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Inauguration du monument aux morts du Mont Valérien en 2003

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 sept. 2003

Sous l’Occupation, le fort du Mont Valérien a été le théâtre de nombreuses exécutions par les Allemands. En 1960, le général de Gaulle avait fait de ce site un mémorial de la France combattante. En 2003, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin, accompagné de Robert Badinter, inaugure un monument aux morts en forme de cloche sur lequel figure le nom des 1006 résistants et otages fusillés par les Allemands entre 1941 et 1944.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 sept. 2003
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2018
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001902

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Le mont Valérien constitue l’un des sites les plus emblématiques de la répression allemande en France. De janvier 1941 à juin 1944, la clairière du fort du mont Valérien est le principal lieu d’exécution utilisé par les troupes d’occupation. C’est ici qu’ont été fusillés les résistants condamnés à mort par la justice militaire allemande. Ce fut le cas notamment le 29 août 1941 du lieutenant Honoré d’Estienne d’Orves et de ses compagnons du réseau Nemrod (Maurice Barlier, Yann Doornick) ; le 23 février 1942 du linguiste Boris Vildé et de six de ses camarades du Musée de l’Homme ; le 21 février 1944 de Missak Manouchian et de vingt et un membres du groupe dit de « l’affiche rouge ».

A la suite de l’ordonnance des otages du 24 août 1941, des exécutions collectives d’otages, le plus souvent choisis parmi des communistes ou des juifs internés, ont également eu lieu au mont Valérien, dans le cadre de la stratégie de représailles allemande destinée à répondre aux attentats perpétrés contre les troupes d’occupation. 70 otages sont ainsi fusillés dans la clairière du mont Valérien le 15 décembre 1941 (parmi lesquels se trouvait le communiste Gabriel Péri), 88 le 11 août 1942, 118 le 10 septembre 1942.

Au total, un peu plus d’un millier de résistants ou d’otages ont ainsi été fusillés au Mont Valérien sous l’occupation allemande. Les chiffres officiels sont de 1006 fusillés, dont 972 morts pour la France.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Dès la Libération, le site du mont Valérien se trouve au centre d’une importante bataille de mémoire entre les différentes composantes de la Résistance. Le parti communiste, qui revendique le plus grand nombre de fusillés, souhaite faire de la clairière la principale « station » d’un « chemin de croix » commémoratif reliant différents sites de fusillades. En intégrant les fusillés au sein de la cohorte des morts pour la France, le général de Gaulle ambitionne de son côté de transformer la clairière en haut lieu de la mémoire de l’héroïsme national. La communauté juive enfin souhaite rendre hommage à ses propres fusillés à travers la création d’une cérémonie annuelle.

Sous la Quatrième République, des cérémonies séparées ont ainsi lieu chaque année, chacune porteuse d’une mémoire différente. De retour au pouvoir en 1958, le général de Gaulle lance la création d’un site mémoriel, qui est inauguré en 1960, à l’occasion du 20ème anniversaire de l’appel du 18 juin.  La matérialisation du parcours entre la clairière et le mémorial (plusieurs sculptures de Croix de Lorraine) et les différentes inscriptions (célébrant notamment l’appel du 18 juin) inscrivent clairement ce mémorial dans la réactivation d’une mémoire gaullienne de la résistance, qui sera à l’œuvre tout au long de la présidence du Général de Gaulle.

L’inauguration en 2003 au dessus de la clairière d’un monument en forme de cloche sur lequel figure le nom de l’ensemble des personnes exécutées au mont Valérien clôture ainsi plus d’un demi-siècle de bataille mémorielle entre communistes, gaullistes et représentants de la communauté juive. Toutes les personnes fusillées, quelles que soient les raisons pour lesquelles elles ont été exécutées (résistants condamnés ou otages) figurent désormais sur un même monument. En réunissant des personnalités appartenant à toutes les tendances politiques, la cérémonie d’inauguration du monument illustre une mémoire désormais apaisée autour du site du mont Valérien.

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