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La chute de Raqqa, fief syrien de l’État islamique

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 oct. 2017

Le 17 octobre 2017, après quatre mois de combats acharnés, l’alliance des forces arabes et kurdes parvient à prendre Raqqa, fief de l’État islamique en Syrie. La ville est en très grande partie détruite. Certains djihadistes ont négocié leur reddition et sont évacués en bus. D’autres sont faits prisonniers.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 oct. 2017
Production :
INA
Page publiée le :
29 août 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001925

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

De 2013 à 2017, Raqqa (ou Rakka) a été sous l’emprise totale de l’organisation État islamique (Daech) qui en a fait sa capitale en Syrie.

C’est en 2013 que les djihadistes ont pris le contrôle de cette ville située sur l’Euphrate, au nord-est de la Syrie. Dans un premier temps, le 2 mars 2013, Raqqa avait été libérée du régime de Bachar Al Assad par l’Armée syrienne libre, coalition de groupes rebelles formée dès 2011, au début de la guerre civile syrienne (voir La fuite des civils d'Alep), et par le Front de libération de Raqqa, créé en décembre 2012. Puis, alors que ses partisans n’étaient arrivés dans la ville qu’en mai 2013, l’État islamique est parvenu à s’infiltrer à Raqqa au point d’écarter progressivement tous les autres groupes rebelles et d’en prendre entièrement le contrôle en septembre 2013. En 2014, Raqqa est promue capitale syrienne de l’État islamique (EI), après celle de Mossoul pour l’Irak et la proclamation d’un califat dirigé par Abou Bakr Al-Bahgdadi.

Raqqa attire dès lors des milliers de volontaires djihadistes étrangers qui s’y installent. Un régime dictatorial appuyé sur la terreur y est exercé. La population fait l’objet d’une surveillance très étroite et se voit imposer une loi islamiste très stricte interprétée par l’EI : le port du niqab est imposé aux femmes, de même que celui de la barbe et de la djellaba aux hommes ; la musique et le tabac sont interdits. Les contrevenants sont durement punis, s’exposant à être fouettés en place publique. Les espions sont traqués et les opposants exécutés. C’est aussi à Raqqa, ou dans ses environs, qu’est décapité le 19 août 2014 le journaliste américain James Foley (voir Les journalistes dans la guerre en Syrie), dont l’exécution filmée émeut considérablement l’opinion mondiale. C’est également dans cette ville que sont préparés la plupart des attentats commis en Europe. Ceux perpétrés à Paris le 13 novembre 2015 sont ainsi planifiés à Raqqa par le djihadiste belge Abdelhamid Abaaoud (voir Les attentats de Paris du 13 novembre 2015). En représailles l’aviation française bombarde d’ailleurs Raqqa les 15 et 17 novembre 2015.

Après avoir déjà essuyé une série de revers et perdu de nombreuses villes, dont l’enclave de Kobané en 2015 face aux combattants kurdes, l’EI est également attaquée à Raqqa à partir de 2016. En novembre 2016, les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les Unités de protection du peuple kurde (YPG) lancent une offensive, baptisée « Colère de l’Euphrate » : elle vise d’abord à conquérir les territoires autour de Raqqa afin d’isoler la ville. Cette alliance arabo-kurde reçoit l’appui de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis contre l’EI depuis septembre 2014 qui procède à de nombreux bombardements de Raqqa.

Le 6 juin 2017, les combattants arabes et kurdes entrent dans Raqqa. Leur progression dans la ville s’avère très lente en raison de la résistance acharnée des djihadistes qui recourent à la guérilla urbaine, notamment aux tireurs isolés et aux voitures piégées. Les forces kurdo-arabes s’emparent totalement de Raqqa le 17 octobre suivant après quatre mois de combats très durs. La bataille a fait 3 200 morts, dont un tiers de civils. Et selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés 270 000 habitants originaires de Raqqa ont dû quitter une ville presque entièrement détruite.

Après avoir déjà perdu sa capitale irakienne, Mossoul, le 9 juillet 2017, l’EI perd donc sa capitale syrienne. La chute de Raqqa constitue un très sérieux revers pour l’organisation djihadiste, marquant la fin de sa domination régionale sur de larges territoires au Moyen-Orient. L’EI perd ensuite ses derniers territoires en Irak en décembre 2017 et en Syrie en mars 2019, avec la chute du village de Baghouz.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce reportage consacré à la chute de Raqqa, la capitale de l’État islamique (Daech) en Syrie, fait l’ouverture du journal télévisé de vingt heures de France 2 le 17 octobre 2017. La prise du fief syrien de l’État islamique par les forces arabes et kurdes, qui a eu lieu le jour même, constitue en effet un événement de première importance. Elle symbolise en effet le déclin de l’organisation djihadiste qui avait fait régner la terreur sur un territoire très étendu en Irak et en Syrie et organisé de nombreuses attaques terroristes en Europe. Pour les Français, le nom de Raqqa résonne particulièrement. C’est la ville vers laquelle ont afflué des centaines de djihadistes français volontaires pour combattre dans les rangs de l’État islamique. C’est également « la ville des exécutions en place publique » et de « la loi islamiste appliquée dans toute sa violence », comme l’indique la présentatrice du journal télévisé de France 2 Anne-Sophie Lapix dans son lancement plateau. C’est enfin la ville dans laquelle ont été planifiés les attentats qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015 (voir Les attentats de Paris du 13 novembre 2015). Le journaliste Franck Genauzeau y fait une allusion implicite dans son commentaire, évoquant Raqqa comme « le centre névralgique de nombreux attentats commis en Europe ».

Le choix de la rédaction de France 2 d’ouvrir son journal de vingt heures du 17 octobre 2017 par un reportage sur la perte de Raqqa par l’État islamique apparaît par conséquent tout à fait cohérent. Les journaux d’information des chaînes de télévision françaises avaient déjà consacré plusieurs sujets à la bataille de Raqqa débutée en juin 2017 entre les forces arabo-kurdes et celles de l’État islamique. Ainsi, en juin 2017, 23 sujets avaient traité des premiers combats pour la prise de la ville (voir Ina STAT n° 47, septembre 2017).

Ce reportage a été réalisé par Franck Genauzeau, grand reporter et chef du bureau de France 2 au Proche-Orient, installé à Jérusalem, qui couvre notamment la guerre civile en Syrie et les combats contre Daech depuis 2015. Il est constitué d’un commentaire sur images factuelles, d’illustrations, d’archives et d’interviews. Le sujet met d’abord en valeur la victoire des combattants kurdes et arabes sur l’État islamique, paradant sur le rond-point Al-Naïm, lieu emblématique de la domination sanglante des djihadistes sur Raqqa. Cette place était un lieu de mise en scène pour l’État islamique : une mise en scène de ses succès militaires, comme le montrent les images d’archives datant de 2014 précisément indiquées comme étant « de propagande », mais également de ses atrocités. Le rond point Al-Naïm était en effet l’un des principaux théâtres des exécutions publiques commises par les djihadistes.

Le reportage permet également de comprendre l’extrême violence des combats et l’intensité des bombardements qui ont conduit à la prise de Raqqa. Des images aériennes filmées par un drone et d’autres depuis un véhicule révèlent l’ampleur des dégâts : la ville ne semble plus être qu’un vaste champ de ruines. Enfin, le sujet de France 2 s’intéresse au sort des djihadistes après leur défaite. Des images amateurs prises par un combattant de la coalition arabo-kurde montrent l’évacuation de certains en bus après qu’ils aient négocié leur reddition. La plupart des djihadistes, qui se sont rendus « sous l’œil des caméras », sont cependant retenus prisonniers.

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