La sietam à Dax

15 février 1973
06m 41s
Réf. 00621

Notice

Résumé :

Historique de l'entreprise SIETAM, créée après la fermeture de la Société Générale de fonderie.

Date de diffusion :
15 février 1973
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Même si le département des Landes n'appartient pas à un grand bassin industriel, il n'y a rien d'étonnant à découvrir que Saint-Paul-lès-Dax a longtemps bénéficié des emplois fournis par une filiale de la Société Générale de Fonderie (1). La métallurgie ici, c'est même historique puisque l'on trouve trace, dès le IIe siècle de notre ère, de bas fourneaux transformant le minerai de fer tiré de la garluche, sur le site des Abbesses (2).

En 1929, alors que s'amorce la grande crise mondiale, un ancien maître de forge, Jean Raty (1894-1958), crée une filiale des Hauts Fourneaux de Saulnes (3), la Société Générale de Fonderie. Cette entreprise, qui regroupe très vite quelques grands noms de l'industrie française (Chappée, Jacob et Delafon, les Grès blancs de Gargenville) est à son apogée à la fin des années 1950. Elle poursuit son extension, absorbant les Grès de Briare mais aussi les engrenages Piat, ce qui annonce un tournant stratégique, une diversification de ses activités ; elle rachète ensuite la société Durenne-Val d'Osne en 1971, qui devient la Générale d'Hydraulique et de Mécanique.

À Dax, où l'on dépend de ces décisions prises en Lorraine, on s'adapte aussi. La SGF, qui compte 27 usines en France et prospère en 1974 avec un chiffre d'affaires de 1,3 milliard, développe en effet une politique d'ajustement. On forme en interne et on s'adapte à la demande, limitant les plans sociaux toujours possibles face à la concurrence. On s'inspire en cela de ce qui a été fait, en 1967, aux Forges de l'Adour, à Tarnos (4). Ici aussi, « on démolit et on construit aujourd'hui encore » et ici, comme à Tarnos, l'AFPA (5) joue un rôle majeur dans cette restructuration. L'heure est donc à l'optimisme alors qu'un grand commis de l'État donne de sa personne pour prendre part à la vie économique de sa région...

Non, « l'industrialisation en Aquitaine n'est pas une utopie » puisque partout se développent effectivement des industries « de pointe » rattachées à des centres de recherche, associant dans un même projet un volant de personnel du secteur secondaire et des « cols blancs ». C'est bien là d'ailleurs le signe d'une évolution sensible de la sociologie du travail : les effectifs de la classe ouvrière commencent à s'éroder et l'on parle de plus en plus de techniciens, d'autant que le niveau de formation s'élève.

De 1973 à 1997, la SIETAM de Dax vit donc au rythme du pays mais subit déjà, à partir des années 1980, les aléas d'une économie en profonde évolution. Les délocalisations changent la donne, les mines de fer et de charbon de Lorraine ferment ; de gros fleurons industriels disparaissent ou changent d'orientation.

Cette période d'incertitude se conclut en 1997 par le redressement judiciaire du spécialiste des systèmes de manutention automatisée. Tous les établissements de la SGF ferment ; à Saint-Paul-lès-Dax on ne parle plus désormais que de « l'ancien site de la SIETAM », une friche industrielle qui devrait accueillir une piscine à l'horizon 2015 (6). Autres temps : la civilisation post-industrielle est largement tournée vers les loisirs malgré la courbe du chômage qui, en 2013, atteint des niveaux historiques. L'espérance de vie augmente malgré tout parallèlement et quelques « anciens » de la fringante société présentée par M. Lapeyrade se retrouvent aujourd'hui sur le site internet Copains d'avant pour évoquer le passé.

(1) La Société Générale de Fonderie ou SGF est une ancienne entreprise française, filiale de la société des hauts fourneaux de Saulnes.

(2) Appartenant au champ sémantique du gascon garlin, « sol humide et marécageux », la garluche (garluisha) est un grès ferrugineux fournissant un minerai médiocre dont l'exploitation a cependant engendré la création de nombreuses forges entre le début du XVIIIe siècle et la fin du XIXe. Constituant un substrat imperméable, elle est effectivement associée aux lieux humides.

(3) La forge de Saulnes est signalée dès 1474 avec un petit haut-fourneau mais il semblerait qu'elle soit abandonnée au milieu du XVIe siècle. C'est sur son emplacement que la Société des Hauts-Fourneaux de Saulnes-Raty et Cie met à feu un premier haut-fourneau en juillet 1874, un second vers 1880, puis un troisième en 1882. À la fin du XIXe siècle, l'usine compte quatre hauts-fourneaux dont trois sont à feu.

(4) Sur le site Empreintes landaises : « Une reconversion réussie le site du Boucau-Tarnos ». http://fresques.ina.fr/landes/liste/recherche/Theme.id/7/e#sort/DateAffichage/direction/DESC/page/4/size/10

(5) D'abord ANIFRMO (Association nationale interprofessionnelle pour la Formation rationnelle de la Main-d'Oeuvre) en 1949, elle devient AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes) en janvier 1966.

(6) Journal Sud Ouest (www.sud ouest.fr, 8 juin 2012).

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Ces caisses que l’on manipule ici avec aisance sont juchées à quelques 10 mètres de hauteur sur les bras d’un appareil de manutention d’un type que l’on dit unique en Europe. L’engin mesure 12,50 mètres de haut. Et pour mieux le filmer dans sa descente, nous nous sommes aidés d’un appareil d’élévation fabriqué par la même usine, qui est spécialisée dans ce type de production. Quatre appareils de cet ordre étaient en cours de finition dans l’usine quand nous nous y sommes rendus. Et tous quatre ont été commandés par une grande entreprise de Turin. Cela, c’est le résultat concret d’une longue histoire qui commence à Dax en 1968. À la sortie de Dax, sur la route de Peyrehorade, d’une vieille usine, la Société Générale de fonderie fermait ses portes définitivement le 31 juillet dernier ; après avoir cessé ses fabrications depuis le 31 mars. Elle avait employé jusqu’à 250 ouvriers. Il en restait alors une centaine. Pourtant, dans ces lieux, le travail ne semble pas avoir cessé. On démolit et l’on construit aujourd’hui encore. Parallèlement, cette année-là, les services de la formation professionnelle qui avaient assuré la conversion déjà quelques années plus tôt du personnel des forges du Boucau ; s’étaient insatallés sur les lieux mêmes de la fonderie. Tandis qu’à Dax, un sous-préfet courageux démissionnait pour prendre la direction de la nouvelle société. Ce directeur, qui a pris aujourd’hui sa retraite, c’était Monsieur Plantard. Vous comptez démarrer les travaux dans cette usine vers quelle date ?
Intervenant 1
Eh ben, nous allons démarrer tout doucement et non pas sur les chapeaux de roue. Il faut tenir compte de ce que notre personnel va se trouver brusquement transporté de l’école, si vous voulez, à la production. Il y aura une rupture de rythme. Et nous commencerons bien sûr nos fabrications par les pièces plus simples et non pas des appareillages compliqués, comme ceux qui sont pour l’instant fabriqués à l’usine.
Journaliste
Vous comptez démarrer avec un personnel de quel effectif ?
Intervenant 1
De 75 à 80 ouvriers et employés.
Journaliste
Un an plus tard, en 1969, comme prévu au programme, la société était entrée en activité, et plus de 70 personnes avaient retrouvé là un emploi en dépit d’un âge moyen de 40 ans. On citait alors en exemple un homme de 59 ans qui, après avoir suivi les cours de la formation professionnelle, était devenu tourneur dans cette nouvelle usine. Quatre années depuis se sont écoulées. Cette usine finalement, Monsieur Lapeyrade, où en est-elle actuellement ?
Intervenant 2
Notre usine de Dax occupe un effectif de 150 personnes qui se répartissent en différents services commerciaux ; administratifs, un important bureau d’études, plus les ateliers de fabrication.
Journaliste
Autre fabrication particulière de l’usine, cet engin qui est destiné au complexe de fosse ; et qui permet de manipuler et de basculer des bobines de fil métallique d’un poids unitaire d’une tonne.
(Bruit)
Journaliste
La progression constante depuis sa création de cette usine à Dax nous donne une fois encore la preuve ; que l’industrialisation de l’Aquitaine n’est pas du domaine de l’utopie, que la main d’œuvre de chez nous est parfaitement apte à accomplir des travaux souvent difficiles ; et la place que, en moins de cinq ans, cette usine a prise dans son groupe le montre au reste amplement.
Intervenant 2
Notre chiffre d’affaires pour l’usine de Dax est de 25 millions de nouveaux francs. Il représente un peu plus du tiers du chiffre d’affaires total de notre société qui s’élève à 75 millions de nouveaux francs. Nous avons développé notre action sur le sud-ouest et sur le bassin méditerranéen, notamment l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Yougoslavie.
Journaliste
Et quelle est la part finalement des exportations dans vos fabrications ?
Intervenant 2
Les exportations s’élèvent à un peu plus de 50 % de notre production.
Journaliste
50 %, c’est déjà par conséquent un chiffre très important dans une entreprise française. Quelles sont dès lors vos perspectives d’avenir ?
Intervenant 2
Nos perspectives d’avenir sont orientées vers des techniques de pointe et, en particulier vers l’automation que nous avons décidé de développer au plus haut point. C’est pour ça que nous avons créé un bureau d’études spécialisé qui s’occupe de la recherche. Et nous avons réalisé des automates qui sont de véritables robots, ainsi que des installations entièrement automatiques.
(Bruit)
Journaliste
C’était les derniers essais avant expédition. Lundi et mardi dernier, les quatre transstockeurs ont pris la route en direction de Turin, où ils témoigneront de la qualité du travail de l’Aquitaine.
(Bruit)