Nettoyage de l'étang blanc

17 juin 1993
01m 55s
Réf. 00519

Notice

Résumé :

L'étang blanc situé sur les communes de Soustons, Seignosse et Tosse est envahi par une plante aquatique, le lagarosiphon, dont la prolifération entraîne la disparation d'espèces animales et végétales et empêche la pratique de certains loisirs aquatiques. Une campagne de faucardage est donc menée par le Conseil général et les trois communes.

Date de diffusion :
17 juin 1993
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

C'est l'un des soucis de L'Institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea, ex Cemagref) : comment se débarrasser des plantes invasives qui polluent de nombreux plans d'eau en France ?

Si l'on connaît depuis longtemps déjà les problèmes liés à la prolifération de la jussie, plante amphibie originaire d'Amérique du Sud, introduite en Languedoc dans les années 1820, on est plus démuni face à la colonisation du lagarosiphon importé d'Afrique du Sud, observé dès 1965 à Port-Maguide sur le lac de Cazaux-Sanguinet puis, à partir de ce lac, à Parentis en1976, Biscarosse en1978, Lacanau en 1988 et sur l'étang de Léon en 1991. Il n'est donc pas étonnant de la retrouver, deux ans plus tard, dans le secteur de Soustons.

De la famille des phanérogames, le Lagarosiphon major a été introduit au Jardin Botanique de Paris avant 1938 puis volontairement disséminé car les hydrophytes étaient alors en régression. Bel exemple de gestion non contrôlée car cette plante immergée, aux feuilles caulinaires alternées, aux tiges grêles pouvant atteindre 5 mètres de longueur, forme des tapis inextricables à partir d'un rhizome vivace tenu par de très longues racines.

Quel que soit le mode de contrôle de ce problème (arrachage manuel ou faucardage [1], arrachage mécanique, herbicides, curage ou dragage) on déplore un impact sur l'environnement et il vaut mieux évaluer en amont les risques encourus. Que faire en effet des dépôts face à un risque constant de recolonisation ? Car, telle l'hydre de Lerne, la plante se reconstitue...

Le maire de Soustons, Jean-Yves Montus, a donc raison de s'inquiéter. On est loin d'avoir trouvé une solution satisfaisante puisque, presque 20 ans plus tard, le journal télévisé de TF1 du 21 février 2012 traite du désarroi des pêcheurs landais face à ce même fléau déjà évoqué par le journal Sud Ouest du 6 janvier sous le titre "Le cauchemar des grands lacs" et repris le 1er juillet suivant dans un article intitulé cette fois "Les pêcheurs au secours des roselières" [2].

Et dire que l'étang Blanc, situé aux confins de Soustons, Seignosse et Tosse doit initialement son nom à la nature de ses eaux claires qui l'ont toujours opposé à son voisin, l'étang Noir...

[1] Le faucardage désigne l'opération qui consiste à couper et exporter les roseaux et autres herbacées poussant dans les eaux stagnantes. L'opération peut parfois aussi intégrer un curage de la vase. Le mot procède du latin populaire *falcare, "faucher" ; il est emprunté au picard faucard, sorte de faux avec laquelle on coupait des joncs qui servaient à couvrir les toits ou qui étaient brûlés pour amender la terre.

[2] Retrouvez le reportage du JT de TF1 du 21 février 2012, " Le "lagarosiphon major", cauchemar des pêcheurs landais", sur www.wat.tv

Retrouvez les deux articles "Le cauchemar des grands lacs", publié le 6 janvier 2012 par Vincent DEWITTE, et "Les pêcheurs au secours des roselières" , publié le 1er juillet 2012 par Axel FRANK, sur www.sudouest.fr

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentateur
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonjour ! Il y a danger d’asphyxie dans les Landes. Les lacs sont actuellement envahis, d’ailleurs depuis trois ou quatre ans, par des herbes en tout genre. Alors, pour les sauver, il suffit de faucarder. Qu’est-ce que faucarder ? Eh bien, voyez le reportage Josiane Bouillet et Jean-Pierre Darot dans l’Etang blanc, c’est près de Soustons.
Journaliste
Cette jolie plante aquatique qui forme un herbier dense est un tueur. Depuis trois ou quatre ans, le Lagarosiphon, originaire d’Amérique du Sud, a proliféré dans l’Etang blanc. Si l’on n’y prend garde en trois ans, il est capable de recouvrir complètement le lac. Enraciné dans la vase, il dresse ses tiges jusqu’à la surface. Après avoir fait disparaître les autres plantes, il fait fuir certaines espèces de poissons, interdit au chasseur de gibier d’eau l’accès à leurs affûts, et décourage les véliplanchistes ; bref, une véritable calamité pour l’écologie et l’économie. La lutte contre l’indésirable est conduite par le conseil général des Landes et les communes de Soustons, Seignosse et Tosse. La lame du faucardeur ramasseur fauche la plante à plus d’un mètre de profondeur. Celle-ci est récupérée et sera utilisée par les agriculteurs pour l’épandage. Un seul hectare donne 280 m3 de déchets, coût d’une campagne de faucardage 500 000 francs, à renouveler chaque année, car le Lagarosiphon repousse.
(Bruit)
Jean-Yves Montus
A priori sur les expériences que nous avons mené depuis quatre heures maintenant, l’algue repousse, c'est pas une algue, la plante aquatique repousse. Mais il y a des endroits où elle repousse moins que d’autres. Alors, je crois qu’il faut qu’on ait un peu le recul du temps pour savoir si c’est totalement efficace ou s’il faut adjoindre à ce moyen d’autres moyens différents.
Journaliste
Car pour l’heure, le monde scientifique s’interroge encore à la fois sur les moyens de lutte contre la prolifération des plantes aquatiques et sur sa cause. Naturelle ou artificielle, liée aux aléas climatiques ou à la concentration de la pollution en période de sécheresse ; en tout cas, en plus de leur beauté les lacs landais recèlent aujourd’hui un mystère scientifique.