L'avion de combat " Rafale"

27 juin 2006
02m 52s
Réf. 00608

Notice

Résumé :

Reportage à Mont-de-Marsan (Landes) sur le "Rafale", le nouvel avion de combat de l'armée de l'air, qui va remplacer le "Mirage". Commentaire sur images des essais en alternance avec les interviews du général Eric ROUZAUD, commandant du Centre d'expériences aériennes militaires, du lieutenant-colonel Jean-Jacques MAILHOL, instructeur sur "Rafale".

Date de diffusion :
27 juin 2006

Éclairage

Ce n’est pas le hasard si, en ce 27 juin 2006, une démonstration de l’avion de chasse Rafale, se fait à Mont-de-Marsan. On le sait, en matière d’aviation civile et militaire, la France est pionnière grâce à des hommes inventifs, audacieux qui ont pour noms Ader, Blériot, Breguet, Saint-Exupéry ou… Dassault. Et dans cette extraordinaire aventure, le sud-ouest prend une place prépondérante, de Toulouse où sont assemblés les premiers oiseaux volants, à Biscarrosse, base d’essai des premiers hydravions, en passant par Pau, première école de pilotage du monde installée en 1909, et Mont-de-Marsan dont l’hippodrome est utilisé comme terrain de secours de cette école avant de devenir un aéro-club en 1928 puis un véritable aérodrome en 1934 1.

Aménagé pendant la guerre par la Luftwaffe qui en fait l'une de ses principales bases de reconnaissance et d'attaque des convois alliés sur l'Atlantique, le petit aérodrome  affirme alors sa vocation de base militaire. Puis, au lendemain de la guerre, dans un contexte nouveau et incertain, où il convient de se réarmer et surtout de valoriser les dernières avancées technologiques, la « base aérienne 118 » est mise aux normes et confiée à l’ancien pilote de chasse, le colonel Rozanoff qui devient, en 1946, directeur des essais chez le constructeur privé Dassault  2. C’est donc lui qui prend  part ensuite à tous les projets de la grande firme, passant le premier le mur du son sur un Mystère IV. Mort en vol en 1954, il laisse son nom à la base où se prépare toujours, dans le plus grand secret, les prototypes du futur.

Ainsi, après la longue carrière des Mirage 3, premiers avions de combat à dépasser Mach2, devenus obsolètes, à la fin des années 1970, les forces armées françaises expriment le besoin de se doter d'un nouvel avion de combat polyvalent qu'il est envisagé de développer avec l'Allemagne de l'Ouest, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie, mais les divergences de besoins, notamment la capacité d'opérer depuis un porte-avions, amènent la France à s'en désolidariser en 1985. Le démonstrateur Rafale A vole donc le 4 juillet 1986 et le programme est lancé le 26 janvier 1988 : le monoplace Rafale C vole le 19 mai 1991, la version marine M le 12 décembre et le biplace B le 30 avril 1993.

Cette merveille de la technologie a donc déjà 20 ans en 2006 mais il n’a pas encore fini sa croissance. Toujours en quête de perfectionnements, les ingénieurs qui l’ont conçu cherchent toujours à s’adapter aux contraintes de nouvelles stratégies de combat. C’est ce qui fait son succès. Car hormis la production destinée à la défense nationale, des dizaines d’exemplaires sont destinés à la vente à l’étranger, constituant un apport non négligeable dans la balance des paiements 6.

Malheureusement, ces fleurons de la haute technologie, conçus par l’homme, sous la bienveillante dénomination d’appareils « de défense », portent dans leurs entrailles des fruits mortels. Là est toute l’ambiguïté des missions qui leur sont confiées ; l’insigne des jeunes pilotes au faîte de leur carrière est là pour nous le rappeler. Au service de la paix, ils vont toujours plus loin, aux limites du possible, aux confins de la vie et de la mort.

 

1)      Empreintes landaises : Le Centre d'Expériences Aériennes Militaires de Mont-de-Marsan.

2)      http://www.dassault-aviation.com/fr/passion/histoire/

3)      Suite à la crise de Suez d’octobre 1956, la France décide d’étudier la mise en place d’une  « Force stratégique d’intervention », dotée d’armes atomiques. Dès son arrivée au pouvoir, en juin 1958, le général de Gaulle précise que la France doit faire seule son arme de « dissuasion à l’agression » et que le vecteur sera un avion d’abord, un engin balistique ensuite. Le Mirage IV est choisi.

4)      L'avion est à aile delta et plans canard, à commandes de vol électriques et emploie des éléments de furtivité; il est équipé d'un radar à balayage électronique RBE2 et de deux moteurs Snecma M88. Pour la supériorité aérienne il utilise des missiles air-air et un canon, en bombardement tactique des bombes guidées laser et stratégique des missiles de croisière, antinavires et nucléaires.

5)      Le Rafale a réalisé des missions de bombardement durant la guerre d'Afghanistan (2001-2014), lors de l'opération Serval au Mali et l'opération Chammal contre l'état islamique en Irak, et des missions d'interdiction et de bombardement pour l'intervention militaire de 2011 en Libye. Cinq appareils ont été perdus en 2007, 2009, 2010 et 2012, causant la mort de deux pilotes.

6)      Au 1er février 2015, 141 avions ont été livrés sur les 180 effectivement commandés. Le 16 février 2015, l'Égypte commande 24 appareils, le 10 avril 2015 l'Inde annonce son intention de commander 36 appareils, le 4 mai 2015 le Qatar commande 24 appareils.


Bénédicte Boyrie-Fénié
Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
L’armée de l’air l’a beaucoup attendu, mais les 15 premières rafales semblent tenir leur promesse. Les expérimentations du nouveau chasseur bombardier à Mont-de-Marsan doivent permettre d’en défraichir le domaine d’emploi, et il est vaste
Intervenant 1
Ce qui est très nouveau avec le rafale et qui fait un vrai changement avec la génération précédente, c’est la polyvalence. Quand à une époque, on mettait deux avions pour pénétrer, un pour attaquer, l’autre pour défendre, avec l’air du rafale, on met un avion qui est beaucoup plus efficace et qui fait son autodéfense.
Journaliste
C’est dans son ventre que résident les secrets. Depuis 20 ans, tous les chasseurs sont bardés d’électroniques. Sur le Rafale, c’est autre chose. Tout d’abord, avant le décollage, le pilote observe ici l’état d’une quinzaine de capteurs, comme cette caméra qui voit à une centaine de kilomètres. En l’air, le pilote reçoit aussi des images, des informations envoyées par d’autres avions ou même des bateaux pour lui permettre d’avoir une vision d’ensemble. Mais là-haut, tout va très vite. Alors, pour que le cerveau humain ne soit pas saturé par cette avalanche d’informations, c’est un calculateur qui fait la synthèse pour le pilote sur un seul écran. Mais malgré cet ordinateur, un seul homme à bord saura-t-il tirer le maximum d’une telle machine ou faudra-t-il être deux ? C’est l’une des questions que l’armée de l’air se pose.
Intervenant 2
À partir d’un tel niveau de complexité, il semble évident qu’être deux dans l’avion, c’est beaucoup plus facile pour réussir une mission. D’ici six mois, je vous donne rendez-vous, et on aura des réponses définitives qui seront issues de l’ensemble des vols que nous aurons faits sur ces deux types d’appareils.
Journaliste
Au programme des six mois qui viennent donc, prise en main des appareils, puis compatibilité avec les avions moins modernes, enfin et surtout, combats aériens. Après quelques heures d’entraînement seulement, les rafales en bleu dominent régulièrement les rouges.
Intervenant 3
On était quasiment tout le temps saturé au niveau du [...]. On a eu beau faire [...].
Journaliste
Au débriefing et malgré leur jargon, on comprend vite que les pilotes, pourtant expérimentés des mirages 2000, sont impuissants. 294 appareils ont été commandés. Les dernières livraisons n’arriveront qu’en 2025. Les technologies d’alors n’auront plus rien à avoir avec celle d’aujourd’hui.
Intervenant 4
Certainement l’intérieur sera entièrement neuf, aura été modelé suivant le système d’arme qu’on aura dans le futur. Et les points d’import, nous avons 13 points d’emport qui peuvent emporter différents armements. Nous aurons peut-être, je ne sais pas, des pots pour guider des drones sur le champ de bataille, des nouveaux missiles, des générateurs de laser.
Journaliste
Le Rafale sera donc l’avion à tout faire de l’armée de l’air pour les 50 ans qui viennent.