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L'annonce de la démission de Nicolas Hulot

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 août 2018

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire dans le gouvernement d’Édouard Philippe, annonce sa démission en direct sur France Inter le 28 août 2018, sans avoir prévenu personne auparavant. La journaliste Léa Salamé revient sur cette annonce surprise.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
28 août 2018
Production :
INA
Page publiée le :
29 août 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001949

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Nicolas Hulot, l’ancien présentateur vedette de l’émission « Ushuaïa », est nommé ministre de la Transition écologique et solidaire dans le gouvernement d’Édouard Philippe le 17 mai 2017 (voir La nomination du premier gouvernement d’Édouard Philippe). Cette figure de l’écologie politique, l’une des personnalités préférées des Français, accepte en effet la proposition du président de la République Emmanuel Macron d’exercer des responsabilités ministérielles.

Nicolas Hulot avait déjà joué un rôle politique important : il avait notamment inspiré le discours prononcé par Jacques Chirac en 2002 au Sommet de la Terre de Johannesburg, écrit le pacte écologique signé en 2007 par les principaux candidats à l’élection présidentielle et conseillé François Hollande lors de la COP21 de Paris en 2015. Il s’était lui-même porté en vain candidat à la primaire présidentielle écologiste en 2011, battu par Eva Joly.

Jusqu’en mai 2017, il avait décliné le portefeuille de ministre de l’Écologie que lui avaient proposé tour à tour les chefs de l’État Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Aussi sa nomination dans le gouvernement d’Édouard Philippe constituait-t-elle une véritable prise de guerre pour Emmanuel Macron.

Nicolas Hulot ne parvient toutefois à pas imposer la plupart de ses vues au sein du gouvernement. Il est par exemple écarté de la tenue et du suivi des États généraux de l’alimentation, à l’automne 2017. Il doit également annoncer en novembre 2017 l’abandon de l’échéance de 2025 pour la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France.

Après plusieurs mois de tergiversations, Nicolas Hulot, interrogé en direct dans la matinale de France Inter le 28 août 2018, annonce sa décision de démissionner du Gouvernement : « Je ne veux plus me mentir », avoue-t-il, estimant que l’environnement ne constitue pas une priorité du gouvernement Philippe et d’Emmanuel Macron. « Est-ce que les petits pas suffisent à endiguer, inverser et même à s’adapter, parce que nous avons basculé dans la tragédie climatique ? Et bien la réponse est non », déclare-t-il également au micro des journalistes Léa Salamé et Nicolas Demorand. Et d’égrener les nombreux reculs dans la plupart des dossiers environnementaux qu’il a connus au cours de son année passée au ministère de la Transition écologique : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, celle de l’utilisation des pesticides, l’enrayement de l’érosion de la biodiversité ou la diminution de la part du nucléaire.

L’ancien ministre justifie également sa démission par le poids exercé par les lobbys sur les décisions publiques et leur « présence dans les cercles du pouvoir » jusqu’au sommet de l’État. Il fait notamment référence à la pression exercée la veille sur Emmanuel Macron par le président de la Fédération nationale des chasseurs pour diviser par deux le prix du permis de chasse. C’est cet arbitrage rendu en faveur d’un lobbyiste, initialement non invité à une réunion, qui a précipité la démission de Nicolas Hulot. Ce dernier explique enfin son départ du gouvernement par le grand écart existant entre les déclarations du président de la République à propos de l’environnement, telles que celles faites en juin 2017 lors de l’annonce du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat (voir Donald Trump retire les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat), et les arbitrages finalement rendus.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé en ouverture du journal télévisé de vingt heures de France 2 le 28 août 2018, ce sujet est consacré à la démission surprise de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire. Il se compose principalement d’extraits de son interview réalisée le matin même en direct sur France Inter.

La matinale de France Inter est en effet filmée, comme toutes celles des autres radios. Des caméras sont installées depuis les années 2010 dans les studios des radios. La radio filmée permet de fournir aux chaînes de télévision et aux sites internet d’information une vidéo des principales interviews, ainsi qu’un direct vidéo des émissions. Dans le cas présent, cette séquence filmée permet de constater la gravité et l’émotion de Nicolas Hulot au moment d’annoncer puis de justifier sa démission du Gouvernement.

Le sujet de France 2 insiste sur la grande surprise que constitue cette annonce. Comme le précise la présentatrice du journal télévisé de France 2 Anne-Sophie Lapix dans son lancement plateau, Nicolas Hulot « n’a prévenu personne, ni ses proches, ni sa femme, ni même le Président. » Il a ainsi annoncé sa démission à chaud, en direct sur France Inter, lors d’une interview qui était prévue pour marquer la rentrée politique et non pour signifier son départ du Gouvernement. Les deux journalistes qui l’interrogent, Nicolas Demorand et Léa Salamé, ne cachent d’ailleurs pas leur stupéfaction lorsque Nicolas Hulot annonce sa démission. Léa Salamé, jetant un coup d’œil vers son collègue, laisse même échapper un « vous êtes sérieux ? ». Dans une interview improvisée juste après l’émission et postée sur le compte Twitter de France Inter, dont une partie est reprise dans le sujet de France 2, la journaliste témoigne d’ailleurs de la grande surprise qu’a constituée l’annonce de Nicolas Hulot. Elle parle ainsi du « moment de radio le plus fort » qu’elle a vécu, car « ce n’était pas verrouillé ». De fait, la forme choisie par Nicolas Hulot pour annoncer sa démission, sans en informer le chef de l’État ou le Premier ministre, en direct dans une émission de radio, constitue un cas sans précédent sous la Ve République.

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