La protection de la forêt des Landes contre les incendies

10 août 1979
03m 09s
Réf. 00079

Notice

Résumé :

Présentation du système de surveillance et d'intervention mis en place par l'association régionale de Défense des Forêts Contre l'Incendie pour prévenir et combattre efficacement les feux dans la forêt des Landes.

Date de diffusion :
10 août 1979
Source :
France 3 (Collection: Soir 3 )

Éclairage

Nous voyons là l'exemple concret de l'organisation de la lutte contre l'incendie de forêt mise en place dans le massif landais, au fil des décennies : la surveillance de la forêt depuis des points hauts, des points d'eau nombreux et rapprochés et une dispersion des équipes d'intervention sur le terrain.

A cela il faut ajouter une technique d'intervention particulière que l'on ne montre pas dans ce reportage, l'attaque du feu depuis le camion. Le porte lance est assis sur le capot du véhicule qui remonte le feu par l'un des flancs vers sa pointe. D'où l'importance de ces GMC qui passent quasiment partout, dans les broussailles, sur les dunes et dans les zones marécageuses.

Ces techniques existent depuis longtemps : surveillance des forêts depuis les clochers, pistes d'accès nombreuses à travers la forêt, proximité des intervenants du fait de la dispersion des métayers-gemmeurs.

Dès 1875, l'idée de créer un corps de sapeurs-pompiers forestiers est exprimée. En 1903, le lieutenant J.M. Girard, des sapeurs-pompiers d'Illac en Gironde, définit ce que doit être ce corps de sapeurs-pompiers forestiers. Ce corps est créé en 1947 avec des moyens plus performants.

Si l'utilisation systématique de l'eau est récente, la technique de lutte est connue depuis longtemps. Excédés par les propos de certains et surtout l'emploi excessif des contre-feux, les édiles de Labouheyre, le 19 février 1911, expliquent, dans une délibération municipale, la technique dite "landaise". Le feu est attaqué sur ses flancs en remontant vers la pointe, empêchant ainsi son extension. Cela nécessite de l'attaquer dès sa naissance et une trentaine d'hommes suffisent pour l'éteindre . Des gendarmes, dans les années 1920, traversant la forêt de Labouheyre, une nuit d'orage, racontent qu'ils ont vu des lueurs dans les bois, puis des ombres se dirigeant vers ces lueurs qui peu à peu ont disparu. En fait, ils ont été témoin de l'efficacité des forestiers de Labouheyre.

Cette méthode de lutte sera reprise par Émile Vallat préfet des Landes en 1924 et publiée dans un document préfectoral de directives pour la sauvegarde de la forêt destiné aux maires.

Les avions seront utilisés dès la fin de la guerre 14-18 pour surveiller cette forêt et surtout suivre l'évolution des incendies. Les pilotes militaires sont invités à signaler les fumées observées, tout comme les pilotes de l'aéroclub des Landes à la demande du préfet, dans les années 1930.

Dés 1946, des conventions sont signées avec l'Armée et en particulier l'Armée de l'Air pour la surveillance de la forêt et son assistance lors d'un sinistre. Plusieurs avions d'observation seront ainsi mis à la disposition des pompiers lors de l'incendie dramatique de Cestas en 1949.

Si le matériel a évolué, s'est modernisé, la technique de base est toujours la même. Repérer avec précision le départ de feu le plus tôt possible et l'attaquer immédiatement depuis le sol avec des véhicules tout terrain, ou des avions quand l'accès au sol est difficile voire impossible. Cela a été le cas après la tempête Klaus de 2009.

Jean-Paul Saint-Marc

Transcription

Présentatrice
Le Ministre de l’agriculture Pierre Méhaignerie le soulignait récemment, il y a en France des forêts qui ne brûlent pas. Sous-entendu, on peut aménager l’espace forestier de manière à ce qu’il puisse mieux résister aux incendies. C’est le cas de la forêt landaise, cette forêt couvre un million d’hectares, c’est le plus grand massif européen de bois de culture et il fait vivre 40 000 personnes. Vu de Bordeaux, l’exemple de cet aménagement destiné à faire échec au feu.
Journaliste
La surveillance à vue est aujourd’hui encore la plus efficace. La forêt a donc été découpée en 23 secteurs comprenant chacun un pylône observatoire et de telle sorte que d’un poste de guet à l’autre, l’observation puisse se recouper. Celle-ci est assurée par des pompiers professionnels connaissant parfaitement leur secteur propre, qui s’étend sur un rayon d’environ 10km. Chaque guetteur est en liaison constante par radio avec le PC opérationnel situé à Salles. Une carte murale au 1/50 000 y représente la région au moindre détail près. Pistes, marécages, obstacles naturels, cultures, etc, sans oublier les points d’eau dans le repérage. L’accès et l’entretien sont vitaux pour une lutte efficace. Les points d’eau naturels permanents au nombre de 300 étant insuffisants, il a fallu, pour améliorer le système, construire une trentaine de châteaux d’eau d’une réserve de 30m3. A ces réserves situées près des agglomérations, sont venues s’ajouter récemment des citernes construites à même le sol en pleine forêt. Il y en a aujourd’hui une centaine d’une capacité de 60m3. Tel est le dispositif du corps des sapeurs-pompiers forestiers qui a implanté un centre de défense au pied de chaque observatoire.
(Silence)
Journaliste
Pour mieux comprendre l’action de la DFCI, voici en alerte fictive le déroulement des opérations. Sur son pylône, le guetteur observe une fumée dont l’origine lui est inconnue. Il en effectue aussitôt le relevé qu’il communique immédiatement au PC.
Intervenant
Grade 217 pour l’aire 12, parlez.
Journaliste
Chaque observateur ayant un indicatif et l’écoute radio étant permanente, les deux observatoires les plus proches du lieu d’alerte font à leur tour un relevé de la fumée et transmettent le renseignement au PC. Nous l’avons vu tout à l’heure l’implantation défensive est telle que le moindre départ d’incendie se trouve obligatoirement entre trois centres de défense dont le plus éloigné se trouve à 10km. L’officier de permanence porte sur la carte les données transmises par les guetteurs et dont le point de croisement localise avec une erreur de 50 à 200m le lieu exact de la fumée en question. Il leur a fallu 40 secondes pour le définir depuis sa découverte.
(Silence)
Journaliste
L’ordre de départ est alors donné à une unité dans les trois centres les plus proches. Une unité constituée d’une voiture légère radio et de deux GMC porteurs d’eau, de 2 500 à 3 000 litres en fonction du type. Ce matériel, on le sait, date de la dernière guerre. Certes, il a été modernisé mais actuellement compte tenu de son rapport coût-efficacité, aucun autre véhicule tout terrain ne peut le supplanter en Gironde aussi bien dans les dunes de sable que dans les marais ou les sous-bois touffus et embroussaillés.