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Le rejet de la censure chinoise par Google

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 janv. 2010

Google menace de quitter la Chine en raison des cyberattaques dont elle a été victime. La porte-parole du ministre des Affaires étrangères chinois défend cependant la politique de son pays à l'égard d'Internet. De jeunes Chinois se rendent quant à eux devant le siège social de Google à Pékin pour soutenir le moteur de recherche.



Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
14 janv. 2010
Production :
INA
Page publiée le :
15 mai 2015
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001706

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

En janvier 2010, Google, dont le moteur de recherche sur Internet est le plus utilisé au monde, menace de quitter la Chine et de fermer son site Google.cn. La société californienne attribue en effet à Pékin des cyberattaques répétées contre les comptes de messagerie de militants chinois des droits de l'homme. Google reçoit alors le soutien de l'administration américaine : la secrétaire d'État Hillary Clinton déclare ainsi qu' « un nouveau rideau d'information est en train de descendre sur une grande partie du monde. »

La société fondée par Larry Page et Sergueï Brin décide ensuite en mars 2010 de contourner la censure chinoise en reroutant systématiquement les visiteurs de son site chinois vers le moteur de recherche Google.com.hk. Sur ce dernier, les requêtes ne sont pas soumises à une obligation de filtrage, contrairement à ce qui se passe sur Google.cn. Après des discussions tendues, le géant de l'Internet parvient à trouver un compromis avec les autorités chinoises et le portail Google.cn est restauré en juillet 2010. Quatre ans auparavant, Google avait pourtant accepté de lancer en Chine une version autocensurée de son moteur de recherche. Loin de s'afficher alors en défenseur de la liberté totale d'expression, la firme de Mountain View s'était pliée à la censure de Pékin afin de pouvoir profiter du marché de l'Internet local.

De fait, la Chine a mis en place l'un des contrôles de l'Internet les plus stricts et aboutis au monde. Ainsi, tout moteur de recherche installé dans le pays fait l'objet d'un filtrage imposé par Pékin : les termes relatifs aux droits de l'homme ou aux minorités ethniques (Tibétains, Ouïgours...) sont automatiquement censurés. Ainsi en 2014 toute requête portant sur le mouvement démocratique hongkongais « Occupy Central » ou sur la commémoration du vingt-cinquième anniversaire du massacre de la place Tiananmen, perpétrée en 1989, a été censurée des moteurs de recherche. Baidu, principal moteur de recherche en Chine, respecte par exemple scrupuleusement cette censure.

En outre, certains sites font l'objet de blocage ou de cyberattaques. Soumis également à une étroite surveillance, les blogs et les réseaux sociaux comme le chinois Weibo ou l'américain Twitter sont régulièrement expurgés de contenus jugés « subversifs ». Facebook a notamment été interdit dans le pays à partir de 2009 après que des violences aient éclaté au Xinjang. Par ailleurs, la Chine a également recours à la répression physique : c'est l'État au monde qui emprisonne le plus de cyberdissidents et de militants des droits de l'homme. En 2014, ils étaient ainsi 73 derrière les verrous selon Reporters sans frontières (RSF).

Par-delà Internet, ce sont tous les médias qui font l'objet d'une très forte censure en Chine. Placée à la 176e place dans le classement mondial de la liberté de la presse établi en 2015 par RSF, ne devançant que la Syrie, le Turkménistan, la Corée du Nord et l'Erythrée, la Chine s'efforce d'exercer le contrôle le plus absolu sur l'information. Le gouvernement a notamment édicté en 2014 de nouvelles règles interdisant aux journalistes d' « émettre des critiques non autorisées ». En outre, nombreux sont les journalistes qui sont arrêtés et emprisonnés.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé le 14 janvier 2010 dans le journal télévisé de 20 heures de France 2, ce reportage porte sur les tensions entre Google et la Chine. Alternant les images factuelles et celles d'illustration avec une déclaration officielle et des interviews, il met en scène l'affrontement entre un géant de l'Internet et l'un des Etats autoritaires les plus puissants de la planète.

La première séquence du sujet témoigne de cette volonté de mise en scène d'une lutte entre les deux protagonistes. Elle présente en effet un écran divisé en deux parties selon la technique du split screen : la première est consacrée à Google, la deuxième à la République populaire de Chine. Dans la partie gauche de l'écran défilent ainsi des plans d'une affiche de Google et du logo de la société de Mountain View filmé à son siège social. Dans la partie droite de l'écran apparaissent successivement le drapeau de l'Etat chinois et des soldats défilant. Il s'agit ainsi bien de mettre en avant dès le début du sujet le caractère inédit de la confrontation entre un géant de l'Internet et un régime autoritaire. Le montage oppose du reste délibérément une image d'internautes anonymes - symbole des utilisateurs du moteur de recherche - à des plans de militaires.

Le conflit entre Google et la Chine n'est pas uniquement illustré par des images mais l'est aussi par des paroles. D'une part, la déclaration d'une représentante du ministère des Affaires étrangères chinois incarne la parole officielle du régime. D'autre part, ce n'est pas celle d'un dirigeant de Google qui est intégrée au sujet mais celle de deux Pékinois. Interrogés devant le siège social de Google en Chine où ils sont venus comme d'autres déposer des fleurs et des bougies en signe de deuil et de soutien à la société californienne, ils sont les représentants de l'ensemble des internautes chinois utilisateurs de Google. Leur interview n'est du reste pas sans risques pour eux puisque le gouvernement chinois pourchasse tous les blogueurs et militants des droits de l'homme.

Par ailleurs, c'est une image emblématique visible sur le portail chinois de Google qui a été choisie par les journalistes de France 2 pour illustrer le point nodal du conflit entre le géant de l'Internet et les autorités chinoises, à savoir la liberté d'expression. Il s'agit de la photographie de « l'homme de Tiananmen », prise en juin 1989 par Jeff Widener, de l'Associated Press, lors de la répression de la révolution étudiante sur la place Tiananmen à Pékin : elle montre un homme qui tente d'empêcher la progression d'une colonne de chars de l'armée chinoise. Le gouvernement chinois n'a cessé depuis 1989 de censurer toute information, image ou vidéo du massacre de Tiananmen, à commencer par la photographie de Jeff Widener, devenue une icône de la lutte pour la démocratie et le refus de la violence face à la répression armée. Il ne peut ainsi tolérer qu'elle puisse être visible sur le portail chinois de Google.

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