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Un créationniste fait la classe

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 nov. 2005

Dans un zoo de Denver, nous suivons un évangéliste donnant une leçon de « sciences » sur le monde animal à des jeunes élèves américains d'une école chrétienne. Il utilise la Bible comme fondement « scientifique ».

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 nov. 2005
Production :
INA
Page publiée le :
01 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001640

Contexte historique

Par Fatima RahmounProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris ) et

Par Sophie EdouardProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris )

De 1831 à 1836, Charles Darwin participe à l'expédition du navire britannique Beagle. Il récolte, décrit et inventorie de nombreuses espèces animales et végétales découvertes lors de son voyage autour du monde. En 1859, utilisant les notes et les échantillons prélevés lors de l'expédition, Darwin présente dans son ouvrage L'origine des espèces sa théorie de l'évolution et de la sélection naturelle. On peut considérer que le créationnisme est né au XIXe siècle en réaction au darwinisme.

Le créationnisme négateur qui refuse tout simplement les théories scientifiques de l'évolution s'exprime publiquement à partir des années 1920 aux Etats-Unis. L'enjeu est de taille : interdire l'enseignement de la théorie de l'évolution dans les écoles. C'est un succès dans de nombreux états américains en quelques années.

En fait, il y a des créationnismes. On peut notamment présenter les créationnistes Jeune-Terre, qui considèrent que le monde a été créé en six jours, le déluge expliquant les fossiles et les roches sédimentaires. Ils prônent une lecture littérale des textes religieux. Ce mouvement considère donc chaque phrase rédigée dans les ouvrages religieux juste historiquement et scientifiquement. Pour eux, les théories transformistes s'opposent donc à la Bible. De plus, pour les créationnistes Jeune-Terre, l'Univers est âgé d'environ 6000 ans. Les biologistes ne sont donc pas les seuls scientifiques ciblés par le négationnisme puisque géologues et astrophysiciens s'accordent sur un âge de 15 milliards d'années pour l'Univers.

On peut également présenter les créationnistes Vieille-Terre. Ils acceptent la théorie du Big Bang et que l'origine de l'Univers et de la vie sur Terre remonte à des millions, voire des milliards d'années. Ils gardent tout de même une vision littérale des textes bibliques.

L'enseignement de la théorie de l'évolution a été officiellement réintégré dans les programmes scolaires aux Etats-Unis à la fin des années 1960. Se développe alors en réaction un « créationnisme scientifique ». Il ne s'agit plus de s'opposer à la science mais de l'utiliser pour réfuter l'évolution. La communauté scientifique rejette les démonstrations proposées qui n'ont en fait rien de scientifiques et sont souvent pleines d'erreurs.

En 1981, c'est tout de même une victoire pour ce courant car en Arkansas et en Louisiane, les programmes scolaires traitent les théories de Darwin et de la Création à égalité. En 1987, c'est la justice américaine qui condamne l'enseignement du « créationnisme scientifique » qui sera donc arrêté dans ces deux états.

Suite à ces nouveaux revers, un courant naît : le créationnisme du « dessein intelligent ». Cette fois-ci, il semblerait que l'évolution soit acceptée mais pas son caractère aléatoire. Il y a une Intelligence qui fait évoluer les espèces vivantes dans un but précis. Lors de l'année de diffusion du reportage, ce nouveau créationnisme réussit à convaincre (notamment en Australie).

Contrairement à ce qu'on pourrait croire a priori sur cette question, le créationnisme ne se cantonne pas aux Etats-Unis et au christianisme. Il y a de nombreux échos dans le monde (en Europe notamment) et dans les deux autres religions monothéistes.

Depuis Darwin, les théories scientifiques ont également évolué. Les découvertes des chromosomes et des gènes au début du XXe siècle ont permis d'expliquer la théorie initiale de Darwin. En 1972, M. Kimura montre le rôle de la dérive génétique dans l'évolution des espèces. Ce mécanisme s'ajoute à la sélection naturelle. Dans les années 1980, S.J. Gould identifie le rôle des crises biologiques dans l'évolution. Enfin, la biologie moléculaire des années 1990 et 2000 a pu comparer les gènes de plusieurs espèces et établir ainsi leurs liens de parenté et leur évolution.

Éclairage média

Par Fatima RahmounProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris ) et

Par Sophie EdouardProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris )

Nous pouvons découvrir au début du reportage un animateur encadrant un groupe d'élèves d'une école chrétienne dans le zoo de Denver. Il semble poser une question et de nombreuses mains enthousiastes se lèvent pour lui répondre. Le commentateur nous précise que l'animateur est biologiste amateur et évangéliste.

Il s'agit d'une vraie petite leçon qui est proposée par cet animateur. Il explique en utilisant les mots de la Bible que les êtres humains sont différents des animaux. Il est important de préciser ici que, du point de vue biologique, Homo Sapiens (nom scientifique en latin qui désigne l'espèce humaine) fait partie des métazoaires (ou animaux) car ils possèdent les caractères (ou attributs) communs aux êtres vivants de ce groupe.

Les images du reportage alternent alors entre celles de l'évangéliste, des enfants et des animaux. Les enfants semblent ravis et captivés.

Le journaliste parle de « petit soldat évangéliste ». On sent dans tout le reportage de la dérision de la part du commentateur, notamment dans le vocabulaire utilisé. Tout est fait pour décrédibiliser le créationnisme qui reprend des forces dans les années 2000.

L'explication de l'apparition de la mort par l'évangéliste laisse très perplexe, tout comme les griffes des fauves qui servaient, selon lui, à monter aux arbres. Il affirme que les animaux ont été créés dans le seul but de nous divertir et leur évolution par adaptation au milieu semble niée.

Une jeune fille est interviewée et ses réponses étonnent car elle ne semble avoir aucune curiosité concernant la théorie de l'évolution.

La leçon se termine par une prière. Dans sa conclusion, le journaliste précise non sans humour que pour les élèves comme pour l'animateur, cette animation au zoo était une leçon de sciences sur le règne animal et pas un cours de théologie.

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