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Allocution d’Emmanuel Macron en réponse à la colère des « gilets jaunes »

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 déc. 2018

Dans une allocution télévisée, le 10 décembre 2018, Emmanuel Macron réagit à la colère des « gilets jaunes » en annonçant l’augmentation de 100 euros par mois pour les salariés payés au Smic ou la défiscalisation des heures supplémentaires. À Roppenheim, Lille et Dijon, des « gilets jaunes », qui ont regardé son intervention, ne sont pas du tout convaincus par ces annonces.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
10 déc. 2018
Production :
INA
Page publiée le :
29 août 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001961

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le mouvement des « gilets jaunes », qui a débuté le 17 novembre 2018 par une première journée de mobilisation nationale (voir La première journée de mobilisation des « gilets jaunes » et Les « gilets jaunes » : qui sont-ils ?), a pris au fil des semaines une tournure de plus en plus globale. Mobilisés initialement contre la hausse du prix des carburants, les « gilets jaunes » ont rapidement étendu leurs revendications à la lutte contre l’injustice du système fiscal, les inégalités sociales, et l’absence de démocratie participative. La plupart ont également fait du président de la République Emmanuel Macron leur principale cible, appelant à sa démission. En outre, le mouvement s’est progressivement radicalisé au point d’être régulièrement entaché par la violence. Le troisième samedi de mobilisation, le 1er décembre 2018, a ainsi donné lieu à un déchaînement de violence (voir Journée de violences à Paris lors de « l’acte III » des « gilets jaunes ») : à Paris l’Arc de triomphe a été saccagé et les quartiers entourant les Champs-Élysées dévastés, tandis que la préfecture de la Haute-Loire, au Puy-en-Velay, a été incendiée. La tension ne cesse de monter, quelque 136 000 « gilets jaunes » se réunissant encore dans toute la France le samedi 8 décembre 2018 lors d’un « acte IV » de nouveau marqué par plusieurs incidents violents.

Emmanuel Macron décide alors de répondre à ce vaste mouvement de colère par une allocution prononcée depuis le palais de l’Élysée le lundi 10 décembre 2018 à vingt heures. Estimant que rien ne serait plus pareil après un tel mouvement - « Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies » -, le président de la République reconnaît d’abord la profondeur de « la colère » traversant le pays : « Ce sont quarante années de malaise qui ressurgissent. Cela vient de très loin, mais c’est là, maintenant. » Il admet aussi ses propres erreurs : « Je sais qu’il m’est arrivé de blesser certains d’entre vous par mes propos », reconnaît-t-il, faisant référence à des phrases qui avaient choqué comme le « je traverse la rue et je vous en trouve [du travail] », adressé à un jeune chômeur, ou « le pognon de dingue » visant les dépenses sociales.

S’il exclut tout recul sur l’impôt de solidarité sur la fortune, en dépit de nombreux appels des « gilets jaunes » à le rétablir, Emmanuel Macron annonce plusieurs mesures lors de son allocution afin de répondre à leurs revendications et d’augmenter leur pouvoir d’achat. Il promet ainsi une augmentation du salaire des travailleurs payés au Smic de 100 euros par mois dès 2019, de même que le versement des heures supplémentaires « sans impôts ni charges ». Emmanuel Macron annonce également l’annulation, à compter du 1er janvier 2019, de la hausse de la CSG (Contribution sociale généralisée) pour les retraités dont le revenu fiscal est inférieur à 2 000 euros, jugeant que « l’effort qui leur a été demandé était trop important et il n’était pas juste ». Enfin, le président de la République demande aux employeurs de verser une prime exceptionnelle de fin d’année à leurs salariés sur laquelle ils n’auront à acquitter « ni impôts ni charges ». Le coût de ces différentes mesures est estimé entre 8 et 10 milliards d’euros.

Ces annonces peinent cependant à satisfaire la grande majorité des « gilets jaunes ». De fait, si le mouvement voit dans les semaines suivantes le nombre de ses participants diminuer, il ne s’éteint pas. Même si peu à peu les ronds-points sont évacués par les forces de l’ordre et que la mobilisation se fait chaque samedi de moins en moins importante, des manifestations, régulièrement ponctuées de violences, continuent d’être organisées durant plusieurs mois.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Le 10 décembre 2018, le Soir 3 de France 3 traite dès son ouverture de l’allocution télévisée du président de la République Emmanuel Macron, prononcée plus de deux heures auparavant. Cette déclaration de treize minutes, diffusée à 20 heures, et enregistrée un peu plus tôt dans le salon doré du palais de l’Élysée, a été retransmise sur les principales chaînes de télévision et radios. Suivie par plus de 23 millions de téléspectateurs, dont 9,7 millions sur TF1 et 8,3 millions sur France 2, elle a obtenu la meilleure audience cumulée de l’année 2018, se plaçant même devant la finale de la Coupe du monde de football entre la France et la Croatie, vue par 19,4 millions de téléspectateurs. Cette audience historique pour une allocution présidentielle témoigne de la très grande attente des Français d’une réponse d’Emmanuel Macron à la colère des « gilets jaunes », après un mois de blocages et quatre samedis de mobilisation.

Le Soir 3 de France 3 s’ouvre d’abord par un long lancement plateau : le présentateur Francis Letellier passe rapidement en revue les mesures annoncées par Emmanuel Macron sur fond d’images de « gilets jaunes » regardant le discours sur des écrans ou des téléphones depuis les ronds-points qu’ils occupent.

Un premier sujet est ensuite consacré à l’allocution elle-même. Très didactique, il cherche non seulement à présenter les annonces présidentielles, mais aussi à les expliquer. Ne se constituant pas uniquement d’extraits du discours d’Emmanuel Macron, il propose également un éclairage par le journaliste de France 3, des images d’illustration ainsi que des infographies qui mettent en évidence les quatre principales mesures annoncées. Il insère aussi une réaction de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, interrogée avec d’autres invités sur le plateau du journal télévisé de vingt heures de France 2 juste après la diffusion de l’allocution présidentielle.

Un deuxième sujet présente les réactions des principaux intéressés, les « gilets jaunes », au discours d’Emmanuel Macron. Pour ce faire, trois équipes de France 3 ont suivi des « gilets jaunes » occupant des ronds-points à Roppenheim (Bas-Rhin), à Lille et à Dijon. Elles les ont filmés écoutant l’allocution du chef de l’État, rassemblés autour d’un écran géant, d’une tablette, ou dans un bar. Plusieurs d’entre eux livrent ensuite leurs sentiments face aux annonces présidentielles : tous expriment leur insatisfaction. Le rejet d’Emmanuel Macron apparaît même particulièrement vif chez les « gilets jaunes » dijonnais interrogés : « il est minable » dit l’une d’entre elles, « il sait pas ce qu’il attend » menace une autre. Ces déclarations reflètent bien la détestation dont fait l’objet Emmanuel Macron chez la plupart des « gilets jaunes ».

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