Capbreton les abysses

27 mai 2014
06m 11s
Réf. 00927

Notice

Résumé :
Découverte de l'histoire de la station balnéaire de Capbreton sur le littoral de la Côte d'argent, en compagnie de l'écrivain Hugo Verlomme. Le lieu est connu pour son canyon sous marin, dont les abysses annihilent les vagues, et les constructions côtières, entre estacade et blockhaus.
Type de média :
Date de diffusion :
27 mai 2014
Source :
FR3 (Collection: Midi en France )
Personnalité(s) :

Éclairage

L’émission « Midi en France » présentée en direct de Seignosse propose de faire découvrir les Landes, entre océan et forêt. Aussi, en cette deuxième journée de reportage (diffusée le 27 mai 2014), elle nous emmène sur le littoral de la Côte d’Argent, à Capbreton.

Situé à l’embouchure de l’Adour, Capbreton était un port actif aux XII° et XIII° siècles puis il est devenu une station balnéaire (c’est d’ailleurs le seul port des Landes où l’on peut amarrer son voilier). En effet, en 1578, après de gigantesques travaux, l’Adour fut détournée au Boucau Neuf, évènement qui entraîna la chute progressive mais irrémédiable de Capbreton. Mais l’empereur Napoléon III décida les travaux qui redonnèrent vie à l’ancien port, lequel connaîtra, entre autres, un regain d’activité dans la première moitié du XX° siècle avec une importante flottille sardinière et la construction d’une sardinerie qui fermera en 1954. Mais c’est surtout avec la mode des bains de mer, à la fin du XIX° siècle, que Capbreton renaîtra de ses cendres. La création du port de plaisance, suivie de l’avènement de l’aire du surf et de la glisse, termineront de transformer Capbreton en une des stations les plus dynamiques de la Côte Sud des Landes. Aussi, on trouve à Capbreton un vrai joyau des Landes, les abysses.

Au bord du Golfe de Gascogne, à quelques encablures des côtes landaises, le Gouffre de Capbreton, immense vallée sous-marine descend à des profondeurs abyssales. Ce canyon sous-marin, le plus fascinant du globe,  c’est une entaille profonde dans le talus continental, il est très connu dans le monde entier par les chercheurs. Ecrivain, Hugo Verlomme explique dans ce reportage les raisons de ce « succès » en s’appuyant sur des vues de ce dernier par images de synthèse. Le Gouffre de Capbreton a des particularités. C’est grâce à lui que, d’une part, pullulent ici poissons et crustacés et, d’autre part, se forment les vagues qui font le bonheur des surfeurs. Ainsi, c’est le gouffre qui fait de Capbreton un lieu réellement exceptionnel.

A Capbreton, c’est donc l’Océan qui est le maître des lieux comme en témoigne le symbole de la ville le plus connu : c’est une estacade du XIX° siècle destinée à protéger l’entrée du port mais qui a souffert des tempêtes de l’hiver, il faut reconstruire, réparer les dégâts. Elles ont aussi grignoté la côte (en raison du processus d’érosion) de sorte que les blockhaus qui étaient entourés dans les années 1950 de végétation sont aujourd’hui les pieds dans l’eau, ce qui montre que les dunes ont reculé. Intempéries, vagues, tempêtes ont fait que les blockhaus sont appréciés et font partie intégrante du paysage. Symboles du mur de l’Atlantique de la Seconde Guerre Mondiale, ils sont devenus un lieu de promenade auquel sont attachés tous les Capbretonnais.

A Capbreton, l’air vigoureux de l’Atlantique inspire bien des sentiments bien pacifiques …
Marie Pendanx

Transcription

Journaliste
Avec ses ruelles, ses maisonnettes gentiment apprêtées ; avec son église et sa tour ; avec la Maison du Rey où séjournât Henri IV, Capbreton est l’un des joyaux des Landes. Mais pour découvrir ce qui fait sa vraie richesse, il faut se rapprocher de la côte. Depuis toujours, l’Océan Atlantique frappe de sa houle rageuse les plages de Capbreton. Et le vent s’abat sans discontinue sur la côte. Ici, au bord du Golfe de Gascogne, les éléments sont les architectes du paysage. A 62 ans, Hugo Verlomme est un écrivain passionné par la mer. Pour lui, le site le plus exceptionnel de la ville se trouve sous l’eau juste à la sortie de cette passe. Il s’agit de ce que l’on appelle Le Gouf ; une formation géologique exceptionnelle.
(Musique)
Hugo Verlomme
C’est un canyon sous-marin très connu dans le monde entier par les chercheurs parce qu’il a des particularités que n’ont pas d’autres canyons. C’est un canyon qu’on pourrait comparer un petit peu au canyon du Colorado par son gigantisme et par sa morphologie.
Journaliste
Le Gouf, c’est tout le mystère des abysses à quelques centaines de mètres à peine de la côte. Ces images de synthèses permettent d’en mesurer l’immensité. Avec ses 200 km de long, ses plateaux, ses précipices qui s’enfoncent jusqu’à 3500 m de fond, le Gouf est l’un des canyons sous-marin les plus fascinants du monde. Le port de Capbreton lui doit sa prospérité. C’est grâce au Gouf que pullulent ici poissons et crustacés dont les marins landais tirent le meilleur parti. Et c’est grâce aussi à lui que se forment les vagues qui font le bonheur des surfeurs. Pour Hugo, c’est Le Gouf encore largement inexploré qui fait de Capbreton un lieu réellement exceptionnel.
(Musique)
Hugo Verlomme
Cet endroit ne peut pas avoir été un site désigné par la nature depuis des millions d’années puisque ce Gouf est très ancien, sans avoir une force particulière, une magie, un tellurisme et quelque chose de spécial.
Journaliste
A Capbreton, c’est donc l’océan qui est le maitre des lieux. Rien d’étonnant à ce que le symbole le plus connu de la ville soit cette estacade datant du 19ème siècle. Destiné à protéger l’entrée du port, cet assemblage de madriers n’a pas été conçu du tout au hasard.
Hugo Verlomme
Cette estacade est bâtie à claire-voie c’est-à-dire que la mer peut passer à travers cet édifice. Les courants, les vagues peuvent passer à travers, ce qui fait qu’il résiste beaucoup mieux à la mer qu’un mur qui serait très solidement construit en béton, et qui risquerait d’être abîmé par les assauts de l’océan qui sont très puissants ici.
Journaliste
Malgré toute l’ingéniosité de cette construction, l’estacade a souffert des furieuses tempêtes de l’hiver. Ce sont les vagues qui ont littéralement arraché ces poutres. Il faut donc reconstruire. Et c’est le travail de Nicolas. Pour lui, la tâche est plutôt difficile.
Nicolas Marco
C’est compliqué par rapport à non seulement aux intempéries, mais surtout par rapport à la marée puisque comme ça monte vite, on est obligé de faire en fonction de la marée et de travailler le plus rapidement possible oui.
Journaliste
Mais s’il en répare les dégâts impressionnants ; en bon landais, Nicolas admire avant tout l’aspect spectaculaire des tempêtes.
Nicolas Marco
Comme pas mal de capbretonnais, on vient au bord de la mer, on constate les grosses vagues mais c’est rien de traumatisant. On en a quand même vu quelques unes.
Journaliste
Les tempêtes de l’hiver n’ont pas seulement attaqué l’estacade ; elles ont aussi grignoté la côte. Et cela peut paraitre incroyable, mais en seulement un an, elle a reculé de près de 20 m par endroit. Mais ce processus d’érosion ne date pas d’hier. Pour s’en rendre compte, il faut aller sur la plage où se dressent ces blockhaus.
Hugo Verlomme
Quand j’étais gamin dans les années 50, nous allions jouer dans les blockhaus de Capbreton mais pour y parvenir, il fallait se frayer un chemin dans les broussailles, dans les murs et les ronces parce que ces blockhaus étaient toujours sur la dune. Dans les années 50, ils étaient entourés de végétations et on ne les voyait presque plus. Or, aujourd’hui, ces blockhaus sont à l’emplacement exact où ils ont été construits. C’est-à-dire ils ne sont pas tombés de la dune, c’est la dune qui a été retiré en-dessous comme on tire un tapis, comme on tire une nappe. Et nous voyons à quel point ces blockhaus qui sont maintenant les pieds dans l’eau tout le temps, montrent à quel point notre côte, nos dunes, ont reculé de façon dramatique.
Journaliste
Echouées sur le sable, ces extraordinaires masses de béton évoquent un paysage de science-fiction telles les ruines d’une cité abandonnée. On se croirait presque dans un décor de cinéma.
Hugo Verlomme
Avec les intempéries, avec les tempêtes, avec les algues, avec les vagues, avec le fait qu’ils soient déplacés dans tous les sens ; eh bien, on a fini par aimer ces blockhaus. Ils font partis de la plage. Les gens viennent de partout pour les photographier. De temps en temps ils apparaissent ; de temps en temps le sable les recouvre. Ils sont vivants. Et c’est vrai que maintenant j’aime ces monuments comme quelque chose faisant partie intégrante de la plage de Cap Breton.
(Musique)
Journaliste
Un attachement que partagent d’ailleurs tous les Capbretonnais. Et ces blockhaus, symboles du Mur de l’Atlantique et de la deuxième guerre mondiale, sont devenus un lieu de promenade pour les familles et pour les toutous. Car à Capbreton, l’air vigoureux de l’Atlantique inspire désormais des sentiments bien pacifiques.
(Musique)