L'usine Pyrenex de Saint-Sever

23 juin 1983
03m 23s
Réf. 00402

Notice

Résumé :

Reportage qui propose une présentation de l'usine Pyrenex de Saint-Sever spécialisée dans le traitement des plumes et des duvets d'oies et de canards, utilisés pour le garnissage d'éléments de literie et de certains vêtements et qui en 1983 réalise la moitié de son chiffre d'affaires grâce à l'exportation.

Date de diffusion :
23 juin 1983
Source :

Éclairage

Le plumassé, c'est-à-dire le marchand (ou plutôt le collecteur) de plumes et de duvets était une figure familière dans les campagnes landaises, et plus généralement du Sud-Ouest, depuis des siècles. C'est que la plume, et surtout le duvet, ont fait l'objet d'un grand commerce international depuis le Moyen Âge. Les ports de Bayonne et de Bordeaux étaient les points d'aboutissements des balles de plume qu'avaient amassées les petits marchands locaux pour les conditionner et les expédier ensuite vers ces ports. Elles étaient destinées essentiellement aux pays de la Mer du Nord et de la Baltique et chargées en même temps que d'autres produits des Landes comme le vin, la résine ou les goudrons.

Pour les fermières, il s'agissait d'une ressource non négligeable : c'était elles qui s'occupaient exclusivement de l'élevage de la volaille, des oies en particulier. Chaque exploitation possédait deux ou trois oies de reproduction qui fournissaient des oisons, dont on vendait une partie au cours de l'année avant de s'en réserver une ou deux douzaines pour les élever et les engraisser. Oies vieilles et oies destinées au gavage étaient régulièrement plumées, lors des mues, pour leur duvet qui était stocké en attendant le passage du collecteur. Finalement, après leur abattage, les oies étaient définitivement plumées ; les plumes et les duvets étaient triés sommairement avant de les donner au marchand. Comme il s'agissait d'une production familiale, surtout coûteuse en temps, mais effectuée à des moments perdus, son prix n'était pas très élevé au départ de la ferme, si bien qu'elle était compétitive dans des pays au niveau de vie souvent plus élevé que celui de nos campagnes, comme les Pays-Bas, l'Angleterre ou le Nord de la France.

Femmes et filles de la maison pratiquaient aussi la récupération des “vieilles” plumes. Quand on faisait des édredons ou des matelas, on commençait par défaire les anciens, usagés, pour en retirer ce qui pouvait encore servir et le réutiliser. Cette pratique est encore courante de nos jours et fournit souvent des produits d'une qualité égale aux neufs.

- Voir aussi L'industrie de la plume et du duvet dans les Landes

Francis Brumont

Transcription

Journaliste 1
La plume d’oie, de canard et de poulet, c’est une véritable matière première. Et tout bien pesé, cela rapporte et cela fait l’objet d’une concurrence internationale très dure. La finalité étant le confort des oreillers, des coussins, des vestes, des sacs de couchage et autres couettes. Ici, à Saint-Sever, dans les Landes, capitale du poulet en liberté chez Pyrenex, on traite cinq tonnes de plumes par jour. L’entreprise fonctionne 24 heures sur 24. Cette entreprise emploie 180 salariés et a réalisé pour l’exercice 82-83 110 millions de francs de chiffre d’affaires. Il faut savoir que la plume s’achète chez l’éleveur à la tête. A la tête de canard, elle coûte trois francs. Entre huit francs et dix francs pour l’oie car il y a deux fois de plumes de plus chez l’oie que chez le canard. Et le poulet, pauvre de lui, sa plume coûte seulement dix centimes car, nous dit-on, elle n’a pas les qualités de gonflant. On s’en servira pour des oreillers ordinaires. Première étape du traitement de la plume, le lavage, un premier bain pour le dépoussiérage et un deuxième bain à base d’anti-mite. Une précision, on n’est pas allergique à la plume mais allergique à la plume mal lavée. Deuxième opération, l’essorage et le séchage. Une fois ces deux opérations effectuées, la plume est propre. Reste à la trier. On sépare les grandes plumes qui sont des déchets des bonnes plumes que l’on veut garder, plumettes et duvets. Ce tri se fait grâce à de l’air propulsé qui fait la différence entre le duvet ultra léger et les autres plumes plus denses. Bref, même chez les plumes, le poids fait la différence.
Henri Crabos
Les plumes d’hiver sont de meilleure qualits que les plumes d’été. Et nous ne pouvons pas vendre à nos clients uniquement les plumes d’hiver, il faut aussi écouler les plumes d’été. Donc, il nous faut conserver les plumes d’hiver l’été pour mélanger et avoir une qualité constante à livrer à nos clients.
Journaliste 1
Sur les 110 millions de francs de chiffre d’affaires que réalise cette entreprise, la moitié est réalisée grâce à l’exportation. Le concurrent numéro 1 étant la Chine qui détient actuellement la première place du marché international, la France étant en deuxième position.
Journaliste 2
Henri Crabos, vous dites, le consommateur n’a rien compris à la plume.
Henri Crabos
Il faudrait bien qu’il sache qu’il y a duvet, qu’il y a trois-quarts duvet, demi-duvet et plume. Ce sont des produits différents qui apportent au consommateur un confort différent. Dans la moins bonne qualité, vous avez la plume qui est destinée au rembourrage des oreillers et traversins ou des coussins de siège. Vous avez ensuite le demi-duvet qui est un produit très apprécié par les Allemands notamment pour la fabrication de couettes car ils ont besoin d’un produit assez lourd et qui moule bien le corps. Un trois-quarts duvet qui, lui, contrairement à ce que dit son nom, contient uniquement 30% de duvets mais qui est un produit excellent pour la France. Et enfin le super produit qui est le duvet utilisé en particulier pour les vestes, les sacs de haute montagne et les couettes de haut de gamme.
Journaliste 1
Enfin, sachez que si vous avez des canards et que vous vouliez vous faire vous-même votre oreiller, un oreiller de 800 grammes par exemple, et bien il vous faudra plumer 32 canards.