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Le général de Gaulle salue le ralliement du Tchad à la France libre

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 août 1940 | Date d'évènement : 27 août 1940

Dans un discours radiophonique prononcé le 27 août 1940, de Gaulle se félicite de la décision courageuse du gouverneur Félix Eboué et du commandant militaire Robert Marchand qui ont fait le choix de rallier le Tchad à la France libre. Il s’agit de la première colonie d’importance à le faire, ce qui dote la France libre d’une base territoriale.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
27 août 1940
Date de diffusion du média :
27 août 1940
Production :
INA
Page publiée le :
29 oct. 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000003432

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Situé en Afrique équatoriale française (AEF), le Tchad est la première colonie de grande superficie (les petites Nouvelles-Hébrides l’ayant précédé) à rejoindre la France libre. Ce ralliement doit beaucoup au gouverneur Félix Eboué, nommé au Tchad en janvier 1939. Il est le premier haut fonctionnaire de couleur à occuper ce poste, le plus élevé de la hiérarchie coloniale. Ayant entendu l’appel du 18 juin, il fait connaître fin juin au général de Gaulle, qui tente de susciter le ralliement des principaux gouverneurs de l’Empire, son intention de continuer la lutte. Alors que la plupart des proconsuls qui ont été sollicités (le résident général au Maroc, Noguès, le résident général en Tunisie Peyrouton, le haut-commandant de l’Afrique française Boisson) rejettent les avances de de Gaulle, Eboué lui confirme par un message télégraphique le 16 juillet 1940 son intention de se rallier à lui.

Pour tenter de maintenir la colonie dans le giron de Vichy, Pierre Boisson et le général Eugène Husson se rendent au Tchad le 20 juillet. De Gaulle décide en retour d’envoyer à Fort-Lamy René Pleven et le commandant Jean Colonna d’Istria pour soutenir Eboué dans sa démarche de rallier la France libre. Les Britanniques ont également fait savoir qu’ils soutiendraient le gouverneur du Tchad en échange de la libre utilisation du fleuve Bénoué et de l’aérodrome de Fort Lamy. Le 25 août, le lieutenant-colonel Marchand, commandant militaire du Tchad, informe Eboué qu’il se range du côté de la dissidence, apportant ainsi au gouverneur le soutien des militaires. Le 26 août 1940, Eboué et Marchand proclament officiellement l’allégeance de la colonie à la France libre. Les militaires et administrateurs restés fidèles à Vichy sont dirigés vers Zinder puis Dakar.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le discours prononcé sur les ondes de la BBC par de Gaulle le 27 août 1940 pour se féliciter du ralliement du Tchad permet de bien souligner l’importance pour la France libre de la décision prise par le gouverneur Eboué et le lieutenant-colonel Marchand.

Multipliant les appels fin juin à destination de l’Empire, de Gaulle espérait que la plupart des colonies se rallient à lui pour continuer la lutte. Mais la fidélité à l’égard de Vichy et du maréchal Pétain l’emportent chez tous les chefs de l’Empire, bien que certains aient pu dans un premier temps donner l’impression qu’ils étaient prêts à continuer la lutte. Cet échec fragilise considérablement la légitimité de De Gaulle auprès des Britanniques et prive de la France libre d’une base territoriale indispensable pour qu’elle puisse se développer et jouer un rôle dans la poursuite de la guerre aux côtés des Alliés.

Un tel contexte explique l’importance du symbole que représente le ralliement du Tchad le 26 août, qui permet de rompre toute une série d’échecs et de donner à la France libre son premier territoire d’importance. Le discours prononcé par de Gaulle illustre bien comment ce ralliement d’une colonie permet de donner sens à son analyse développée depuis le 18 juin : vaincue en métropole, la France ne doit pas pour autant cesser le combat et une France combattante peut participer, grâce aux ressources de l’Empire, à la lutte contre le Reich. De Gaulle insiste également dans son discours sur le « courage » de la décision d’Eboué et de Marchand à le rejoindre car il sait qu’en faisant le choix de la dissidence et en rejoignant la France libre alors qu’elle n’en est encore qu’à ses balbutiements, les deux hommes ont pris un risque considérable. L’auteur de l’appel du 18 juin espère par ailleurs que cette décision du gouverneur du Tchad puisse « donner le signal de redressement de l’empire tout entier » et être suivie par de nouveaux ralliements (« j’ai des raisons de croire que leur exemple sera suivi »).  Le fiasco de l’opération de Dakar menée quelques jours plus tard (31 août 1940) pour tenter de rallier l’AOF constituera sur ce plan un nouveau revers, démontrant que l’exemple d’Eboué restait isolé.

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