Le mémorial de Thiepval dédié aux combattants britanniques [muet]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1932 | Date d'évènement : 1916

Sur l'un des principaux sites de la bataille de la Somme, offensive franco-britannique menée en 1916, un mémorial est érigé pour commémorer les soldats du Royaume-Uni et du Commonwealth disparus sans sépulture. Inauguré en 1932, en présence du futur Edouard VIII, ce Memorial to the Missing est le plus important monument britannique en France. 73 000 noms de soldats y sont recensés.

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
1916
Date de diffusion du média :
1932
Production :
INA
Page publiée le :
05 nov. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001687

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

L'offensive de la Somme (juillet-novembre 1916) fait partie des tentatives destinées à rompre le front adverse à partir de 1915 afin de sortir de la guerre de position et d'obtenir une percée décisive en vue de la victoire finale. Mais elle symbolisa, comme, d'autres attaques de ce genre (Artois en 1915, Chemin des Dames en 1917), la supériorité de la stratégie défensive sur l'offensive, se traduisant par des pertes humaines très élevées du côté des Alliés et l'impossibilité d'obtenir les résultats qui avaient été initialement fixés.

Sur le plan stratégique, l'objectif de l'offensive de la Somme du côté allié consistait à réaliser une brèche au sein des défenses allemandes en Picardie afin de prendre le contrôle des différents nœuds de communication ennemis situés au nord de Saint-Quentin, de libérer le triangle Valenciennes-Maubeuge-Cambrai et d'obliger les Allemands à évacuer cette importante partie du territoire français qu'ils occupaient depuis 1914. Le choix s'est porté sur la Somme car c'est là que se rejoignaient les lignes françaises (situées au Sud du fleuve) et britanniques (au Nord). Préparée dès décembre 1915 par le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, cette offensive conjointe franco-britannique fut au final dans une large mesure confiée aux Anglais du fait de l'engagement important des forces françaises au même moment à Verdun. Cette offensive s'inscrivait dans un plan global élaboré pour attaquer les Allemands et leurs alliés sur tous les fronts au cours de l'été 1916.

L'offensive fut préparée de façon minutieuse, avec des tirs d'artillerie intenses destinés à affaiblir le dispositif défensif adverse. Mais l'attaque lancée le 1er juillet 1916 par les unités britanniques contre les positions allemandes, notamment pour s'emparer de la ligne de crête dominant le plateau picard dans le secteur de Thiepval, fut un échec : bien enterrés, les principaux nids de mitrailleuses ennemis n'avaient pas été détruits par les bombardements, contrairement à ce qui avait été prévu. Les vagues d'assaut de l'infanterie britannique se brisèrent sur les tirs allemands, provoquant des pertes humaines considérables (58 000 soldats mis hors de combat dont 19 000 morts). Au cours des semaines suivantes, de nouvelles offensives permettront toutefois aux armées alliées de s'emparer de la première et de la seconde ligne de tranchées allemandes. Mais le système défensif en profondeur développé du côté allemand s'avéra efficace : si en septembre les troupes britanniques et françaises réussirent lors de différentes attaques à prendre le contrôle de la troisième ligne ennemie (c'est à cette occasion que furent pour la première fois engagés des chars), elles échouèrent en revanche en octobre lors de leur tentative d'assaut contre la quatrième ligne. Alors que les intempéries de l'automne rendaient les offensives plus difficiles et que les Allemands avaient achevé une cinquième et une sixième ligne de défense, le commandement allié finit par renoncer aux opérations au début du mois de novembre 1916.

Cette bataille de la Somme provoqua des pertes humaines sans précédent dans l'histoire de la guerre, évaluées à plus d'un million de morts, blessés et disparus au total en à peine cinq mois (500 000 pour les Britanniques, le même chiffre pour les Allemands, 200 000 du côté français). Il était donc logique que les principaux sites de cette bataille deviennent après la guerre des lieux de mémoire important. La construction du mémorial de Thiepval entre 1928 et 1932, à l'endroit même où les Britanniques se lancèrent à l'assaut des tranchées allemandes le 1er juillet 1916, permettait d'ériger ce lieu en véritable symbole pour les Anglais. Thiepval apparaît ainsi du côté britannique comme l'équivalent de Verdun et du Mémorial de Douaumont pour les Français. Pour les Britanniques et les populations du Commonwealth, la date du 1er juillet 1916 constitue une des principales journées de commémoration de la Première Guerre mondiale.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Les images de ce reportage sont tournées en 1932 par l'opérateur indépendant Joseph Leclerc, alors que le monument principal du mémorial de Thiepval, une grande arche soutenue par 16 piliers où sont recensés les noms des soldats disparus, vient tout juste d'être terminé. La construction du monument a commencé en 1928. Des ouvriers s'affairent encore aux dernières finitions, certainement en vue de l'inauguration du monument, qui eut lieu le 31 juillet 1932. La forme choisie par l'architecte Edwin Luytens, un grand arc de triomphe mesurant 45 mètres de haut, permet au mémorial d'être vu de très loin et de dominer largement les territoires qui l'entourent. Sur le fronton de l'arche centrale est gravée l'inscription : « Aux armées française et britannique, l'empire britannique reconnaissant ». Les symboles utilisés (arc de triomphe, couronnes de lauriers sculptées au dessus des noms...) permettent à la fois de commémorer le sacrifice des soldats mais aussi de rappeler l'importance de la victoire alliée sur l'Allemagne.

Les images, constituées de différents plans fixes, montrent également la tour dite de l'Ulster, une réplique d'une tour située près de Belfast, érigée dès 1921 sur ce site en hommage aux soldats de la 36ème division irlandaise ayant lancé l'offensive contre les tranchées allemandes le 1er juillet 1916, et qui perdirent en quelques heures plus de 5 500 hommes. Le reportage s'attarde sur le cimetière militaire franco-britannique, qui se trouve à l'emplacement même des lignes de front lorsque fut déclenchée l'offensive de la Somme. Les gros plans sur les milliers de noms des soldats figurant sur le mémorial ainsi que l'alignement des croix du cimetière militaire permettent de rappeler l'importance du sacrifice des combattants britanniques sur le sol français lors de la Première Guerre mondiale, plus particulièrement lors de la très meurtrière bataille de la Somme. Différents plans s'attardant sur les paysages qui entourent le mémorial permettent également de montrer combien les traces de la guerre et de sa violence sont toujours très présentes, quatorze ans après la fin du conflit, sur l'un des sites où s'est déroulée l'une des plus grandes batailles, le plateau picard : l'absence de toute végétation, la vue de sols bosselés rappelle notamment l'importance des bombardements qui ont précédé l'offensive britannique ; la présence de tranchées, très nombreuses dans une terre crayeuse, propice au creusement d'abris souterrains, illustre l'important système défensif mis en place par chaque camp dans cette zone, où les armées britanniques et allemandes n'étaient séparées que par quelques centaines de mètres. Les nombreux casques et objets divers jonchant toujours le sol symbolisent la violence des combats qui se sont déroulés et les nombreuses pertes humaines, notamment dans les rangs britanniques, où les offensives se sont heurtées à la puissance de feu des mitrailleuses ennemies et à l'importance du système défensif allemand.

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