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Le Verfügbar aux enfers, une opérette de Germaine Tillion

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 26 avr. 2010

Préparatifs de la représentation donnée à Ravensbrück, en Allemagne, de l'opérette composée en captivité par la résistante Germaine Tillion. Un spectacle préparé au cœur de Paris, au théâtre du Châtelet avec les élèves du lycée La Fontaine.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
26 avr. 2010
Production :
INA
Page publiée le :
10 sept. 2015
Modifiée le :
04 oct. 2023
Référence :
00000001728

Contexte historique

Par Anne Doustaly

Germaine Tillion (1907-2008) est une jeune ethnologue spécialiste de l'Algérie lorsque débute la Seconde Guerre mondiale. Après la capitulation de 1940, elle refuse la politique du régime de Vichy, elle qui a vu monter l'idéologie nazie alors qu'elle se trouvait en Allemagne en janvier 1933. Avec l'aide de sa mère, elle cherche immédiatement à agir, organise des évasions de prisonniers et des distributions de tracts qui dénoncent Vichy. Elle se lie avec de nombreux groupes de résistants et le réseau du Musée de l'Homme. Elle est arrêtée en août 1942 alors qu'elle organisait l'évasion d'un camarade et un transfert de microfilms. Ignorant que sa mère a été arrêtée elle aussi, elle est déportée à Ravensbrück sous le statut Nacht und Nebel. Au camp, elle entreprend d'étudier le fonctionnement concentrationnaire avec l'aide d'autres détenues et leur présente ses analyses sur ce système criminel et économique, convaincue que sa compréhension les aidera toutes à y survivre. Elle rapportera qu'elle a survécu alors grâce à ses « sœurs de résistance » et à la « coalition de l'amitié ». Sa mère, Émilie, meurt en déportation.

En avril 1945, Germaine Tillion est libérée par un convoi suédois de la Croix-Rouge, emportant avec elle des documents qui ont échappé aux fouilles : photos de victimes d'expériences pseudo-médicales au camp, documentation personnelle et sa pièce de théâtre Le Verfügbar aux enfers. Écrite clandestinement à Ravensbrück au cours de l'hiver 1944-1945, la pièce est un travail commun élaboré avec les prisonnières du camp de Ravensbrück et dont Germaine Tillion est le maître d'œuvre. Cachée dans une caisse pendant plusieurs jours, elle écrit avec l'aide de ses complices qui lui fournissent papier, crayon et leurs propres souvenirs pour les airs des chansons. Elle mêle à des textes relatant avec humour les dures conditions de détention, des airs tirés du répertoire lyrique ou populaire.

Éclairage média

Par Anne Doustaly

L'œuvre musicale plonge le spectateur de manière inattendue dans l'univers joyeux d'une opérette pleine d'humour noir. Il ne s'agit pas d'une fiction : le ton est léger, mais la réalité est crue, violente. À la déshumanisation programmée par leurs bourreaux, ces femmes avaient choisi de répondre par le rire. Un rire tellement irrévérencieux envers leur propre tragédie que, longtemps, Germaine Tillion a refusé la publication du Verfügbar aux enfers, de crainte que personne ne comprenne cet humour. Adjectif signifiant en allemand « disponible », verfügbar devient en langage de camp un nom commun, désignant quelqu'un non affecté à un Kommando de travail et disponible pour les pires corvées. Le titre est aussi inspiré d'Orphée aux enfers, l'opéra-bouffe de Jacques Offenbach, lui-même parodie d'Orphée et Eurydice de Gluck. Germaine Tillion, qui n'a pas composé la musique, n'hésite pas à détourner des airs célèbres (chansons scoutes ou grivoises, Habanera de Carmen, Danse macabre de Saint-Saëns...).

L'œuvre a été créée mondialement au théâtre du Châtelet (Paris) les 2 et 3 juin 2007 pour célébrer le centenaire de Germaine Tillion, qui était alors encore en vie. Elle a ensuite été présentée le 17 avril 2010 dans l'enceinte du camp de concentration de Ravensbrück pour marquer le 65e anniversaire de la libération. Ce reportage, signé Martine Laroche-Joubert, diffusé dans le journal de 13 heures de France 2, est le premier d'une série de cinq relatant les préparatifs et cette représentation elle-même. Dans ce premier « épisode », des résistantes et amies de déportation de Germaine Tillion assistent aux répétitions et échangent avec les chanteurs (Anise Postel-Vinay), se souviennent et témoignent de leurs épreuves (Annette Chalut, Jacqueline Fleury). Elles disent le caractère décalé, burlesque de cette opérette écrite en hiver 1944-1945, alors que « le moral était en baisse, en chute libre ».

Bibliographie

- Germaine Tillion, Une opérette à Ravensbrück, Points, 2007

- voir également le document Une figure de l'engagement au XXe siècle : Germaine Tillion.

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