Visite guidée de Pomarez

29 janvier 2000
04m 34s
Réf. 00552

Notice

Résumé :

Francis Darmaillac nous propose une visite guidée de Pomarez, village de Chalosse, niché à la limite des Landes et du Béarn ; un parcours à travers le patrimoine architectural de la ville qui nous mène des anciens vestiges gallo-romains à l'église Notre-Dame-de-l'Assomption en passant par la tour du XIIe siècle, dernier vestige de l'ancienne forteresse anglaise, et se termine par la présentation des fameuses arènes couvertes que l'on surnomme ici la "Mecque" de Pomarez.

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Date de diffusion :
29 janvier 2000
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Personnalité(s) :

Éclairage

Pomarez (Sancta Maria de Pomarers aux XIe-XIIe siècles ; de Pomareto en 1289) doit son nom au pommier mais ce ne sont plus les vergers qui assurent aujourd'hui sa réputation. [1] Ce vieux castrum ou camp fortifié [2], aux confins des terres des Beharnenses et des Tarbelli, surveille depuis bien longtemps la petite marche frontière constituée par les gèrts de Tilh, de Mouscardès et d'Estibeaux. Or, ces gèrts ou landes de parcours sont jalonnés de tumulus datant parfois de l'âge du Bronze, prouvant l'ancienneté d'une économie pastorale toujours dominante aujourd'hui. [3]

Terre d'agriculture, la Chalosse pérennise aussi une très ancienne tradition d'élevage de vaches. Elles sont destinées à des jeux. Ces manifestations, à la suite de mesures préfectorales prises au lendemain de la Révolution, se déroulent dans un espace sécurisé. Puis, au début du XXe siècle, abandonnant les grandes places fermées par des barricades, on érige des arènes, plus ou moins imposantes, selon les moyens de la commune. Et c'est l'affaire de tous [4]. Les unes accueillent des courses espagnoles (corridas de toros), les autres restent toujours dévolues aux plus pacifiques corrudas [5] comme à Pomarez, "La Mecque de la course landaise", devenu l'emblème de ce sport si particulier, si gascon.

C'est Joseph Diris, dit Jean de Lahourtique (1870-1931) et lui-même surnommé "l'apôtre de la course landaise", qui invente, dans l'une de ses chroniques de "La Tuile" [6] cette expression qui fait vite florès. Ainsi n'est-il pas rare, encore aujourd'hui, de lire, dans les articles spécialisés, qu'une manifestation a lieu à "La Mecque"... Une sacralisation, en quelque sorte. Une source d'étonnement aussi pour qui n'est pas averti des avatars toponymiques du petit bourg chalossais bien connu également des archéologues et des numismates.

Car si l'historien local a bien raison d'insister sur le patrimoine architectural annonçant le Béarn voisin, il est étonnant qu'il ne fasse pas mention du très intéressant trésor monétaire trouvé dans la commune en 1892 : "Un trésor de 380 pièces d'argent contenues dans un pot de terre brisé, comparables aux monnaies "tarusates" d'Eyres-Moncube... mal frappées et détériorées, qui pesaient en moyenne 3,25 grammes... datables du IIe siècle avant J.-C., représentant certainement un état primitif de la circulation monétaire dans l'Aquitaine préromaine" [7].

Un témoignage exceptionnel pour contribuer à une meilleure connaissance de l'histoire de la région, un bel héritage pour ce bourg dynamique, riche de quelque 25 associations qui rendent compte de la vitalité d'une population largement tournée vers les sports d'équipe (rugby, basket) et la fête (Harmonie).

[1] BOYRIE-FENIE, Bénédicte, Dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas-Adour, Pau : éditions Cairn / In'Oc, 2005, 285 pages.

[2] C'est le latin castrum qui est à l'origine du mot gascon crasta couramment au sens de "fossé". Dompnier de Sauviac écrit, en 1873, qu'il existe à Pomarez, "sur un plateau dominant la plaine, le site d'un castrum mesurant 168 m de longueur sur 100 m de largeur". La monographie paroissiale de 1888 mentionne, de son côté, l'existence de "deux camps retranchés avec des terrassements élevés, le grand et le petit Castéra, à l'extrémité du bourg" quand Gabrielle Fabre parle, en 1952, d'oppidum.

[3] CARDAILLAC, Xavier (de), Essai sur les tumulus de la traînée glaciare de Lourdes à Dax, éditions P.H. Labeque, Dax, 1926, 81 pages.

[4] À Bascons, par exemple, l'édifice conçu par l'architecte Franck Bonnafous, en 1936, semble avoir mobilisé toutes les énergies, la chronique rappelant que la maîtresse d'école a fait des articles, le maire a porté les planches et le curé a peint (" La rejenta qu'a hèit articles, lo maire qu'a portat planchas e lo curé qu'a pintrat [sic] ".

[5] Mot gascon signifiant "course, action de courir", devant une vache en l'occurrence.

[6] Dénomination familière d'un journal spécialisé dans la course landaise arborant une couverture rouge tuile.

[7] BOYRIE-FENIE, Bénédicte, Carte archéologique des Landes, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture et de la francophonie, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 1995, 192 pages.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Nichée en plein cœur de la Chalosse, la ville de Pomarez a vu et voit toujours son économie se baser sur l’agriculture. Des vaches qui broutent dans un champ, du maïs à perte de vue, et des élevages de centaines de canards gras sont typiques de cette petite ville landaise de 1 500 habitants.
Francis Darmaillac
Pomarez autrefois vivait bien entendu essentiellement de son agriculture, polyculture ; qui a évolué petit à petit vers la monoculture du maïs, de façon à développer les élevages de canards. Puisque Pomarez est actuellement et depuis quelques années, l’un des plus gros centres de production de canards gras.
Journaliste
L’histoire de Pomarez n’a pas connu d’évènements marquants et pourtant, elle remonte tout de même à l’époque où Rome régnait en maître sur la Gaule.
Francis Darmaillac
Bien, ici vous êtes à l’entrée de Pomarez. On peut considérer que c’est l’entrée sur le plan historique aussi, puisque c’est l’un des plus anciens sites. Nous allons en parler tout à l’heure, nous allons aller sur le site qu’on appelle le castera, le castrum, l’ancien castrum romain. Ce qui est intéressant ici, c’est que c’est certainement l’ancienne maison de l’octroi avec des bâtiments très particuliers, d’architecture béarnaise. Et c'est l'une... l’un des derniers sites dans la région, où on peut voir, à la rupture de la limite du Béarn et de Landes ; c’est l’un des derniers endroits où on peut voir encore des maisons de style béarnais.
(Bruit)
Francis Darmaillac
Ainsi que je vous le disais, nous sommes donc ici sur l’ancien site du castrum, le castrum romain. Donc, vous voyez ici l’ancienne muraille qui est recouverte de terre actuellement. Et derrière, nous verrons tout à l’heure avec les douves, on voit les anciennes douves qui étaient les anciens fossés ; qui ont été comblés et qui sont actuellement recouverts de jardinets appartenant aux différentes maisons qui longeaient les murs. La tour, c’est donc l’un des monuments les plus anciens de la commune. Cette tour apparemment serait du XIIe siècle et correspondait à l’ancienne forteresse anglaise ; tel que le relate d’ailleurs l’histoire paroissiale, qui a été récemment retrouvé dans le grenier du clocher tout à fait dans les parties supérieures.
(Silence)
Francis Darmaillac
Au cours de l’office des Vêpres, le 3 septembre 1893, si ma mémoire est bonne ; toute cette partie de l’église, la partie droite en regardant l’autel, toute cette partie s’est effondrée. Et bien entendu, le miracle s’est produit, il n’y a pas eu de victime ; sauf une personne que l’on a crue morte sous les décombres. Et le prêtre à l’époque qui demandait quand même pas mal de préparation pour une extrême-onction, ben, il a extrême-onctié sur le tas. Et finalement, au lieu de mourir, cette personne, elle est restée un petit peu dingue pendant 48 heures. Mais les mauvaises langues disaient que de toute façon, elle était née comme ça.
Journaliste
De style néo-byzantin, l’église Notre-Dame de l’Assomption a donc été reconstruite en 1897. Seul l’autel a été conservé de l’ancien édifice. En marbre d’Italie et d’époque Louis XVI, il renferme des reliques de Saint Amand et Saint Placide.
Francis Darmaillac
Ici, vous arrivez devant la Hourez, la plus vieille maison de Pomarez, XVIIe siècle. Vous noterez le balcon où j’ai connu, moi, le garde champêtre qui faisait ses annonces pratiquement tous les dimanches à la sortie de la messe. Bonjour Francine ! Vous noterez les balcons fleuris. Madame Azzopardi, pourrait-on dire, a été lauréate au concours des balcons fleuris. Et ici, vous avez le vieux four 1910 qui a été remis en route, et qui fait du pain tous les mercredis et tous les dimanches.
Journaliste
Après l’église, voilà celle que l’on appelle la Mecque de Pomarez. Les arènes sont ainsi nommées, des arènes qui ont la rare particularité d’être couvertes.
Francis Darmaillac
La couverture n’était pas destinée particulièrement à abriter les spectacles tauromachiques ; puisqu’à l’époque, la grande tradition était d’organiser pour les fêtes patronales un spectacle de music-hall qui draînait toute la population de la région. Et toutes les grandes stars actuelles, que ce soit Michel Sardou, Sylvie Vartan ou même Goldman sont passées à Pomarez. Pomarez est un petit peu le centre culturel et le centre du folklore et de la tradition.
(Bruit)
Journaliste
Les arènes et le canard gras, deux symboles forts pour Pomarez, mais également pour toute une région et pour toute une tradition.