Le gascon à l'école

22 octobre 2000
04m 55s
Réf. 00307

Notice

Résumé :

Depuis la rentrée de septembre 2000, l'école de Montfort-en Chalosse propose, outre l'enseignement traditionnel, un enseignement bilingue français-gascon, dès la maternelle. Une vingtaine d'enfants, âgés de trois à cinq ans, viennent ainsi d'être inscrits dans cette section pilote dans les Landes.

Type de média :
Date de diffusion :
22 octobre 2000
Personnalité(s) :

Éclairage

Depuis la promulgation de la loi Deixonne en 1951 [1], la transmission des langues régionales se fait aussi par l'intermédiaire de l'Éducation nationale. Çà et là, un peu partout en France, des heures destinées à cet enseignement sont attribuées dans les collèges et les lycées. Les professeurs, souvent encore locuteurs naturels, complètent leur emploi du temps par des "heures complémentaires" consacrées à la préparation, à terme, d'une épreuve facultative au baccalauréat. Le succès de cette initiative n'est pas négligeable ; bon nombre d'enfants nés au sortir de la guerre peuvent ainsi renouer les liens ténus qui les rattachent à leur culture familiale.

Si l'enseignement secondaire est complété, assez rapidement, par un parcours universitaire destiné à former des étudiants pouvant se présenter, depuis 1992, au CAPES de langues régionales, on oublie, en amont, de préparer les élèves au niveau du primaire. Dans le domaine occitan, en Béarn en particulier, c'est le milieu associatif qui prend alors, en 1980, l'initiative de créer des écoles bilingues où l'apprentissage se fait, avant tout, par immersion ; elles prennent le nom de calandretas relevant du même champ sémantique que calandron, "apprenti" [2].

Suivant les lieux, avec plus ou moins de succès, une politique linguistique cohérente de la transmission de cet héritage, précieux mais menacé, se met ensuite en place sous l'égide de l'Éducation nationale. Les premières écoles bilingues, pour la Gascogne, sont créées en Béarn, en 1980, avec le soutien du CAPOC (Centre d'Animation Pédagogique en Occitan) et de l'association Òc Bi [3] qui, à l'instar de Bai au Pays basque, promeut un enseignement précoce de l'occitan, dans sa variante gasconne, dans les Pyrénées-Atlantiques et dans les Landes. Après Lasseube (La Seuva), Asson (Asson), Bedous (Bedós), Coarraze (Coarrasa), Lagor (Lagòr), Morlaàs (Morlaàs), Oloron (Auloron), Mazerolles (Maseròlas) et Bordes (Bòrdas) en Béarn, s'ouvre enfin, en septembre 2000, la section bilingue de Montfort-en-Chalosse (Monthòrt) dans les Landes. Le maire Maurice Gassie, Patrick Guilhemjoan, certifié d'anglais et d'occitan, et Claire Bernet, parent d'élève, sont les chevilles ouvrières de cette réalisation.

Le 26 et le 27 septembre 2010, on fête donc, à Montfort, le dixième anniversaire de cette école ouverte à une autre culture qui compte 45 d'élèves apprenant notre langue.

[1] La loi Deixonne relative à l'enseignement des langues et dialectes locaux date du 11 janvier 1951. Elle fut la première loi française autorisant l'enseignement des langues régionales de France, le basque, le breton, le catalan et l'occitan dans un premier temps.

[2] Cf . Site des Calandretas.

[3] Associacion per lo bilinguïsme francés-òc dens l'ensenhament public.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Patrick Guillemjouan
[Incompris]
Elèves
[Incompris]
Elève
Et dimanche il n’y a pas école.
Patrick Guillemjouan
[Incompris]
Patrick Pannier
Troisième semaine de classe bilingue pour ces écoliers de Montfort-en-Chalosse, une section regroupant une vingtaine d’enfants de trois à cinq ans pour qui la journée en maternelle est partagée en deux. Une moitié en français et l’autre partie en gascon.
Patrick Guillemjouan
Le programme est le même pour n’importe quelle autre classe de l’éducation nationale. C’est-à dire qu’il y a des textes qui sont ceux mis en place par le Ministère et qui sont strictement appliqués dans les classes bilingues comme dans les autres. La seule différence, c’est que la moitié de l’enseignement se fait en gascon et c’est par cet effet de bain linguistique que les enfants vont apprendre à parler la langue mais il y a pas véritablement de cours de langue à proprement parler. [Incompirs].
Elève
[Incompris]
Patrick Guillemjouan
[Incompris]. C’est un livre qui parle du temps. C’est une collection, une sorte de documentaire en fait et qui permet d’aborder différents mots de vocabulaire. C’est assez descriptif hein, au départ, c’est pour leur faire acquérir du vocabulaire à travers l’image. Voilà donc, et ça marche assez bien. [Incompris]. [Incompris]
Elève
Je vais gagner
Patrick Guillemjouan
Donc qui est [Lublu]. Le jeu consiste à remplir une case avec des, avec des petites fleurs [incompris], à couvrir un quadrillage et donc c’est, c’est l’apprentissage des premiers chiffres, respecter des règles etc.
(Bruit)
Patrick Guillemjouan
Oui ça passe mieux sous la forme de jeu, bien sûr.
Jean-Baptiste
Papa, il m'a appris : 1, 2,3, 4, 5,6, 7...
Patrick Pannier
Qu’est-ce que tu préfères, le français ou le gascon ?
Mélanie
Les deux.
Patrick Pannier
Et tes parents, ils parlent en gascon à la maison ?
Mélanie
Que Mamie, c’est tout.
Patrick Pannier
Pour les parents d’élèves, volontaires pour cet enseignement bilingue dès la maternelle, c’est une façon de faire mieux comprendre aux enfants le pays dans lequel ils vivent, en apprenant la langue des ancêtres. A ce jour, selon une enquête régionale, un tiers de la population parlerait plus ou moins bien le gascon, en tout cas, près de la moitié serait en mesure d’en comprendre l’essentiel.
Michel Bernet
Notre instituteur à l’époque il nous faisait... on parlait couramment le patois quoi. Et ça nous servait ce patois pour les conjugaisons et ça nous aidait. Et beaucoup dans notre classe à l’époque parlait le patois hein. Les enfants parlaient couramment le patois.
Jeanine Bernet
Elle veut pas apprendre ce que moi je lui ai dit. Elle ne m’écoute pas.
Patrick Pannier
Ce n’est pas le même gascon ?
Jeanine Bernet
Pas tout à fait. Il y a certains mots qui changent.
Patrick Pannier
Si l’école est obligatoire pour tous, l’apprentissage du gascon dès la maternelle est facultatif. Les parents d’élèves candidats à cette première dans les Landes ont eu l’assurance de l’inspection académique que cette expérience serait poursuivie jusqu’au lycée.
Hasnia Bekkaoui
Moi j’ai voulu les mettre, j’ai trouvé intéressant donc, c’est vrai qu’il y a beaucoup de parents qui sont contre mais bon. Ça, ça va pas leur donner un handicap hein s’ils le font. De toute manière, ça fera qu’un plus hein.
(Musique)
Patrick Guillemjouan
Le bilinguisme favorise les capacités à apprendre d’autres langues. Donc quelqu’un qui apprend, qui est bilingue si tôt a toutes les capacités ensuite pour apprendre sans aucune difficulté l’anglais à partir de la sixième ou avant et n’importe quelle autre langue ensuite.
(Musique)