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Lettres de mon moulin, d'Alphonse Daudet [extrait]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 24 déc. 1970

Adaptation d'une nouvelle tirée des Lettres de mon moulin, d'Alphonse Daudet, par Pierre Badel en 1970. Le Secret de Maître Cornille.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
24 déc. 1970
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001577

Contexte historique

Par Alexandra Von Bomhard

Alphonse Daudet est né à Nîmes en 1840, dans une famille catholique et légitimiste. Il passe son enfance dans le Gard, puis à Lyon. La ruine de son père en 1855 l'oblige à renoncer à passer son baccalauréat et à commencer à travailler. Il devient maître d'études au collège d'Alès, expérience qui lui inspire Le Petit Chose (publié en 1868). Il part ensuite avec son frère à Paris. Il y rencontre le poète Frédéric Mistral, publie ses premiers vers, ses premiers articles (dans Le Figaro et L'Universel). En 1861, il devient le secrétaire personnel du duc de Morny, mais la mort brutale de celui-ci, quatre ans plus tard, le met dans une situation précaire. Il s'adonne alors plus intensément à l'écriture, rédige des chroniques et ses premiers romans. Avec la Dernière Idole, monté à l'Odéon en 1865, il connaît son premier succès au théâtre. Il publie, en 1869, les Lettres de mon moulin, en 1872, Tartarin de Tarascon, et en 1873, les Contes du lundi. De plus en plus impliqué dans le monde littéraire, il fréquente Flaubert, Goncourt, Zola, Hugo, Renoir... Il se consacre ensuite au roman de moeurs, avec, entre autres Le Nabab (1877), Les rois en exil (1879) ou encore L'Immortel (1890). Il meurt en 1897.

C'est en 1864 que Daudet, en passant l'été près d'Arles, rassemble un certain nombre de notes et impressions qui deviennent la matière de son oeuvre la plus célèbre, Les Lettres de mon moulin, publiée en 1869. Son ami Paul Arène a collaboré à la rédaction de ce recueil, dont certains textes sont parus en feuilleton dans le journal L'Evénement. Cet ouvrage s'ouvre sur un avant-propos : l'acte de vente par lequel le narrateur achète son moulin. Il est composé de 24 lettres. La plupart de ces récits se déroulent en Provence. On retient, parmi les plus connus, La Chèvre de Monsieur Séguin, Le Curé de Cucugnan, ou encore Le Secret de Maître Cornille. Cette lettre raconte l'histoire d'un meunier qui continue à faire tourner son moulin, alors que personne ne lui apporte plus de blé depuis l'installation d'une minoterie à vapeur dans les environs.

Éclairage média

Par Alexandra Von Bomhard

Figure majeure de la télévision française, Pierre Badel se distingue par une oeuvre prolifique et diversifiée. En plus des nombreuses dramatiques dont il est l'auteur, il a su garder intacte sa passion du direct, pour la retransmission de matches de football d'anthologie ou la réalisation d'émissions populaires telles que Jeux sans frontières ou La Nuit des Césars. Valeur sûre de la télévision, il a souvent bénéficié de gros budgets, les producteurs étant, avec lui, assurés d'une réalisation de bonne facture.

En 1966, Pierre Badel adapte sa première oeuvre d'Alphonse Daudet, L'Arlésienne. C'est en 1970 qu'il réalise Les Lettres de mon moulin. Ce film, entièrement tourné en décors naturels, magnifie la Provence chantée par l'auteur. Pour Le Secret de Maître Cornille, Badel choisit de tourner au moulin de Daudet, à Fontvieille. Il fait aussi largement appel à la figuration locale pour cette adaptation, résolument ancrée dans la région. L'extrait correspond à l'intégralité de la nouvelle. Le téléaste en propose une lecture très fidèle. On retrouve, par exemple, les deux plans narratifs qui structurent le recueil : la scène énonçante (le narrateur se promène avec l'auteur, introduisant le récit qui va suivre), et la scène énoncée, où l'on suit les personnages de l'histoire (Cornille, Vivette et Frédéric). Le passage de l'une à l'autre est assurée par un plan d'ensemble centré sur le moulin qui permet de s'immerger dans le récit rétrospectif (le moulin dont M. Daudet vient de faire l'acquisition n'est autre que l'ancienne propriété de Maître Cornille). Le cadrage, en contre-plongée, met le moulin sur un piédestal, rappelant que celui-ci est au centre de l'histoire.

Par la suite, le narrateur se réduit à une voix off, cédant ainsi la place au discours direct des personnages. Les dialogues sont souvent très proches du texte original. Les musiques traditionnelles, les cigales, l'accent des comédiens plongent le spectateur dans la région provençale, également exaltée par les très nombreux plans de paysages. La construction du film suit fidèlement la construction narrative : le secret de Cornille est gardé jusqu'au moment où les deux jeunes amants montent au moulin. La déchéance de l'endroit est alors souligné par le travail de la lumière et par le décor intérieur, qui renforce cette impression d'abandon (désordre, toiles d'araignées, poussière...). A chaque fois, la musique originale de Jacques Datin va dans le sens de l'émotion provoquée par l'histoire. Le film prend la forme d'un divertissement musical, où alternent des séquences parlées, et des séquences dansées et chantées. Ainsi, les émois amoureux de Frédéric et Vivette s'expriment en chansons (composées par Maurice Vidalin et Pierre Badel). La révélation du secret de Corneille est suivie par des danses traditionnelles qui disent la joie des villageois à la résurrection du moulin. Néanmoins, c'est par une note nostalgique que s'achève le passage. L'arrêt des ailes du moulin dit la mort du meunier, mais symbolise aussi la fin d'un monde.

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