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, il est, à l'instar des surréalistes, profondément marqué par les horreurs du combat. Il rédige des poèmes pacifistes qu'il chante dans des caves et cabarets accompagné de sa guitare. Sa première pièce, Baal (1918), est empreinte d'un style lyrique qu'il délaisse par la suite. L'auteur est alors fortement influencé par Erwin Piscator et Max Reinhardt, dont il rejoint le théâtre en 1924. En 1928, le dramaturge s'attend, avec L'Opéra de quat'sous (musique de Kurt Weil) à un énorme scandale. C'est un véritable triomphe. A partir de là, l'auteur adopte le théâtre épique, distancé, qu'il oppose au théâtre dramatique. Il s'agit de raconter plus que d'incarner, afin que le spectateur ne s'identifie plus au personnage et qu'il garde son esprit critique. A partir des années 1930, Brecht doit subir l'opposition, de plus en plus violente, des nationaux socialistes. Il devient marxiste, et épouse l'actrice Hélène Weigel. En 1933, le couple est contraint de quitter l'Allemagne. L'oeuvre de Brecht est interdite et brûlée lors d'un autodafé. Déchu de sa nationalité allemande par le régime nazi, il part en exil et continue à écrire pour le théâtre : Mère Courage et ses enfants (1941), La Résistible Ascension d'Arturo Ui (1941), La Vie de Galilée (1943), Le Cercle de craie caucasien (1945)... Il rédige également le scénario d'un film antinazi, Les bourreaux meurent aussi, réalisé par Fritz Lang en 1943. De retour en Allemagne après la guerre, il s'installe à Berlin-Est, où il fonde, avec sa femme, le Berliner Ensemble, qui devient le fleuron culturel de la République Démocratique d'Allemagne. Il précise sa pensée du théâtre épique (héritée de Piscator) et de l'effet de distanciation. En 1954 et 1955, le Berliner Ensemble participe aux deux premiers Festivals internationaux du Théâtre de Paris. Les principaux «hommes de théâtre» français (comme Bernard Dort, Roland Barthes, voir le document Roland Barthes : Théâtre populaire et Brecht) y assistent, fascinés. Le directeur du Berliner met en scène ses propres pièces, mais aussi des oeuvres classiques (comme le Dom Juan de Molière), qu'il relit à la lueur de sa conception de l'art dramatique. En 1955, il obtient le prix Staline international pour la paix. Il meurt, un an plus tard, d'un infarctus.

Brecht écrit La Vie de Galilée (Leben des Galilei) entre 1938 et 1939, lors de son exil au Danemark, mais il reprend la pièce et la traduit en anglais entre 1945 et 1947, lorsqu'elle est créée au Los Angeles Coronet Theater. Elle est alors mise en scène par Joseph Losey et Brecht, avec Charles Laughton dans le rôle titre. Cette biographie théâtrale de Galilée raconte le combat de la science contre le pouvoir de l'Eglise. Défendant la thèse copernicienne selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil, le scientifique s'oppose au géocentrisme prôné par les autorités religieuses. Sous la menace du bûcher, il finit par se rétracter publiquement pour rester en conformité avec la doctrine de l'Eglise. On ne peut manquer de dresser un parallèle entre cette situation et le vécu de l'auteur : dans les années 1930, l'Allemagne nazie imposait sa doctrine officielle, ne souffrant aucune opposition. C'est peut-être ce qui explique la place privilégiée que la pièce tient dans l'oeuvre de Brecht. En effet, l'auteur n'a cessé de la remanier jusqu'en 1955.

Éclairage média

Par Alexandra Von Bomhard

L'émission «Le théâtre» est un magazine de Paul-Louis Mignon sur l'actualité de la création dramatique. L'édition du 3 février 1963 est consacrée à La Vie de Galilée de Brecht que Georges Wilson met en scène au Théâtre National Populaire. Le reportage propose un entretien avec le metteur en scène, suivi d'un extrait de la pièce qui donne à voir un face à face entre Sagredo (Etienne Bierry) et Galilée (Georges Wilson).

En 1963, Georges Wilson (1921-2010) succède à Jean Vilar à la tête du TNP, mais ce metteur en scène et directeur de théâtre est avant tout un acteur, qui a interprété plus de 200 personnages. Repéré par Pierre Renoir (le fils du peintre), à l'école de la Rue Blanche, il travaille avec Louis Jouvet et Charles Dullin, avant d'être engagé par Jean Vilar en 1952 pour jouer au TNP et au Festival d'Avignon. Il accède alors aux grands rôles du répertoire, et incarne Ubu, Arnolphe, Danton, Créon... Au TNP, il monte Gorki, Brecht, Corneille, mais aussi Dürrenmatt, Tankred Dorst, Pinter et Bond. Il continue cette politique au Théâtre de l'Oeuvre dont il assure la direction de 1978 à 1995. Lorsqu'en 1963, il choisit de monter La Vie de Galilée, il s'intéresse à une oeuvre encore rarement mise en scène, car'elle compte une quarantaine de personnages et qu'elle dure plus de quatre heures lorsqu'elle est jouée dans son intégralité. L'enjeu majeur de la pièce consiste dans la lutte entre la vérité et l'obscurantisme ; il nous y est effectivement rappelé que « celui qui ne connaît pas la vérité, celui-là n'est qu'un imbécile. Mais celui qui la connaît et la qualifie de mensonge, celui-là n'est qu'un criminel ». Dans l'interview, Georges Wilson rappelle l'écho particulier que la dernière version du texte brechtien eut à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. En effet, après Hiroshima, la question de la responsabilité des scientifiques se posait avec une acuité toute particulière. Les questions de Paul-Louis Mignon orientent davantage l'entretien sur le contexte historique de l'écriture et sur la personne-même de Galilée. Georges Wilson s'exprime ici davantage comme comédien (c'est lui qui interprète le rôle titre) que comme metteur en scène, dans la mesure où il ne révèle rien de ses partis pris de création.

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