Les Landes

24 octobre 1966
24m 04s
Réf. 00072

Notice

Résumé :

Présentation du folklore landais à travers différents paysages. De la clairière à la forêt de pins, de la côte du Marensin au bourg de Morcenx, en passant par le courant d'Huchet, découverte de quelques danses et chants traditionnels des bergers, gemmeurs, marins et paysans landais, et de la fameuse course landaise.

Type de média :
Date de diffusion :
24 octobre 1966

Éclairage

Ce document intitulé "Folklore de France" présente une communauté Landaise mythique dont les éléments symboliques (échasses, gemmage, danses, costumes) avaient en grande partie disparu au moment du tournage. Le but n'est pas de représenter la société de 1966, mais au contraire d'évoquer certains aspects identitaires du monde landais par le biais de ces symboles. Par là-même, le film se fait promoteur de l'identité régionale et participe à sa préservation.

L'usage des échasses en est l'exemple le plus symptomatique. L'échassier est ici présenté comme l'archétype du Landais. Ses jambes en bois (traduction littérale du mot "échasse") lui permettaient de surveiller son troupeau, de marcher rapidement sur les terrains humides et de se protéger du froid et des piqûres d'ajoncs. Il disparut à l'orée du XXe siècle, lorsque les plantations de pins entrainèrent une diminution des espaces de pacage, et, par voie de conséquence, la fin des troupeaux et de leurs bergers.

Afin d'éviter que les silhouettes des échassiers ne soient oubliées, un boulanger Arcachonnais, Sylvain Dornon, en préserva l'usage en inventant une nouvelle spécialité landaise : la danse sur échasses. En amalgamant danses (ici Bigue-biguette, la danse des meuniers), costumes et échasse, il autorisa la survivance d'un passé menacé par l'exode rural. De la même manière, la perpétuation des danses au sein de groupes folkloriques participait à la cette sauvegarde d'éléments perçus comme fondamentaux pour l'identité landaise.

Autre travail emblématique du département : le gemmage, qui rappelle l'époque de "l'arbre d'or" où la région accéda à la richesse et à la notoriété. Cette activité s'était finalement imposée au tournant du XIXe siècle comme la principale industrie des Landes en remplaçant le système agro-pastoral traditionnel. Les entailles faites aux pins donnaient de la térébenthine et de la gemme, produits à haute valeur ajoutée. La première servait à la fabrication des vernis et de différents solvants, tandis que la cuisson de la gemme permettait d'obtenir une résine jaune qui s'utilisait dans la savonnerie ou la préparation de colles. Mais avant tout, elle entrait dans la confection des flambeaux et des chandelles. Cette profession connut son âge d'or après la Première Guerre mondiale et entama ensuite un lent déclin accentué par les grands incendies du massif dans les années 1940. En 1966, l'activité existait encore, mais elle était largement minoritaire au regard des scieries, papeteries et usines à panneaux de particules qui s'étaient généralisées dans la forêt.

Si l'identité régionale est avant tout mise en avant par le biais de la forêt, il ne faut pas oublier que les Landes possèdent aussi des paysages variés et de grande beauté comme l'étang de Léon et le courant d'Huchet. Leur grande diversité de milieux a abouti au classement en 1932 de l'étang et de ses rives marécageuses, des marais et des tourbières, et du courant d'Huchet qui serpente au milieu de la forêt avant de traverser la dune littorale. Depuis l'abandon du pâturage dans les années 1960, le site a été rapidement colonisé par les végétaux : des carex et des phragmites se sont installés sur les anciennes prairies, tandis qu'arbustes et arbres ont envahi la partie centrale, menaçant la biodiversité et entrainant le comblement des lagunes. Il fallut attendre le classement du lieu en réserve naturelle pour que des aménagements soient entrepris à partir de la fin des années 1970.

L'évocation de ces caractéristiques (folklore et paysages) participe ainsi à la sauvegarde de l'identité d'une région alors en plein changement. La pérennisation d'un passé fantasmé, considéré comme romantique et beau, s'opposait alors à l'exode rural et aux mutations industrielles auxquels les Landes étaient confrontées.

Sébastien Poublanc

Transcription

(Musique)
(Bruit)
(Musique)
Journaliste
Ces bergers landais, montés sur échasses, sont en voie de disparition. Et pour une fois, nous devrons nous en réjouir, puisque cette disparition coïncide avec l’assainissement du marécage, que constituait la forêt landaise. "Mon Dieu, que ces Landes sont longues!" chante le Landais qui traverse ces étendues immenses. Cette chanson déroule ses neuf couplets à la façon d’une litanie, le chiffre neuf ayant un caractère magique dans tout l’Ouest de la France.
(Musique)
Journaliste
Et pourtant, au bout de la Lande aride, il y a un miracle de paix, de verdure et d’eau, le courant d'Huchet. La rivière court à la mer sous un dais mystérieux fait de branches emmêlées et salue au passage des plantes étranges. Mais je me tais, vous laissant savourer en paix le charme du voyage. Vous le ferez, cependant, en compagnie d’un jeune couple d’amoureux, soyez discret, ne les dérangez pas.
(Musique)
Journaliste
Et voici nos amoureux arrivés au terme de leur voyage, sur la côte du Marensin ou des marins pêcheurs dansent la matelote qui est la danse la plus typique de cette région.
(Musique)
Journaliste
Mais la mer, malgré ces immenses plages océanes, n’est pas la partie la plus importante de la province. Il faut, toujours et toujours, revenir à la Lande.
(Silence)
Journaliste
Il faut toujours revenir à cette Lande, qui semble monotone aux voyageurs des routes nationales mais qui réserve bien des surprises aux amateurs de petits sentiers, tels ces lacs dont le miroir éclaire la forêt. Cette forêt landaise, qui est la raison de vivre de la province. Les pins majestueux qui la composent sont la ressource de nombreux artisans, les gemmeurs. Au début de mars, le gemmeur pratique une incision sur l’écorce du pin à l’aide d’un outil en forme de houx, le hapchot. Des pots de terres adaptés à l’arbre recueillent la gemme, qui est la sève du pin, la résine. Et une chanson landaise retrace, mois par mois, le travail du gemmeur.
(Musique)
Journaliste
Mais voici que le gemmeur a terminé son travail. Chaque pin est muni, d’une façon un peu cocasse, de son petit pot de gris où coule la résine lumineuse. De la forêt surgissent à nouveau les échassiers qui dansent le bigue-biguette.
(Musique)
Journaliste
Mais le landais se souvient qu’il est aussi gascon quand il s’agit de se réjouir. Ces jeunes filles n’ont pas eu beaucoup de mal pour entraîner nos échassiers à leur suite. Une fête se prépare et pour s’y rendre, toute une jeune et joyeuse bande grimpe sur la charrette à pieds de mule, le bros.
(Musique)
Journaliste
Mais voici des retardataires qui n’ont pas terminé leur toilette, bien entendu ce sont des garçons. Allons messieurs ! Dépêchez-vous ! On va partir sans vous ! Non, on les attend gentiment.
(Musique)
Journaliste
En chemin, nos landais ne perdent pas une occasion de se dégourdir les jambes. Après le saut de saccule, que vous venez de voir, ils font encore une halte dans le vieux bourg de Morcenx pour permettre aux garçons de danser le saut de l’escoube, ou danse du balais. Je dirais même du manche à balais puisque cet instrument est personnifié ici, par un simple bâton. Le saut de l’escoube est l’une des nombreuses danses acrobatiques que l’on affectionne tout particulièrement, de la Garonne aux Pyrénées.
(Musique)
Journaliste
La fête où se rendent nos jeunes danseurs est un spectacle dont raffolent les Landais, une course de vachettes. Mais il n’y a pas que les Landais pour raffoler d’un tel spectacle. Une célèbre émission a prouvé que tous les téléspectateurs de France et de Navarre réunies s’intéressaient aux prouesses des vaches landaises. Vous verrez, aujourd’hui, une fois de plus, ces petites vaches agiles, cabochardes, coquettes comme Célimène en personne et qui sont l’illustration la plus vivante du folklore landais.
(Musique)
Journaliste
Un défilé dans l’arène nous ferait croire que nous sommes sous le règne de César Auguste. Tout d’abord, la musique de Morcenx interprète la marche traditionnelle de ces sortes de réjouissances.
(Musique)
Journaliste
Ensuite, le groupe folklorique de [Sidomire], que vous avez pu voir, tout au long de cette émission, défile son tour.
(Musique)
Journaliste
Enfin, voici les héros de la fête, les écarteurs.
(Musique)
Journaliste
Et maintenant, place aux vachettes.
(Musique)
(Bruit)