Grenade-sur-l'Adour : "22 communes pour entreprendre"
Notice
La commune de Grenade-sur-l'Adour, dans les Landes, est celle qui a offert le plus d'opportunités pour la création d'entreprise au concours "22 communes pour réussir" lancé par l'agence nationale pour la création d'entreprises.
Éclairage
En mai 1988, François Mitterand est réélu avec une majorité confortable et, après dissolution de l'Assemblée nationale, un second gouvernement Rocard est mis en place. Or, même si, depuis le premier choc pétrolier de 1973, pour la première fois, le chômage a tendance à baisser, le souci premier du gouvernement socialiste est, bien sûr, de favoriser la création d'emplois.
C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'ont été créés, en 1984, par le gouvernement Fabius, les T.U.C. (Travail d'Utilité Collective) ; c'est toujours dans la même perspective que, quatre ans plus tard, on continue à chercher des recettes permettant de juguler le fléau du chômage (1).
Si le problème est aigu en milieu urbain, il l'est encore bien davantage en milieu rural où les modes d'existence et de production nouveaux engendrent toujours et encore une hémorragie de la population vers les villes, accentuant les disparités entre les métropoles régionales en perpétuelle expansion et les campagnes en déshérence. D'où les nombreuses tentatives pour essayer de redynamiser des sites dont la localisation et le potentiel permettraient un raccordement aux pôles dynamiques.
Choisi, dans le cadre d'un concours imaginé par l'agence nationale pour la création d'entreprises, Grenade possède en effet quelques atouts. Notamment un positionnement intéressant par rapport à l'axe routier Bordeaux-Pau menant vers l'Espagne et une situation de carrefour entre Armagnac, Chalosse et Tursan, dans un environnement agréable constituant quelque attrait pour le tourisme vert. Mais tout ceci est bien fragile. Pourquoi les infrastructures d'une entreprise d'une certaine envergure sont-elles restées en friche, vides de machines, vides d'hommes ? Pourquoi la création d'un restaurant gastronomique prestigieux n'a-t-elle pas engendré immédiatement la dynamique que semblent attendre les élus responsables de la vitalité de ce territoire ?
La réponse réside certainement dans le fait que cette petite bastide, fondée en 1322, a perdu le prestige que lui conférait jadis sa position sur l'Adour, à un point défensif et stratégique lui permettant de contrôler à la fois le commerce fluvial, intense pendant des siècles, et les échanges nord-sud, au point de passage du fleuve. Marginalisée par les bouleversements intervenus au XXe siècle, elle n'a pas su longtemps évoluer face à l'exode vers les villes ; elle n'a pas su retrouver son souffle. Le monde a évolué et les lignes de force se trouvent ailleurs.
Cependant, si l'on considère la situation quelques décennies plus tard, force est de constater, malgré tout, que la croissance démographique et la vitalité de ce bourg traversé par un axe reliant deux pôles majeurs du département a bien évolué. Mont-de-Marsan et Aire-sur-l'Adour, tout proches, ont des bassins d'emplois suffisants pour permettre la stabilisation de la population de sorte que l'on peut considérer que le pari engagé en 1988 est, somme toute, gagné (2).
(1) L'année 1988 correspond également à la création du Revenu Minimum d'Insertion (RMI).
(2) La croissance démographique sur 10 ans y est de 0,39% (41 % moyenne nationale).