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La joie des partisans d'Alassane Ouattara après l'arrestation de Laurent Gbagbo

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 11 avr. 2011

Arrêté le 11 avril 2011, le président de la République sortant de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo est retenu prisonnier avec son épouse Simone à l'Hôtel du Golf, résidence officielle du nouveau président Alassane Ouattara à Abidjan. Les partisans d'Alassane Ouattara qui ont participé à leur arrestation expriment leur joie.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
11 avr. 2011
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001658

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

L'arrestation du président de la République sortant de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo le 11 avril 2011 par les partisans du nouveau président Alassane Ouattara met fin à la crise postélectorale débutée en décembre 2010.

De fait, la Côte d'Ivoire a été déchirée par de violents affrontements entre les partisans de Laurent Gbagbo et ceux d'Alassane Ouattara. Laurent Gbagbo, président de la République de Côte d'Ivoire depuis 2000, conteste en effet le résultat de l'élection présidentielle organisée les 31 octobre et 28 novembre 2010 : l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara est proclamé vainqueur par une commission électorale indépendante le 2 décembre 2010 avec 54,1 % des voix contre 45,9 % pour le président sortant. Ce résultat est en outre certifié par l'ONU. Toutefois, dès le lendemain, le Conseil constitutionnel ivoirien, entièrement acquis à Laurent Gbagbo, proclame l'élection de ce dernier avec 51 % des suffrages en raison de l'annulation de 600 000 voix pour fraude présumée.

La Côte d'Ivoire se retrouve par conséquent avec deux présidents. Soutenu par la France, l'Union africaine, l'Union européenne, les États-Unis et l'ONU, Alassane Ouattara se retranche à l'Hôtel du Golf à Abidjan, sous la protection des Casques bleus de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Il forme un nouveau gouvernement dirigé par Guillaume Soro, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo. Dans le même temps, ce dernier organise la cérémonie de sa propre investiture présidentielle.

À partir du 16 décembre 2010, Abidjan, la capitale économique du pays, s'embrase : des affrontements sanglants entre les deux camps y éclatent. La Côte d'Ivoire plonge dès lors dans une violente crise qui dure quatre mois. Les diverses médiations de l'Union africaine et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU ne parviennent pas à faire plier Laurent Gbagbo qui refuse de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara. La situation change dans les derniers jours de mars 2011 lorsque les Forces républicaines de Côte d'Ivoire, troupes pro-Ouattara, lancent une offensive éclair vers l'ouest et le sud du pays. Elles entourent ainsi Abidjan à partir du 31 mars 2011. En outre, la veille, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, à l'unanimité de ses 15 membres, la résolution 1975 qui prévoit des sanctions ciblées contre Laurent Gbagbo et son entourage proche, dont son épouse Simone, et autorise l'ONUCI à recourir à la force afin d'interdire l'utilisation d'armes lourdes contre la population ivoirienne. La force française Licorne, déployée en Côte d'Ivoire depuis 2002, appuie l'ONUCI et prend le contrôle de l'aéroport d'Abidjan le 2 avril 2011 afin d'évacuer les ressortissants étrangers. Puis, les 4 et 10 avril, la force Licorne et l'ONUCI conduisent des frappes aériennes sur les troupes de Laurent Gbagbo.

Le 11 avril 2011, les forces d'Alassane Ouattara, soutenues par l'ONUCI et la force Licorne, mènent une offensive décisive contre la résidence de Laurent Gbagbo à Abidjan. Arrêté, Laurent Gbagbo est emmené prisonnier à l'Hôtel du Golf. Alassane Ouattara a en effet exigé de ses troupes qu'ils épargnent la vie de Laurent Gbagbo et de ses proches. Au terme d'une crise postélectorale qui aura fait plus de 3 000 morts, il devient le président effectif de la Côte d'Ivoire.

Alassane Ouattara constitue alors une commission Dialogue, vérité et réconciliation pour faire la lumière sur toutes les violences commises en Côte d'Ivoire pendant deux décennies, y compris celles perpétrées par ses propres partisans, notamment à Duékoué en mars 2011. Créée en septembre 2010, cette commission dirigée par l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny tient ses premières audiences publiques en septembre 2014. De son côté, Laurent Gbagbo est incarcéré auprès de la Cour pénale internationale à La Haye à partir de novembre 2011. Il doit être jugé pour quatre chefs de crimes contre l'humanité perpétrés à Abidjan.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé le 11 avril 2011 dans le journal télévisé de 20 heures de France 2, ce reportage est consacré aux suites immédiates de l'arrestation du président déchu de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, qui a eu lieu le matin même à Abidjan. Il a été tourné par une équipe d'envoyés spéciaux de France 2 à l'Hôtel du Golf, quartier général d'Alassane Ouattara. De fait, le grand reporter Dominique Derda, correspondant permanent de France 2 pour l'Afrique, et le journaliste reporter d'images Frédéric Ranc, se trouvaient en Côte d'Ivoire depuis plusieurs semaines pour couvrir la crise postélectorale qui déchire le pays depuis décembre 2012 entre les partisans de Laurent Gbagbo et ceux d'Alassane Ouattara. Ils ont été autorisés à filmer au sein de l'Hôtel du Golf ainsi qu'à interroger des membres des Forces républicaines de Côte d'Ivoire, les troupes d'Alassane Ouattara.

Ce reportage ne donne pas à voir l'arrestation proprement dite de Laurent Gbagbo : il ne propose aucune image de l'intervention des Forces républicaines de Côte d'Ivoire contre la résidence du président sortant. Tous les plans ont en effet été filmés après l'arrestation, à l'Hôtel du Golf, là où Laurent Gbagbo et sa famille sont retenus prisonniers. Le sujet donne ainsi à voir des images du président ivoirien en détention. En laissant les équipes de télévision filmer Laurent Gbagbo en captivité, les partisans d'Alassane Ouattara visent non seulement à montrer leur victoire mais plus encore à illustrer la déchéance du chef d'Etat sortant. Assis sur un canapé à côté de membres des Forces républicaines de Côte d'Ivoire, souriant, Laurent Gbagbo s'efforce de faire bonne figure face à la caméra. À l'inverse, son épouse Simone apparaît prostrée, les yeux fermés. Lors de son arrestation, des soldats lui avaient arraché des morceaux de ses vêtements ainsi que des mèches de cheveux. Si conformément aux ordres d'Alassane Ouattara le couple Gbagbo a été épargné, une séquence du reportage témoigne toutefois de violences. Pris dans la cohue de partisans d'Alassane Ouattara qui tentent de le protéger, le fils de Laurent Gbagbo, Michel, échappe de peu à un lynchage. Son dos ensanglanté en témoigne.

Le reportage des envoyés spéciaux de France 2 ne s'intéresse toutefois pas qu'à la déchéance de Laurent Gbagbo et de sa famille. Il donne surtout à voir et à entendre les réactions de joie des partisans d'Alassane Ouattara après l'arrestation de l'ancien président. La plupart expriment une liesse sans retenue, tel ce soldat filmé au début du sujet qui, une arme à la main, crie « liberté, liberté ». D'autres célèbrent la victoire, applaudissant et hurlant dans le hall de l'Hôtel du Golf comme s'ils fêtaient celle d'une équipe sportive. D'autres encore manifestent une joie moins démonstrative, comme ce soldat qui se contente de taper sur le poing d'un camarade après avoir entendu l'annonce à la radio de l'arrestation de Laurent Gbagbo. La seconde interview d'un soldat pro-Ouattara ajoute quant à elle une note de gravité à la liesse générale en rappelant les victimes provoquées par le refus de Laurent Gbagbo d'accepter le verdict des urnes.

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