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Interview de Marcel Bluwal sur son adaptation de Dom Juan

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 30 oct. 1965

Dans l'émission « Micros et caméras » du 30 octobre 1965 Marcel Bluwal s'exprime sur son adaptation du Dom Juan de Molière qu'il est en train de tourner.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
30 oct. 1965
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001571

Contexte historique

Par Alexandra Von Bomhard

Né à Paris en 1925, Marcel Bluwal est un des grands téléastes français. S'il découvre la mise en scène au théâtre, c'est en tant qu'opérateur qu'il fait ses classes, à l'Ecole technique de la photo et du cinéma de la rue de Vaugirard. Il rejoint la télévision en 1949, et commence par tourner des émissions pour enfants. Il rêve ensuite de réaliser des dramatiques, qu'il voit alors comme une étape vers le cinéma. De 1954 à 1960, il en tourne six par an, acquérant ainsi une véritable technique, tout en confirmant ses talents de metteur en scène et de directeur d'acteurs.

C'est dans les années 1960 qu'il s'achemine vers la grande littérature. En 1961, il adapte Le Mariage de Figaro ; en 1965, Dom Juan, puis La Double Inconstance en 1967. Mû par une haute idée du service public, il voit dans la télévision un moyen efficace pour diffuser au plus grand nombre une culture de qualité : « nous avions la volonté de mettre le répertoire à la disposition de tout le monde [...], on était les hussards noirs de la culture mise à la disposition du plus grand nombre, dans la plus grande volonté élitaire en même temps » (Marcel Bluwal, Dossiers de l'audiovisuel n°49, INA, 1993).

Son adaptation de Dom Juan, diffusée en 1965, est un véritable événement. Alors que la pièce était rarement montée depuis son interdiction en 1665, la dramatique de Bluwal touche, en un soir, 12 millions de téléspectateurs. En centrant son film sur l'élan suicidaire de son protagoniste, le réalisateur propose en outre une lecture personnelle et peu conventionnelle de la pièce de Molière.

Éclairage média

Par Alexandra Von Bomhard

Dans les années 1960, la télévision tend à s'auto-observer, s'auto-analyser. Ainsi, avec Micros et caméras (1965-1972) Jacques Lorquin propose une émission didactique, consacrée à la réalisation de ses programmes et à ses premiers artisans. L'émission du 30 octobre 1965, intitulée «La parole est à M. Bluwal à propos de Don Juan », invite le réalisateur à s'exprimer sur son adaptation de la pièce de Molière.

Après une première question assez générale posée à Marcel Bluwal, celui-ci discourt de manière ininterrompue. Le dispositif est simple : un plan fixe sur le réalisateur au sein duquel sont insérés quelques extraits muets du film. C'est en effet la parole du téléaste qui assure la continuité de l'émission. Celui-ci expose ses partis pris de mise en scène : sa volonté de proposer une lecture atemporelle de la pièce, son désir de tourner dans des décors naturels pour retrouver, dans le cadre exigu du petit écran, l'espace nécessaire à l'émergence de la distance théâtrale. Il reconnaît par ailleurs une certaine supériorité à la télévision : selon le metteur en scène, il est difficile de rendre au théâtre la pulsion suicidaire de Dom Juan, alors qu'il a pu, lui, montrer sa chevauchée irrépressible vers la mort.

On remarque enfin l'enthousiasme et la conviction de Bluwal, révélateurs de son désir de transmettre. Le cadrage est, quant à lui, parfois maladroit, un peu tremblant. Le plan rapproché se mue en très gros plan lorsque le réalisateur expose sa conception de la scène entre Charlotte et Dom Juan. Pour le réalisateur, il s'agit d'une véritable scène d'amour : « c'est Tristan et Yseult, c'est comme ça que je l'ai fait » affirme-t-il avec force, rompant avec l'idée reçue d'un Dom Juan insensible et exclusivement manipulateur.

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