Communes et gestion de l'eau dans les Landes

12 mars 2012
02m 42s
Réf. 00839

Notice

Résumé :
Présentation d'une initiative intéressante  : celle du Conseil Général des Landes... Depuis plusieurs années maintenant, il encourage les communes à abandonner les opérateurs privés pour passer en régie départementale... Résultat : les factures d'eau de 75 villes ou villages ont sérieusement baissé et la qualité de l'eau s'est améliorée. Reportage sur place, Francis MAZOYER, Bernard BONNARME
Date de diffusion :
12 mars 2012
Source :
A2 (Collection: 13 heures )

Éclairage

Pour la plupart des Français, les Landais en particulier, qui vivent en Aquitaine1, l’eau ne constitue pas une préoccupation essentielle. Évidemment ! Depuis que l’eau jaillit au robinet dans tous les foyers depuis la fin des années 1960, rien n’est plus naturel que d’en user et d’en abuser. Et il faut des épisodes comme celui de la tempête Klaus, fin janvier 2009, qui a privé du précieux liquide des milliers de foyers pendant des jours, pour qu’on en évalue précisément son prix2. Car l’eau n’arrive pas toute seule dans les canalisations et le long processus d’adduction a un coût.

Pour le reste de l’humanité – même dans certains pays européens – c’est une autre histoire. L’eau est un enjeu majeur, la source inavouée de nombreux conflits3, l’origine certaine de futurs affrontements. Démographie croissante, pollutions, surconsommation par une agriculture toujours plus exigeante en matière d’irrigation, industrie, réchauffement climatique et désertification constituent un cocktail explosif pour l’ensemble de la planète.

Aussi, en 1996, fut fondé à Marseille le Conseil mondial de l'eau, une collaboration internationale d'ONG, de gouvernements et d'organisations internationales pour résoudre les problèmes liés à l'eau dans le monde, regroupant en 2013 plus de 350 organisations à travers 50 pays. Il organise, tous les trois ans, le « Forum mondial de l'eau » qui coïncide avec la Journée mondiale de l'eau, fixée le 22 mars4.

C’est donc, en cette année 2012, le Sixième forum qui se tient à Marseille, du 12 au 17 mars, lieu d’origine de l’organisation humanitaire, avec pour thème de réflexion  « Le temps des solutions ». Or, dans les Landes, on n’aura pas attendu les préconisations de ce forum pour s’inquiéter de l’accès de tous à l’eau, au meilleur coût, et trouver des solutions. Mais ce fut de haute lutte !

Dès 1996, en effet, le président du Conseil général Henri Emmanuelli, entame un combat acharné contre le syndicat professionnel des trois géants français de l’eau et des services à l’environnement, Suez, Veolia et Saur. Et d’argumenter en soulignant que « le département, s’il a toujours accompagné l’investissement des communes, refuse de contribuer à financer sur fonds publics des équipements qui serviront à enrichir les sociétés privées. »5. L’eau n’est pas une marchandise, c’est un bien commun qu’il convient de préserver. Car ici il ne s’agit pas de lutter contre des défis géologiques ou climatiques mais de se départir de la dépendance de groupes privés tirant un profit démesuré de l’impérieuse nécessité d’assurer l’approvisionnement d’une ressource vitale.

Le dispositif mis en place sous l’égide du département s’appuie donc sur le Syndicat mixte départemental d’équipement des communes des Landes (Sydec) ; cet opérateur public doté de moyens techniques et humains importants, joue tantôt le rôle de consultant auprès des communes désireuses de reprendre le contrôle de leurs réseaux, assume tantôt la régie de celles qui n’en ont pas la capacité, introduisant de facto une véritable concurrence sur le marché de l’eau et de l’assainissement. C’est une gestion vertueuse car un service technique mutualisé fonctionne en régie directe et le commanditaire – service public – lui,  « ne distribue pas de dividendes » mais, au contraire, « réinvestit », alimentant ainsi un cercle vertueux.

Une belle récompense d’être cité ainsi en exemple ! Une satisfaction aussi de pouvoir dénoncer ouvertement, à cette occasion et à la France entière, la collusion entre les différents opérateurs : « On voyait bien qu’ils se téléphonaient… ».

Une politique de bon aloi qui permet à Monsieur Laborde, à Aire6, et à Janette Lamarque, à Rions, d’avoir une facture allégée…et une eau de qualité.
 

1) Empreintes landaises : parcours thématique « L’eau dans les Landes ».

2)http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1872_tempete_exceptionnelle_France.php

3)http://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du.html

4)http://cdurable.eu/6eme-Forum-Mondial-Eau-Marseille-2012-World-Water-Forum.html

5,6)http://fresques.ina.fr/landes/liste/recherche/aire/s#sort/-pertinence-/direction/DESC/page/1/size/10
Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentatrice
Le sixième forum mondial de l’eau s’ouvre aujourd’hui, et pour six semaines à Marseille. Il y aura en tout 20 000 participants venus de 140 pays. Et ils vont plancher pour trouver des solutions pour assurer l’accès à l’eau potable de toute l’humanité. Et c’est de plus en plus difficile puisque les ressources diminuent et la population, vous le savez, augmente. Nous, on a choisi de vous présenter une initiative intéressante, celle du conseil général des Landes. Depuis plusieurs années maintenant, il encourage les communes à abandonner les opérateurs privés pour passer en régie départementale. Résultat, les factures d’eau de 75 villes ou villages ont sérieusement baissé et la qualité de l’eau s’est améliorée. Reportage sur place Francis Mazoyer, Bernard Bonnarme.
Journaliste
A Rion-des-Landes, l’eau potable est l’une des moins chères de France, 1 euro seulement le mètre cube. Le secret de cette commune, le choix en 2003 du service public de l’eau au détriment du privé, de la régie départementale à la place de la CGE. Alors que l’eau augmente en moyenne de 3 % par an en France, ici les prix sont restés stables et la qualité s’est améliorée.
Janette Lamarque
Il nous arrivait d’avoir relativement souvent de l’eau très marron, ferrugineuse. Et aujourd’hui, voilà, ça ne peut pas être plus parlant, c’est tout clair, c’est nickel.
Journaliste
Car 20 kilomètres de canalisation ont été remplacés. Les tarifs sont inférieurs à la moyenne nationale. On le voit ici pour le forfait eau et assainissement, auxquels souscrivent la plupart des abonnés ; ce qui permet de faire baisser les prix, un service technique mutualisé, des agents qui interviennent gratuitement dans 75 communes.
Larent Civel
Et là, les travaux il y en a pour combien de temps à peu près ?
Journaliste
Une stratégie très différente du privé.
Larent Civel
Le syndicat du département des Landes ne distribue pas de dividende. C’est-à-dire que bien entendu, il y a des résultats tout à fait positifs, et ces résultats sont réintroduits, réintégrés, réinvestis dans le réseau.
Journaliste
C’est Henri Emmanuelli le président du conseil général qui a développé la régie. Car dans les années 90, une étude montrait un écart de prix de 70 % entre public et privé. En toile de fond, des soupçons d’entente.
Henri Emmanuelli
On voyait bien qu’ils se téléphonaient.
Journaliste
Ils s’entendaient sur quoi à votre avis ?
Henri Emmanuelli
Sur les prix, et moi je vais là, c’est chez moi, tu ne viens pas chez moi, je passe mon tour, la prochaine fois, tu me renverras l’ascenseur. Et moi, je n’ai pas de preuve, je n’ai pas de capacité d’enquête. Je laisse faire aujourd’hui la commission européenne.
Journaliste
Dans le domaine de l’eau, les aides à l’investissement du département sont réservées aux communes en régie. Les Landes ont obtenu ce droit après 15 ans de bataille judiciaire contre les compagnies privées.