Grenade-sur-l'Adour : "22 communes pour entreprendre"

16 novembre 1988
02m 34s
Réf. 00756

Notice

Résumé :

La commune de Grenade-sur-l'Adour, dans les Landes, est celle qui a offert le plus d'opportunités pour la création d'entreprise au concours "22 communes pour réussir" lancé par l'agence nationale pour la création d'entreprises.

Date de diffusion :
16 novembre 1988
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Éclairage

En mai 1988, François Mitterand est réélu avec une majorité confortable et, après dissolution de l'Assemblée nationale, un second gouvernement Rocard est mis en place. Or, même si, depuis le premier choc pétrolier de 1973, pour la première fois, le chômage a tendance à baisser, le souci premier du gouvernement socialiste est, bien sûr, de favoriser la création d'emplois.

C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'ont été créés, en 1984, par le gouvernement Fabius, les T.U.C. (Travail d'Utilité Collective) ; c'est toujours dans la même perspective que, quatre ans plus tard, on continue à chercher des recettes permettant de juguler le fléau du chômage (1).

Si le problème est aigu en milieu urbain, il l'est encore bien davantage en milieu rural où les modes d'existence et de production nouveaux engendrent toujours et encore une hémorragie de la population vers les villes, accentuant les disparités entre les métropoles régionales en perpétuelle expansion et les campagnes en déshérence. D'où les nombreuses tentatives pour essayer de redynamiser des sites dont la localisation et le potentiel permettraient un raccordement aux pôles dynamiques.

Choisi, dans le cadre d'un concours imaginé par l'agence nationale pour la création d'entreprises, Grenade possède en effet quelques atouts. Notamment un positionnement intéressant par rapport à l'axe routier Bordeaux-Pau menant vers l'Espagne et une situation de carrefour entre Armagnac, Chalosse et Tursan, dans un environnement agréable constituant quelque attrait pour le tourisme vert. Mais tout ceci est bien fragile. Pourquoi les infrastructures d'une entreprise d'une certaine envergure sont-elles restées en friche, vides de machines, vides d'hommes ? Pourquoi la création d'un restaurant gastronomique prestigieux n'a-t-elle pas engendré immédiatement la dynamique que semblent attendre les élus responsables de la vitalité de ce territoire ?

La réponse réside certainement dans le fait que cette petite bastide, fondée en 1322, a perdu le prestige que lui conférait jadis sa position sur l'Adour, à un point défensif et stratégique lui permettant de contrôler à la fois le commerce fluvial, intense pendant des siècles, et les échanges nord-sud, au point de passage du fleuve. Marginalisée par les bouleversements intervenus au XXe siècle, elle n'a pas su longtemps évoluer face à l'exode vers les villes ; elle n'a pas su retrouver son souffle. Le monde a évolué et les lignes de force se trouvent ailleurs.

Cependant, si l'on considère la situation quelques décennies plus tard, force est de constater, malgré tout, que la croissance démographique et la vitalité de ce bourg traversé par un axe reliant deux pôles majeurs du département a bien évolué. Mont-de-Marsan et Aire-sur-l'Adour, tout proches, ont des bassins d'emplois suffisants pour permettre la stabilisation de la population de sorte que l'on peut considérer que le pari engagé en 1988 est, somme toute, gagné (2).

(1) L'année 1988 correspond également à la création du Revenu Minimum d'Insertion (RMI).

(2) La croissance démographique sur 10 ans y est de 0,39% (41 % moyenne nationale).

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentateur
A Paris, l’Agence Nationale pour la Création d’Entreprise a lancé il y a quelques mois un concours 22 communes pour entreprendre. Alors, pour chaque région, une commune a été sélectionnée par un jury parisien. Et pour l’Aquitaine, c’est Grenade-sur-L’adour au sud de Mont-de-Marsan qui a été retenu. Grenade-sur-L’adour a été la commune qui a proposé le plus d’opportunités pour les chefs d’entreprise ou repreneurs d’affaires ou encore investisseurs. Quelles sont ces opportunités ? Reportage, Annie Delmont, Jean-Louis Normand.
Journaliste
Difficile de se faire connaître des investisseurs économiques lorsqu’on est une petite commune de 2 000 habitants sans moyen financier, dont la vocation a toujours été agricole. Et pourtant, Grenade-sur-L’adour, en faisant acte de candidature à l’opération 22 communes pour entreprendre, lancée par l’Agence Nationale pour la Création d’Entreprise ; Grenade a retenu l’attention, pourquoi ? Parce qu’elle a des atouts pour convaincre créateurs et investisseurs.
Gérard Pradal
Ce que nous attendons, le conseil municipal et moi-même, c’est avant tout des créations d’emplois. Le problème de toutes les communes rurales, c’est l’emploi. Alors, nous avons un certain nombre d’opportunités à offrir à ceux qui veulent créer des emplois, entre autres cette usine relais ; que vous avez là et qui est vide, qui a été créée il y a trois ans. L’entreprise n’a pas réussi. Puis, nous avons aussi un très bon restaurant de très grande renommée qui voudrait aussi créer…, on aurait besoin d’un hôtel de 12 chambres à côté. Il y a un bâtiment, il faut faire le nécessaire. Nous avons aussi des petites opportunités, qui sont par exemple la reprise d’un élevage de volailles. Enfin, il y a beaucoup de choses à faire à Grenade en tout cas.
Journaliste
Le point le plus fort, cette usine relais de 900 mètres carrés réalisée il y a trois ans. Elle est aujourd’hui vide et à la disposition de toute industrie légère type électronique ou mécanique de précision ou pour tout autre destination, à condition qu’elle soit non polluante. Tout est aménagé, sol anti-poussière, six bureaux, extension possible. Autre atout, la présence d’une locomotive en matière de restauration. Un maître cuisinier a créé ici il y a un an et demi 14 emplois et un restaurant de prestige. Il cherche un partenaire pour réaliser un hôtel de 12 chambres qui pourrait être créé tout à côté dans un hôtel particulier du XVIIème. A Grenade, le cours du destin est en train de changer. Demain ici, des emplois, demain, d’autres commerces, opticiens, bijoutiers, poissonniers, une hôtellerie supplémentaire. Tout cela est réalisable, les appels sont lancés. On attend les réponses.