Salon "Foie gras expo"

31 mars 2000
01m 49s
Réf. 00553

Notice

Résumé :

La 13ème édition du salon "Foie gras expo" de Dax est placée sous le signe de la qualité et de l'environnement : qualité avec la récente obtention du Label rouge Foie gras des Landes et environnement avec la valorisation et la gestion des effluents d'élevages utilisés notamment pour fertiliser les terres agricoles.

Date de diffusion :
31 mars 2000
Lieux :

Éclairage

L'élevage des palmipèdes gras a une très longue tradition dans les Landes, mais il s'agissait jusqu'à une époque récente essentiellement d'oies : élevées au millet, puis au maïs à partir du XVIIe siècle, elles produisaient des plumes, vendues sur les marchés locaux - celui de Dax semblant le plus important - puis exportées par Bayonne (ou Bordeaux) en de gros ballots pesant quelque 80 kg en direction des pays riverains de la Mer du Nord, notamment des Pays-Bas. Les cuisses étaient quant à elles salées et mises en barils pour être vendues sur des marchés parfois lointains. Le reste de l'animal était consommé sur place dans les familles et sa graisse utilisée en concurrence avec d'autres matières grasses, pour la cuisine. Les contrats de métayage mentionnent toujours quelques oies, sans oublier le jars, dont les profits étaient partagés à moitié entre le propriétaire et son métayer. Ce petit élevage procurait des revenus non négligeables à la maîtresse de maison grâce à la vente des oisons, des duvets et du foie gras. Les animaux étaient généralement gavés quelques semaines avant Noël afin de profiter de la forte demande précédant les fêtes.

Cette pratique a perduré jusqu'à la fin des années 1950 : il s'agissait d'un élevage de peu d'ampleur, concentré en fin d'année, à partir des oisons nés à la ferme et du maïs produit sur l'exploitation. Le foie gras restait un mets de luxe, rarement consommé par les producteurs eux-mêmes qui se "contentaient" des confits, lesquels présentaient l'avantage de se conserver longtemps et que l'on n'avait pas l'habitude de porter au marché.

Mais à partir du début des années 1960, la donne a changé et le canard s'est imposé massivement, reléguant l'oie grasse au rang de curiosité. Quelques facteurs d'ordre général, comme la hausse du niveau de vie et l'urbanisation, ont permis le succès du magret de canard, une "invention" d'André Daguin, cuisinier à Auch, commercialisé en grand par les Établissements Labeyrie. De même, la généralisation du congélateur a permis la conservation d'une plus grande quantité d'aliments, sans les contraintes liées à la conserve traditionnelle. Le canard présentait l'avantage d'être moins coûteux à l'élevage (quinze jours de gavage deux fois par jour contre trois semaines à trois fois par jour pour l'oie) et de permettre donc une "démocratisation" des produits issus de l'oie. Peu à peu, les élevages se multiplièrent et on vit apparaître des exploitations, souvent de petite taille, spécialisées dans la production d'animaux pour les conserveurs ou pratiquant la conserve à la ferme, les débouchés s'accroissant avec la généralisation des hypermarchés et le développement du tourisme rural. À partir du milieu des années 1980, le mouvement s'intensifia et les Landes devinrent - et demeurent - le premier département pour la production de canards gras. La production a augmenté de 50% entre 1990 et 2000 et d'autant entre 2000 et aujourd'hui, atteignant les 10 millions d'animaux. Cependant, la part du département dans la production de foie gras qui était de 50% vers 1990 n'est plus que de 25% aujourd'hui, à cause du développement de cette activité dans des régions où elle n'était pas pratiquée traditionnellement comme la Vendée.

Face à cette concurrence et à celle de quelques pays de l'Est de l'Europe (Hongrie, Roumanie), la profession, fortement organisée, a réagi en créant des labels de qualité (IGP, label rouge) et en rendant plus sévères les normes d'hygiène régissant l'élevage. Le salon "Foie gras expo" s'inscrit dans cette volonté de promouvoir la qualité (et de le faire savoir). Biennal à l'origine, il se tient désormais tous les ans à Mont-de-Marsan et est "jumelé" avec la Fête du foie gras de Saint-Sever. Il s'agit d'un concours où s'affrontent les producteurs venus de l'Aquitaine (essentiellement Landes et Périgord) et du Gers et qui concerne produits frais et en conserve. Le concours récompense aussi les innovations dans l'outillage utilisé pour l'élevage (gavage, bâtiments) et la conservation, avec le souci de favoriser le bien-être des éleveurs et des animaux comme la sécurité des consommateurs. Des centaines de produits sont ainsi soumis à la critique chaque année en provenance de tous les types d'élevage et de conserveurs, ce qui ne peut manquer de promouvoir une saine émulation, sans négliger les retombées commerciales qui accompagnent une distinction à ce concours de référence.

Francis Brumont

Transcription

Présentatrice
Direction Dax, à présent, 15 000 visiteurs sont attendus à "Foie gras Expo" jusqu’à dimanche. Cette année, les professionnels réfléchissent sur la qualité et l’environnement. Patrick Pannier, Michel Vouzelaud.
Journaliste
Les Français qui consomment toujours plus de foie gras, plus 10 % chaque année, ne savent pas toujours qu’il existe foie gras et foie gras. Aussi, la qualité de ce produit festif à l’origine compte ses défenseurs toujours plus nombreux.
Michel Delaunay
Que ça ne se balise pas, que ça reste un produit que l’on attend, un produit que l’on souhaite voir honorer les meilleurs moments de la vie. Qu’il n'y ait pas de fête sans foie gras, c’est très bien. Que ça devienne un produit banal et quotidien, je crois que ça n’est souhaitable en aucun cas.
Journaliste
Cette 13ème édition de Foie gras expo est une véritable profession de foi pour la qualité ; qualité désormais identifiable par le consommateur, notamment par le tout récent Label Rouge, foie gras des Landes.
Jean-Louis Duperier
Le Label Rouge garantit une traçabilité du produit, une certaine façon de le travailler, et par là-même, une qualité.
Journaliste
Autre préoccupation du moment dans la filière, l’environnement et la gestion des effluents d’élevage. Dans le cadre du plan de maîtrise des pollutions d’origine agricole ; des subventions à hauteur de 64 % sont accordées aux producteurs qui utilisent le lisier dans la fertilisation de leurs terres.
Patrick Lartigau
Une fois stocké, il faut le valoriser, puisque c’est quand même le but. Eh ben, on le valorise par des épandages sur les cultures, en essayant d’amener les effluents au meilleur moment, quand la plante en a besoin, quand la plante a besoin de se nourrir. Donc, notamment dans les Landes, on est sur un assolement maïs. Donc, on va amener tous ces effluents plutôt au mois de mars, avril, ce qui implique d’avoir des capacités de stockage importantes.
Journaliste
Cette prise de conscience environnementale ne date que de trois à quatre ans. Reste à convaincre dans les campagnes et généraliser ces nouvelles pratiques.