Opération sportez vous bien dans les Landes

L'association « sport pour tous » a été créée à Bordeaux avec le soutien de la direction régionale de la jeunesse et des sports d'Aquitaine (DRJSA), elle vise à promouvoir la pratique des activités physiques et sportives (APS). L'idée est de convaincre ceux qui ne pratiquent pas que les APS sont un excellent moyen de garder la forme et d'avoir des relations positives avec soi, les autres et l'environnement. Bien que basée dans l'agglomération bordelaise, Sport pour tous a lancé de multiples initiatives dans les départements d'Aquitaine, dans les grandes, moyennes et petites villes, mais aussi dans les villages. Elle propose le classement des villes et villages les plus sportifs afin de stimuler les initiatives, mais organise aussi régulièrement des manifestations qui rassemblent les sociétés locales lors de fêtes sportives et culturelles locales. Ainsi à Léon, dans les Landes, une opération rassemble, en juillet 1984, les clubs et les groupements culturels autour de nombreuses activités d'initiation ou de compétition, avec en particulier le tir à l'arc, le golf, la voile, la planche à voile, la randonnée et une course pédestre comptant plus de 600 participants. Pour que la fête soit complète, les organisateurs ont invité le groupe du musicien Bernard Lubat, initiateur du festival d'Uzeste en Gironde, qui accompagne, par des musiques variées et souvent improvisées, les activités de la journée. Elus municipaux, présidents de clubs, enseignants et responsables associatifs participent à l'opération qui attire les touristes de passage, mais vise aussi à mettre en place de nouvelles activités pour les jeunes et pour les plus âgés. L'opération « sportez-vous bien » à Léon est un exemple qui est reproduit dans de nombreuses communes du département et de la région, elle témoigne du dynamisme associatif local et montre qu'à côté du modèle sportif pur, dominé par l'organisation des clubs et la compétition, se précise un modèle centré sur les sports de loisirs qui affirme sa vitalité à l'écart des structures d'encadrement traditionnelles. Alors que les institutions sportives doivent garantir les gestes (la règle du jeu), les lieux (équipements et espaces sportifs) et organiser les rôles (les pratiquants, les champions, les dirigeants), le modèle du loisir fait souvent l'économie des lieux et des rôles. Il s'organise dans d'autres lieux urbains ou de nature qui se trouvent investis par des pratiques ludo-sportives : les exemples sont multiples autour des parcs, des plans d'eau, des espaces verts, des bases de loisirs, des plaines de jeux aménagées à l'extérieur des villes. Cette territorialisation périphérique n'a pas le même sens que celle réalisée par les clubs, les sociétés ou les patronages. Au modèle de socialisation locale fondé sur le recrutement de proximité et l'identification communautaire se substitue une territorialisation plus floue liée à la mobilité et à la promotion d'une société de consommation individuelle. Ces tendances s'accentuent avec la valorisation des sports de plein air et de grande nature qui correspondent à une autre perception de l'espace où la nature devient support d'activités et participe à la production de nouveaux lieux identitaires.

AUGUSTIN J.P. (2002) Pratiques sportives et territoires : les atouts des régions, in Sud-Ouest Européen, revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, n° 13, p.3-10 CALLÈDE J.P. Les politiques sportives en France, Paris, Économica, 2000, 190p. CHABOCHE J., Les collectivités face à l'intercommunalité sportive, Pouvoirs locaux, 2001, n°49, p.41-46 DRDJS Aquitaine, La pratique sportive en Aquitaine, 1999, 5p. HAUMONT A., “ Les pratiques sportives ” in Thomas Raymond (dir.), Sociologie du sport, Paris, PUF, 1987, p.65-150

Jean-Pierre Augustin