Benquet : aménagement de propriétés agricoles par la Compagnie des Landes de Gascogne

13 février 1970
06m 48s
Réf. 00135

Notice

Résumé :

A Benquet, la Compagnie d'aménagement des Landes de Gascogne a aménagé 350 hectares de terres en 4 propriétés attenantes, de 60 hectares de surface agricole utile, permettant l'installation de jeunes agriculteurs. Ils y cultiveront le maïs, feront de l'élevage et assureront une entraide matérielle et humaine.

Type de média :
Date de diffusion :
13 février 1970

Éclairage

Créée en 1956, la Compagnie d'Aménagement des Landes de Gascogne avait pour but de remettre en valeur les espaces boisés qui avaient été détruits par les grands incendies qui ont frappé les Landes à la fin des années 1940. Mais il n'était pas question de reboiser, à cause de la désaffection pour la production de résine, mais plutôt d'aménager ces terres vierges pour la culture et en particulier pour la culture du maïs et ce, en rationalisant ces aménagements pour les adapter à la mécanisation : espaces suffisamment vastes et d'un seul tenant, possibilité d'irrigation. On pouvait lutter ainsi contre quelques inconvénients des structures agraires léguées par la période précédente basée sur la propriété familiale : faible superficie, dispersion des parcelles, polyculture peu rentable, mécanisation difficile.

Divisées en lots de 60 à 100 hectares, ces terres étaient redistribuées sous différentes formes (location, vente) à des exploitants, souvent jeunes agriculteurs désireux de s'agrandir ou de s'affranchir de la tutelle familiale. La valorisation de la production de maïs par l'élevage des bovins ou des palmipèdes permettait de rendre ces exploitations viables assez rapidement, avec des coûts de production unitaires bien moindres que ceux des petites exploitations traditionnelles. L'installation de ces nouveaux agriculteurs fut facilitée par les aides qu'ils pouvaient trouver auprès d'institutions comme les centres de gestion ou les CUMA ou par la mise en commun de matériel, le tout dans l'ambiance économique favorable des années 1960, marquée par une demande croissante de produits animaux (consommation accrue de viande de boucherie) et le développement du tourisme rural qui permet d'envisager une diversification des revenus.

La monoculture du maïs associée à l'élevage permettait aussi de faire entrer la paysannerie dans la civilisation des loisirs : beaucoup moins gourmande en temps que l'ancienne polyculture, elle permettait de dégager du temps pour prendre de vacances, au besoin en se faisant aider par les voisins ou la famille, un rêve longtemps inaccessible pour le petit agriculteur. C'est du moins ce qu'envisagent et qu'espèrent les quatre exploitants installées par la Compagnie à Benquet.

Francis Brumont

Transcription

Journaliste
Ce village, qui a pour nom Benquet se trouve à quelques kilomètres de Mont-de-Marsan et sur le territoire de cette commune, la Compagnie d’Aménagement des Landes de Gascogne a aménagé 350 ha de terre en quatre propriétés d’environ chacune 60 ha d’un seul tenant de surface agricole utile. Là, quatre jeunes s’installent. Le premier d’entre eux, c’est Monsieur Daubin. Mais pourquoi donc est-il venu là ?
Monsieur Daubin
Bien, depuis longtemps déjà, je cherchais une exploitation parce que j’étais au préalable, installé à Lauret. Sur une petite exploitation mi-propriété mi-fermage qui groupait à peu près une vingtaine d’hectares. Mais ça n’était peut-être pas tellement une question de surface, mais souvent les parcelles étaient très éparpillées et très éloignées des bâtiments.
Journaliste
Qu’allez-vous donc produire ici ?
Monsieur Daubin
Bien, pour l’instant, au départ, j’ai l’intention de faire une bonne partie en maïs. C’est-à-dire 50 ha. Egalement continuer l’élevage que je faisais, que je fais actuellement c’est-à-dire du veau de boucherie. Mais comme ici la surface me permet de faire davantage de prairie, je vais augmenter mon troupeau de mères. Et à ce moment-là, j’abandonnerai certainement le veau de boucherie qui est un travail assez minutieux pour passer aux bovins plus adultes, c’est-à-dire bœufs de deux ans et demi, trois ans.
Journaliste
Son voisin le plus proche est Monsieur Arambatz. Monsieur Arambatz, que construisez-vous ici ?
Monsieur Arambatz
Une porcherie.
Journaliste
Comment êtes-vous venu vous installer sur cette terre ?
Monsieur Arambatz
Parce que j’avais été sur une exploitation très petite. Et j’ai su que la compagnie créait sur la commune de Benquet, la Compagnie Aménagement créait sur la commune de Benquet, des exploitations de 60 ha. Cette dimension m’intéressait et j’ai fait une demande. Ça a été accordée et je suis en train de m’installer actuellement.
Journaliste
Quelle production allez-vous faire alors ici ?
Monsieur Arambatz
Surtout du maïs et je vais la transformer, je vais faire des porcs.
Journaliste
À quelques centaines de mètres de la propriété de Monsieur Arambatz, la propriété de Monsieur Emous. Monsieur Emous dans quelles conditions êtes-vous venu vous installer ici ?
Monsieur Emous
Et bien, voilà, j’habitais un petit village qui s’appelle Saint-Pandelon situé à 4,5 km de Dax. Et je cultivais ces exploitations avec mes parents en tant qu’aide familiale.
Journaliste
Donc, vous avez trouvé ici une propriété à votre convenance. Qu’allez-vous y faire ?
Monsieur Emous
Et bien, dans l’immédiat je vais faire deux productions, un élevage. Je vais développer un élevage laitier que nous possédions déjà.
Journaliste
Combien comptez-vous avoir de laitières ici ?
Monsieur Emous
J’espère arriver à 25 bêtes adultes et en nombre identique de velles, de jeunes.
Journaliste
Le quatrième, c’est évident engraisse des oies. Il s’agit de Monsieur Lavallée.
(Bruit)
Monsieur Lavallée
Je suis venu m’installer dans cette région après les évènements d’Algérie pour me regrouper au point de vue familial. J’avais mon oncle qui était venu directement d’Algérie et qui s'était installé dans les Landes. Et au début, je suis venu m’installer dans la région de Solférino à côté de lui. Ensuite la Compagnie des Landes de Gascogne a fait de nouveaux lots dans cette région et j’ai préféré changer d’exploitation et venir dans cette région-là. J’ai opté pour l’élevage de l’oie. Pour moi, c’est un début, actuellement sur le plan pratique, mais quand je suis revenu d’Algérie, j’ai travaillé pendant 6 ou 7 ans dans des élevages avicoles. Et en allant plusieurs fois en Israël, j’ai vu ces élevages d’oies et ça m’a quand même intéressé.
(Bruit)
Journaliste
Chacun sur ses terres a donc sa spécialité. Mais est-ce que cela va aider à l’établissement de bons rapports de voisinage ou au contraire, les isoler.
Monsieur Lavallée
Non, je ne pense pas qu’on s’enfermera. On est quand même assez près les uns des autres.
Monsieur Daubin
Oui surtout que la production de maïs peut favoriser un échange de, enfin une entraide de point de vue main-d’œuvre et également un échange de matériel ou un achat de matériel collectif que nous avons déjà d’ailleurs commencé.
Journaliste
Est-ce que vous avez des exemples justement Monsieur Daubin ?
Monsieur Daubin
Bien, oui. Nous avons acheté du matériel en commun. Et déjà l’an dernier, il y a eu un échange de coup de main. À un certain moment, où certains avaient du retard dans la préparation du maïs.
Journaliste
Et dans ces conditions vous comptez poursuivre, continuer dans cette voie ?
Monsieur Lavallée
Oui, là… je pense.
Monsieur Emous
Il est certain. Nous avons commencé l’année dernière, Charles et moi. On s’entraidait et nous avons acheté du matériel, chacun du matériel, et qu’on pense peut-être comptabiliser les heures de travail avec un centre de gestion pour faire une répartition juste de l’emploi du matériel quoi.
Monsieur Daubin
Autrement dit, créer, monter une banque de travail. Je pense qu’avec les conseils que nous a déjà donnés le centre de gestion et ce qu’il est susceptible de nous fournir. Je pense que nous pouvons d’une façon créer… satisfaisante pour tous, nous donner, nous apporter vraiment l’aide que…
Monsieur Arambatz
J’espère que si on partira en vacances 8 ou 15 jours, on pourra compter sur un de nos voisins pour [incompris] ou soigner les porcs. Pour gaver.
Journaliste
Même gaver ?
Monsieur Arambatz
Peut-être.
Journaliste
[Incompris] Il y a un projet qui s’attache à cet ensemble, un projet à une plus longue échéance. C’est la création d’un lac collinaire. Un lac collinaire, tout le monde le sait que c’est utile aux agriculteurs pour permettre l’irrigation de leurs champs et par conséquent pour le maïs, c’est une chose extrêmement faste. Mais cela peut déboucher également sur d’autres perspectives et je crois qu’il y en a pour un avenir lointain en ce domaine.
Monsieur Daubin
Oui, je pense que ce lac pourra apporter une vie un peu plus active à ce village et aux villages qui l’entourent. Il n’y a aucun point d’eau important dans le secteur et pour la sortie du dimanche, ça pourrait être quelque chose d’intéressant dans les années à venir.
Journaliste
Donc, créer une sorte d’activité touristique parallèle bénéficiant aux communes des alentours ?
Monsieur Daubin
Oui, c’est ce qu’on pense oui.