Mimizan : les Papeteries de Gascogne

26 novembre 1983
03m 07s
Réf. 00111

Notice

Résumé :

A Mimizan, les Papeteries de Gascogne se placent en tête de la production européenne de papier kraft écru. Le site bénéficie de l'approvisionnement direct en matière première du fait de sa proximité avec la forêt des Landes et d'un fonctionnement en étroite collaboration avec les différentes filiales du groupe.

Date de diffusion :
26 novembre 1983
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Éclairage

Alors qu'en 1925 les Landes étaient encore tournées vers l'exploitation de la gemme et que le marché commençait à péricliter, plusieurs exploitants forestiers eurent l'idée de fabriquer du papier d'emballage écru à partir du pin maritime. La première papeterie de ce qui allait devenir le groupe Gascogne vit alors le jour au sein même du massif landais.

En dépit de la sinistre décennie 1940 (Occupation, grands incendies qui ravagèrent près de la moitié du massif), l'évolution de l'entreprise fut régulière.

Dans les années 1960, époque charnière pour la forêt landaise, le gemmage arrivait en bout de course et les primo-industries papetières ou de sciages étaient contraintes d'évoluer. Afin de contrôler l'ensemble de la production, deux filiales bois furent fondées. L'entreprise Escobois prit en charge la fabrication des parquets et des lambris en pin des Landes et l'activité de sciage du groupe. La Forestière de Gascogne fut, quant à elle, chargée de gérer le patrimoine ligneux acquis par la papeterie. L'industrie papetière, grande consommatrice de bois, devait en effet assurer son approvisionnement en matière première. Pour y parvenir, le groupe fit l'acquisition d'un patrimoine forestier tandis que, dans le même temps, il effectuait des recherches sur les méthodes modernes de sylviculture. Cette stratégie a permis aux Papeteries de Gascogne de devenir leader dans la fabrication du papier kraft écru (papier d'emballage, sacs, enveloppes et autres produits encollés).

Dans un contexte de crises cycliques que traversait l'industrie papetière confrontée notamment à l'envahissement de la matière plastique, les papeteries de Gascogne devaient se diversifier et lançaient en 1976 la Société Dacquoise d'applications plastiques. Une diversification qui permit la bonne tenue du groupe, quand dans les années 1980, l'ensemble de l'industrie papetière subissait de lourdes pertes.

L'histoire des Papeteries de Gascogne est bien singulière. D'abord petite entreprise régionale créée en 1925, elle est aujourd'hui, sous le nom de Gascogne Paper, le leader mondial des papiers kraft.

Sébastien Poublanc

Transcription

Dominique Langard
Les Papeteries de Gascogne à Mimizan, c’est 1 200 personnes et un chiffre d’affaires de 650 millions de francs. La spécialité, le papier kraft écru pour emballage qui place le groupe à la première place européenne. D’ailleurs, l’Europe du marché commun assure la totalité des zones d’exportation, soit 25 % du chiffre d’affaires, le reste étant vendu en France. Ce qui est vendu, des sacs de grandes ou moyennes contenances pour le ciment ou le sucre. Et chaque année plus, de 100 millions de sacs quittent l’usine et avec eux, 120 000 tonnes de papier d’emballage.
(Silence)
Dominique Langard
Pour les fabriquer, 600 000 tonnes de bois sont consommées. Et le fait d’être implanté au beau milieu de la forêt landaise est, on le conçoit, un énorme avantage.
Paul Desarmeaux
En production de papier kraft écru, il est absolument indispensable de partir du bois. C’est une sorte importante qui ne supporterait pas qu’on achète de la pâte à papier. Et à partir du moment où il faut acheter son bois et donc partir d’une ressource forestière, il est évident que le fait d’être implanté au milieu de la forêt est plus favorable que d’importer le bois de l’étranger ou de zones lointaines. D’autre part, la majorité de nos actionnaires sont des propriétaires forestiers et il est évident que nous entretenons avec le milieu forestier des liens privilégiés et très étroits.
Dominique Langard
Les Papeteries de Gascogne ne vivent pas seules. Autour d’elles, un ensemble de filiales plus ou moins liées à la maison mère. Ces filiales se situent soit en amont soit en aval de la production de papier. En amont, ce sont des scieries ou des entreprises de transformation du bois, en aval, des entreprises qui traitent le papier ou des sociétés de distribution. Des essais sont également réalisés dans d’autres secteurs comme celui par exemple de la production d’énergie à partir de souches, projet réalisé en collaboration avec ELF Aquitaine.
(Bruit)
Dominique Langard
Exemple de ces filiales, la Sopal à Dax, 160 personnes. Spécialité, le traitement des krafts gommés, par exemple les enveloppes. Dans les ateliers, on trouve deux des plus performantes machines d’Europe. Chiffre d’affaires, 250 millions de francs. Mais tout peut ne pas aller aussi bien. Si l’année 82 a été aussi catastrophique, 22 millions de francs de perte, c’est justement par la faute d’une des filiales qu’il a fallu vendre. Ce qui a impliqué entre autres, des difficultés sociales. Mais à Mimizan, un accord a été signé pour des contrats de solidarité. 150 départs sont immédiatement remplacés par 150 embauches. Dans une période où les papèteries sont peut-être aussi durement touchées que la sidérurgie française, les Papeteries de Gascogne affichent avec un certain plaisir un bilan où les plus sont plus nombreux que les moins.
Paul Desarmeaux
Je pense qu’au cours des dix dernières années, il est certain que le plastique a mordu sur le papier. Mais nous considérons qu’aujourd’hui, chacun a pris à peu près sa place et que nous ne devrions pas assister dans les années à venir à de gros déplacements des marchés respectifs des deux matériaux.