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Hausse des actes antimusulmans après les attentats de janvier 2015

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 13 janv. 2015

Une vingtaine d’actes antimusulmans ont été recensés par l’Observatoire national contre l’islamophobie dans les jours qui ont suivi les attentats de janvier 2015. À Bitche, Thouars, Corte, Saint-Juéry et Aix-les-Bains, des lieux de prière musulmans ont été vandalisés.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
13 janv. 2015
Production :
INA
Page publiée le :
29 juil. 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001778

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

L’islamophobie désigne selon le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations dirigé par Esther Benbassa, « une série de phénomènes d’appréhension, de haine, de mépris, voire d’hostilité affichée à l’égard de l’islam, et d’une manière plus générale, des musulmans » (Larousse, 2010). Aux yeux du Collectif contre l’islamophobie en France, elle recouvre « l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam ». Cette notion est cependant très controversée : elle est souvent jugée « illégitime, voire dangereuse » par « la majorité des leaders d’opinion » (Dictionnaire des racismes…, p. 419). La sociologue des religions Leïla Babès estime ainsi que les discriminations et actes racistes contre les musulmans « ne se distinguent pas du racisme anti-immigrés et de l’araphobie » (Dictionnaire historique et critique du racisme dirigé par Pierre-André Taguieff, PUF, 2013).

Les actes antimusulmans en France sont de toute façon en hausse depuis les attentats commis aux États-Unis le 11 septembre 2001. Le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette a par exemple subi trois profanations en 2007 et 2008 (voir le document sur la profanation du carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette). Les actes antimusulmans en France ont surtout connu une flambée après les deux vagues d’attentats perpétrés par des terroristes djihadistes en janvier et novembre 2015. Faisant l’amalgame entre islamisme et islam, les auteurs de ces actes s’en sont pris aux musulmans, ou à leurs institutions après chaque attentat Selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), autorité administrative indépendante, les actes antimusulmans ont ainsi triplé en 2015 : 429 ont été recensés en 2015 contre 133 en 2014. L’augmentation est très significative même s’ils demeurent encore nettement inférieurs aux actes antisémites (851 ont été perpétrés en France en 2014 et 808 en 2015 toujours selon la CNCDH). De nombreux actes antimusulmans ont été commis immédiatement après les attentats : plus de 58 % ont eu lieu en janvier 2015 après les tueries de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher (voir le document sur l'hommage aux victimes de la prise d’otages du magasin Hyper Cacher), et en novembre 2015 après celles du Bataclan, du Stade de France et des terrasses de cafés parisiens. 128 actes antimusulmans ont été recensés par l’Observatoire National contre l’islamophobie rien que pour le mois de janvier 2015, après l’attentat contre Charlie Hebdo, soit presque autant que pour toute l’année 2014. De son côté, le Collectif contre l’islamophobie en France estime dans son rapport annuel qu’en 2015 ce sont 905 « actes islamophobes » qui ont été commis, soit une hausse de 18,5 % par rapport à 2014.

Ces différents actes racistes prennent la forme de menaces, d’injures, d’agressions physiques mais également de violences contre des institutions et édifices musulmans (inscriptions racistes, vandalisme, incendies de mosquées). Plusieurs lieux de prière ont ainsi été attaqués en 2015 et 2016, comme à Ajaccio où une salle de prière a été incendiée le 30 avril 2016.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans le journal télévisé de vingt heures de France 2 le 13 janvier 2015, ce sujet traite des agressions commises contre la communauté musulmane en France à la suite des attentats commis une semaine auparavant. De fait, après les attaques contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 et le supermarché Hyper Cacher le 9 janvier 2015, les actes antimusulmans ont connu une brutale augmentation. La rédaction de France 2 a souhaité témoigner de cette hausse en présentant plusieurs cas concrets d’agressions enregistrées dans les jours précédents.

Le sujet prend la forme d’un montage d’images factuelles tournées par plusieurs bureaux régionaux de France 2 dans des lieux où ont été commis des actes antimusulmans. Sur la vingtaine d’actes perpétrés depuis le 7 janvier 2015 illustrées par une carte de France, cinq ont été sélectionnés dans le reportage de France 2 : ils ont été commis à Bitche (Moselle), Thouars (Deux-Sèvres), Corte (Haute-Corse), Saint-Juéry (Tarn) et Aix-les-Bains (Savoie). Les plans qui constituent le sujet montrent les différentes traces des actes antimusulmans visibles sur les lieux de prière vandalisés : inscriptions racistes, insultes, croix gammées, tête de mort, références à l’attentat contre Charlie Hebdo (« Charlie ») ou au Front national (« FN »), tête de sanglier, impacts de balle sur la vitre d’une mosquée, salle de prière incendiée.

Aux images factuelles s’ajoutent des interviews. Elles permettent d’entendre quelques réactions aux actes antimusulmans. Tous les interviewés, qu’il s’agisse du président de l’association d’Harkis de Bitche, du maire de cette commune mosellane ou d’un musulman d’Aix-les-Bains, expriment leur incompréhension devant de tels actes.

Par ailleurs, l’Observatoire National contre l’islamophobie, émanation du Conseil français du culte musulman fondé en 2011, occupe une place particulière dans le sujet. Son président, Abdallah Zekri, est ainsi interrogé à la fin du sujet. Les chiffres des actes antimusulmans recensés par cet organisme sont également repris dans le lancement plateau du présentateur du journal télévisé David Pujadas, puis sur une carte dans le cours même du sujet. Pourtant, aucune explication précise sur le statut et le fonctionnement de l’Observatoire National contre l’islamophobie n’est donnée aux téléspectateurs.

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