Les arènes de Montaut, Landes

05 juin 1976
05m 09s
Réf. 00626

Notice

Résumé :

Le préfet rend visite à Montaut à l'occasion de l'inauguration des nouvelles arènes, construites par les habitants de Montaut eux mêmes.

Date de diffusion :
05 juin 1976

Éclairage

Les arènes constituent l'un des patrimoines architecturaux les plus originaux des Landes. C'est en effet dans ce département, et essentiellement au sud d'un axe Dax – Mont-de-Marsan – Gabarret, que l'on trouve la plupart de ces espaces dédiés à la tauromachie, et en particulier à la course landaise. La Chalosse, terre de prédilection de ce sport, en concentre la majorité, près de 80 sur 92, dont plusieurs ont été construites grâce au bénévolat de l'ensemble de la population.

C'est le cas de celles de Montaut, petit village chalossais qui peut s'enorgueillir d'une très grande ancienneté de sa tradition tauromachique. Son nom apparaît en effet pour la première fois dans des lettres patentes de janvier 1648 portant interdiction de la « course du taureau » dans tout le diocèse d'Aire-sur-l'Adour. Cette pratique de faire courir un bœuf ou un taureau encordé dans les rues des villes et des villages avait cours au moins depuis le XIIIe siècle à Bayonne et depuis le milieu du XVe siècle en Chalosse. On retrouve Montaut en l'an IV de la République (juin 1796) à l'occasion d'un projet de course porté par les jeunes de la commune. Ils déclarent d'ailleurs « qu'il serait honteux pour eux de laisser ternir la gloire que la commune de Montaut s'est constamment acquise par ses brillantes courses », et décident que celle-ci devrait se dérouler sur la Place de Domane. Ce lieu prit très vite, comme dans d'autres villages voisins, le nom de « Place de la Course ».

Tout au long du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, Montaut va perpétuer chaque année cette tradition lors de ses fêtes patronales du début du mois de septembre mais sans disposer d'arènes fixes. Au début des années 1970, naît l'idée d'en construire enfin et de mobiliser l'ensemble de la population afin qu'elle participe de manière bénévole aux travaux. Grâce à l'intervention de l'architecte montois M. Depruneaux, elles sont édifiées en deux ans sur une ancienne motte castrale dominant la vallée du Gabas, et inaugurées en ce début d'été 1976. Bâties en béton avec des gradins en amphithéâtre pouvant accueillir un peu plus de 1 000 spectateurs, elles font référence au modèle espagnol mais n'en adoptent pas la forme ronde. Comme dans celles d'Amou, de Pomarez ou de Saint-Cricq-Chalosse, la piste est oblongue et se rapproche ainsi de la forme traditionnelle des arènes de course landaise en fer à cheval. Cette pratique du bénévolat pour doter des communautés villageoises d'arènes s'est perpétuée jusqu'à nos jours, comme on a pu le voir en juin 2013 lorsque la petite commune de Renung, dans le Tursan, a inauguré les siennes à la suite d'une telle mobilisation.

François Bordes

Transcription

(Musique)
(Bruit)
Journaliste
Il y a 106 ans que Montaut n’avait pas reçu la visite d’un préfet. Et c’est au cours d’un dimanche ensoleillé dans un village en fête que le préfet est arrivé. Un dimanche pas comme les autres, car Montaut venait de vivre une expérience extraordinaire. Montaut, c’est un petit village des Landes comptant 700 habitants. Et pendant deux années à Montaut, on a oublié ses querelles, ses rancunes, ses désunions pour faire se perpétuer une vieille tradition. À l’appel du premier magistrat du village, toute la population s’est rassemblée et a consacré plusieurs heures par jour, plusieurs jours par semaine ; à la construction des nouvelles arènes de 2 000 places.
Intervenant 1
C’est un acte de foi de l’ensemble d’une commune, de toute la population d’une commune, des 150 foyers de la commune vis-à-vis de la course landaise. C’est une tradition qui est plusieurs fois séculaire ici. Nous sommes ici à un des hauts lieux de la haute course landaise, et les gens ont voulu construire de leurs mains des arènes dignes de cette réputation. C’est une population qui a préservé une tradition et qui l’a rendue encore plus vivante que jamais.
Journaliste
On dit que Montaut est le berceau de la course landaise.
Intervenant 1
Berceau, je ne sais pas, mais ce que je sais, c’est qu’au XVIème siècle, on faisait courir le taureau avant tout, c’est expressions du temps.
Journaliste
Durant deux ans, aucune entreprise privée, aucune aide extérieure, seulement, tels les bâtisseurs de cathédrale, la population et le sentiment de réaliser quelque chose d’important.
(Bruit)
Journaliste
Vous avez participé à la construction de l’arène, qu’est-ce que vous avez fait ?
Intervenant 2
J’ai fait ce qu’on m’a commandé.
Journaliste
C’est-à-dire ?
Intervenant 2
C’est-à-dire que quand il y avait un Gaulois à faire d’un côté ou de l’autre, j’étais volontaire d’un côté comme de l’autre.
Intervenant 3
Pour moi, ce n’était pas difficile, on avait vraiment…, ce qu’on peut faire le dimanche, les travaux qu’on était aptes à faire.
Intervenant 2
Oui, c'est un travail pas très pénible, mais enfin il fallait y être.
Journaliste
Et vous travailliez quand ?
Intervenant 2
Toute la journée, pareil.
Inconnu 1
Tous les habitants s’y sont mis, on a demandé des volontaires, on y est allé quoi, les jeunes quand on avait un moment.
Journaliste
Et vous-même, qu’est-ce que vous avez fait ?
Inconnu 1
Moi, je n’avais pas fait grand-chose, je n’avais pas trop de temps. Mais enfin, j’ai peint un peu, et du bricolage.
Journaliste
Vous avez participé à la construction des arènes ?
Inconnue 1
Je pense bien
Journaliste
Qu’est-ce que vous aviez fait ?
Inconnue 1
Oh pas moi non, mais mon fils, mon petit-fils sont venus.
Journaliste
Et vous-même, vous êtes venu les aider ? Vous les avez encouragés ?
Inconnue 1
Oh que oui.
Journaliste
Vous avez toujours vécu à Montaut ?
Inconnue 1
Oui, j’avais 16 mois quand je suis arrivée à Montaut.
Journaliste
Et il y a toujours eu des courses de vache landaise à Montaut.
Inconnue 1
Toujours, et des belles.
(Bruit)