Rénovation d'un ancien monastère datant du Xème siècle

17 novembre 2011
01m 55s
Réf. 00743

Notice

Résumé :

Monument classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le monastère de Sorde dans le sud des Landes a été redécouvert il y a une quinzaine d'années et a fait l'objet d'un grand chantier de rénovation depuis 4 ans avec les techniques d'autrefois. Il deviendra un lieu de manifestations culturelles. Coût des travaux : 1,5 millions d'euros. Ils dureront encore 4 ans.

Date de diffusion :
17 novembre 2011
Source :

Éclairage

Établie sur la rive droite du gave d'Oloron, à un point stratégique, sur la voie romaine reliant Bordeaux à Saragosse, près de l'embranchement vers Lescar, Sorde est un centre important à l'époque romaine. En témoignent l'odonymie qui fournit les lieux-dits Barat de By, altération du gascon Barat de via, "fossé longeant une voie", et un "Chemin de Charlemagne" ; en attestent aussi les substructions de l'imposante villa située sous et devant la maison des abbés et celles qui rappellent un établissement lié au franchissement du fleuve.

Car la vie de Sorde (Sanctus Johannes de Sordua, aux XIe et XIIe siècles) est intimement liée à l'eau ; l'architecture des dépendances de l'abbaye qui comportent un imposant débarcadère pourvu de plusieurs portes permettant d'abriter les embarcations le rappelle, tout comme l'ensemble de cryptoportiques (1) remarquable qui pouvaient servir d'entrepôts pour les marchandises arrivant par la rivière. (2)

En bref, un site exceptionnel composé de plusieurs strates, de l'imposante villa gallo-romaine enchâssée dans l'abbatiale aux imposants bâtiments du XVIIe siècle liés à la vie domestique de l'abbaye, classé partiellement monument historique dès 1909 (3), consacré patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre des chemins de Saint-Jacques, en 1998.

On comprend dès lors les efforts consentis pour sauver de la ruine un tel ensemble. Mais le chantier est de grande ampleur et, compte tenu du caractère spécifique du lieu, il convient de faire appel aux compétences les plus pointues. Compagnons du devoir et ouvriers très spécialisés sont donc seuls habilités à diriger un tel chantier ; seuls capables de respecter le protocole suivi il y a des siècles pour redonner vie à la pierre.

En 2011, voilà donc 9 ans déjà que la Communauté de communes du Pays d'Orthe a lancé un programme pluriannuel de restauration. Il a permis, grâce au concours de l'État, de la Région, de la DRAC et du Département, d'intervenir, en 2007, sur le bâtiment sud-ouest du monastère et de programmer la restauration du logement du Prieur, jadis occupé par Augusta Arrieumerlou, chargée de sensibiliser les visiteurs aux richesses du lieu (4).

En octobre 2010, intervient ensuite la Fondation du Patrimoine qui, grâce au mécénat de la Fondation Total (18 millions d'euros entre 2006 et 2012), engage les travaux concernant l'aile est du monastère. Mais, au-delà de la sauvegarde d'un site majeur, cette réhabilitation prend une dimension sociale importante. En effet, via l'association Le Club du Vieux manoir (5), le chantier engage régulièrement des jeunes en vacances scolaires qui découvrent à la fois l'intérêt des métiers manuels, tant dévalorisés pendant des décennies, et le bonheur de prendre part à une action pérenne tout en acquérant des savoir-faire qu'il est indispensable de transmettre au plus vite.

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Cryptoportique

(2) http://www.centrecultureldupaysdorthe.com/le-pays-d-orthe/sorde-l-abbaye/

(3) Dans le cadre d'un site naturel classé en 1942.

(4) Empreintes landaises : « L'abbaye de Sorde ».

(5) Placée sous le haut patronage des ministères de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, de l'Environnement et de l'Education, Le Club du Vieux manoir est reconnu d'utilité publique par décret du 8 juillet 1970. Depuis sa création, en 1952, par Maurice Duton, quelque 100 000 jeunes ont participé au sauvetage et à la restauration de 240 monuments dans plus de 40 départements.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentatrice
On va maintenant partir dans le Sud des Landes à la découverte de l’Abbaye de Sorde, un monument qui a été redécouvert justement il y a 15 ans et qui pourrait accueillir un musée. Sylvain Bouchon, Gaël Leblanc.
Journaliste
En bordure du Gave de Pau, c’est l’un des joyaux patrimoniaux d’Aquitaine. L’ancien monastère de Sorde-l’Abbaye s’offre une seconde jeunesse. Fondé par une communauté de moines bénédictins au Xème siècle, le bâtiment est inscrit aux Monuments Historiques et au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Ici, tout est réalisé à l’identique et avec les techniques d’antan.
Frédéric Clerc
Si on veut faire quelque chose d’authentique, on est obligé de prendre des outils d’époque. Parce que autrement, à la machine, on n’arrive pas à avoir un layage, j’allais dire irrégulier, quoi. Une machine, ça va faire quelque chose de très mécanique. On n’aura pas notre aspect, parce que suivant chaque tailleur de pierre, il va taper plus ou moins fort ou des marques plus ou moins régulières.
Gaëlle Bourras
Oh, c’est magnifique ! Il n’y a rien de plus beau.
Journaliste
Pourquoi ?
Gaëlle Bourras
Rien que de penser déjà aux personnes qui travaillaient à l’époque, tailleurs de pierre de l’époque, les architectes de l’époque, tous ceux qui bâtissaient, et puis travailler derrière eux, le savoir qu’ils avaient à l’époque, c’est fantastique.
Journaliste
Les travaux de rénovation ont débuté il y a 4 ans. Le monastère a connu restructurations et pillages au fil des siècles. Dernièrement, il a surtout été victime d’abandon, ses ruines étaient totalement recouvertes de végétation. Une fois restauré, le monastère devrait prêter son cadre à des manifestations culturelles.
Isabelle Cailleton
L’idée, c’est d’aller chercher des artistes du XXème et du XXIème siècles pour des expositions. Donc, on s’appuyant, bien sûr, sur des prêts des grands musées.
Journaliste
D’un montant d’un million et demi d’euros, les travaux devraient se terminer d’ici 4 ans et permettre au monastère de traverser une nouvelle fois les galeries du temps pour sortir de l’ombre vers la lumière.