Le port fluvial de Lille

23 avril 2005
07m 28s
Réf. 00002

Notice

Résumé :
Visite du port fluvial de Lille, le troisième en France après ceux de Paris et de Strasbourg. Depuis sa création, juste après la Seconde Guerre mondiale, les activités portuaires se sont multipliées. Lille est situé au cœur d'un véritable nœud fluvial et le transport par voie d'eau est en pleine expansion.
Type de média :
Date de diffusion :
23 avril 2005
Lieux :

Éclairage

L’histoire de Lille est intimement liée à l’eau. Les voies d’eau sont le premier moyen de transport de marchandises et Lille, port sur la Deûle, raccordée à l’Escaut, la Scarpe et la Lys, devient rapidement un carrefour des échanges avec les grandes villes flamandes. La canalisation de la Deûle, l’aménagement de trois ports intérieurs, la déviation de la Haute Deûle pour le passage des bateaux, l’industrialisation, en font un nœud du transport fluvial. Après la Première Guerre mondiale, la démolition des fortifications va permettre l’implantation du nouveau port sur le site actuel, en remplacement du Port Vauban. Un décret du Président Albert Lebrun publié au Journal Officiel du 20 avril 1935 cède la concession du port à la Chambre de commerce de Lille. La grande darse de 300 mètres est créée en 1937, les quais aménagés en 1946 et le port achevé en 1952. Il se développe, passant de la manutention traditionnelle des années 1950-1960 au transfert par palettes et à la multiplication des entrepôts entre 1960 et 1980. En 1990, la création du terminal à conteneurs répond à l’expansion des besoins du trafic international. Aujourd’hui, le complexe Ports de Lille regroupe une quinzaine de sites en Nord-Pas-de-Calais : Santes, Haubourdin, Wambrechies, Halluin, Loos-Sequedin, Marquette, Houplin-Anquoisne en Métropole lilloise, ainsi que les ports d’Arques, de Douai, d’Harnes et de Maquion. Tous sont multimodaux et combinent au moins deux modes de transport, voire trois (fleuve, route et rail) comme celui de Lille, troisième port de France, qui s’étend sur 57 hectares.

Ce reportage de 2005 fait intervenir des personnalités qui évoquent les enjeux économiques et politiques de Ports de Lille. Fil rouge, Bernard Duquenne, ancien batelier-artisan, a dû se reconvertir comme magasinier en 1988. Mémoire ouvrière des lieux, il a assisté à la transformation radicale des installations et des méthodes de travail.

Directeur général de Ports de Lille depuis 1989, Bernard Pacory est également Directeur Général Adjoint en charge des Ports et Parcs d’activité de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Grand Lille et Directeur général délégué de Delta3, première plate forme logistique trimodale d’Europe située à Dourges, ce qui dénote l‘étroite imbrication des structures. Il retrace la stratégie globale d’expansion du complexe portuaire et de diversification des services.

Directeur général Import-export d’un hypermarché - le Groupe Auchan - Léandre Boulez précise le rôle du port dans le commerce mondialisé et l’articulation avec les besoins du puissant secteur de la grande distribution locale.

Bruno Bonduelle, figure du patronat nordiste, a dirigé des années durant le groupe Bonduelle avant de se tourner vers la promotion de la métropole comme président de la CCI de Lille puis comme créateur du Comité Grand Lille. Le président de la CCI Grand Lille soutient l’essor du transport fluvial, réponse efficace à la saturation de la route et à l’enjeu écologique de lutte contre la pollution. L’atout de Ports de Lille est sa position stratégique au cœur du dispositif fluvial régional et transfrontalier et son développement économique passe par l’aménagement du territoire. Bruno Bonduelle défend la construction du Canal Seine-Nord Europe, canal à grand gabarit de 106 km qui doit assurer la liaison entre le bassin parisien et les grands ports du nord de l’Europe. Ce projet, en débat depuis 20 ans, n’a toujours pas vu le jour en raison de l’explosion des coûts. Au schéma initial de partenariat public/privé s’est substitué un financement croisé de l’Etat (via le contrat Etat-Région 2015-2020), des Régions et des Départements concernés par le tracé, ainsi que de l’Union Européenne. Le 28 septembre 2014, Manuel Valls, Premier ministre, a annoncé depuis le site de Marquion, le lancement du chantier en 2017 pour un coût ramené à l’évaluation initiale de 4,5 milliards d’euros avec une mise en service prévue en 2023 : 12 à 15 000 emplois sont en jeu sur l’ensemble des territoires et l’inscription dans le futur réseau transeuropéen de transports RTE-T.

En 2015, le site de Ports de Lille vient d’inaugurer le CMDU, Centre Multimodal de Distribution Urbaine, réorganisation de la logistique de la distribution de proximité et s’inscrit en outre dans les projets de développement urbain et de requalification des quartiers des Bois Blancs, Canteleu et Lomme Marais : EuraTechnologies et les rives de la Haute Deûle, reconversion de la Gare d’eau, actuellement gare à péniches, en zone de loisirs.
Isabelle Duquenne

Transcription

Présentatrice
Mais pour commencer ce magazine, je vous propose une visite du port fluvial de Lille, le troisième en France après ceux de Paris et de Strasbourg. Depuis sa création, juste après la Seconde Guerre mondiale, les activités portuaires se sont multipliées. Il faut dire que Lille est située au coeur d’un véritable noeud fluvial et le transport par voie d’eau est en pleine expansion. Germain Andrieux et Jean-Marie Barféty nous font découvrir ce lieu aux multiples visages.
(musique)
Bernard Duquenne
J’ai arrêté avec ma péniche en juin 88, ici à Lille. Je l’ai vue partir avec un autre propriétaire.
Journaliste
Pour Bernard, la batellerie, c’est avant tout une histoire de famille. Batelier artisan pendant plus de 20 ans, Bernard travaille aujourd’hui sur la terre ferme. Véritable mémoire des lieux, il se rappelle encore de sa première découverte du port.
Bernard Duquenne
Il y avait un système de pont roulant qui venait jusqu’à l’aplomb des péniches, quoi, au-dessus du canal, et ça permettait de décharger, charger.
Journaliste
Créé en 1948, le port de Lille ne représente alors qu’une surface de 1000 mètres carrés. A l’époque, simple lieu de transfert pour les marchandises en vrac, comme le sable ou le gravier, son visage aujourd’hui a beaucoup changé.
Bernard Pacori
1955-60, c’est plutôt la manutention traditionnelle. 1960-1980, c’est le début des entrepôts et donc de la manutention, j’allais dire, horizontale, permettant donc le transfert de palettes plutôt que de marchandise vrac. 1980-2000, c’est toute cette évolution dans le domaine du container, dans le domaine de l’entrepôt dit de haute qualité, marchandises à valeur ajoutée.
(musique)
Journaliste
Petite visite guidée des lieux, pour la plupart des Lillois, le port fluvial se limite à cette façade. Derrière cette entrée, c’est une valse permanente de camions et les premiers quais de stockage et de déstockage dans les entrepôts.
(musique)
Journaliste
De l’autre côté, 16 kilomètres de voies ferrées longent les bâtiments et la première darse du port.
(musique)
Journaliste
Deuxième entrée, et c’est ici le coeur du port fluvial, 75000 mètres carrés pour les containers.
Bernard Duquenne
Autrefois, c’était un marchand de ferraille, un négociant en ferraille et il y avait aussi un grand, un marchand de charbon.
Journaliste
Pièce maîtresse du dispositif, le portique de transbordement.
(musique)
Bernard Duquenne
A l’époque, c’était beaucoup à l’aide de bennes, étant donné que les marchandises que je transportais étaient principalement du vrac. Ou il y avait aussi, pour les céréales, des systèmes de tuyaux, quoi, d’aspirateurs qui aspiraient la marchandise.
Léandre Boulez
Techniquement, nos entrepôts ne sont pas directement sur le port, donc les containers vont arriver soit de Dunkerque, soit d’Anvers par transport fluvial. Ici, ils vont être déchargés et chargés sur des camions, mais seulement pour les 10 ou 15 derniers kilomètres. Donc, une très faible part du transport est réalisée en camions.
Journaliste
Le transport fluvial permet à cette grande surface d’importer plus de 1500 containers par an dans Lille et son agglomération.
Léandre Boulez
Nous avons importé pour les ventes de ce printemps plus de 150 containers de mobilier de jardin produits essentiellement en Indonésie et pour lesquels, le transport le plus efficace, c’est effectivement, au-delà du transport maritime, le transport fluvial jusqu’au port de Lille. Nous fonctionnons principalement au départ de l’Asie, puisque aujourd’hui, c’est une grande partie de la production, mais aussi des volumes d’Amérique du sud, et parfois des volumes plus proches.
Journaliste
Meubles, vêtements ou encore, pièces détachées, le transport fluvial est adopté par plusieurs entreprises. Pour Lille 2004, en suivant la même méthode, plus de 300 000 pavés sont ainsi arrivés de Chine. En tout, 60 containers, soit l’équivalent de 2 kilomètres de camions sur la route.
Bruno Bonduelle
Les échanges par le fleuve vont beaucoup se développer, puisque les autoroutes sont saturées, que c’est écologiquement tout à fait intéressant puisque on sait qu’il faut dix fois moins d’énergie pour transporter 1 kilo sur une péniche que sur un camion.
Journaliste
Plus économique et plus fiable, le trafic fluvial a doublé en l’espace de trois ans. Un système alternatif aux réseaux classiques, et pour le développer, un aménagement du territoire est aujourd’hui indispensable.
Bruno Bonduelle
Les ponts vont être levés entre Lille et Dunkerque pour permettre le passage de plusieurs boîtes, car c’est aujourd’hui le transport par containers qui se développe le plus. Nous allons avoir le canal Seine Nord dont les travaux vont commencer en 2009, qui vont se terminer en 2012. Donc, Lille va se trouver au milieu d’un réseau de fleuves qui commence au Havre et qui passe par Paris, qui arrive ensuite à Rotterdam, à Anvers, à Dunkerque et nous sommes au milieu de tout ce dispositif fluvial.
(musique)
Journaliste
Les marchandises sont parfois en transit dans ces entrepôts, eau, liquide, bière, ces palettes sont ensuite transportées par camions entiers vers l’Angleterre.
(musique)
Journaliste
Au fur et à mesure, le port invente de nouvelles activités, un service de transport des ordures ménagères par voie fluviale est mis en service en 2001.
(musique)
Bernard Pacori
La collectivité, communauté urbaine a décidé d’arrêter ses usines d’incinération, et donc, d’ouvrir le futur centre de valorisation énergétique et bientôt, le centre de valorisation organique. Tout naturellement, nous nous sommes penchés sur cette capacité de transport par la voie d’eau de ces marchandises valorisées, ou en tout cas à valoriser.
Journaliste
Le port fluvial n’a aujourd’hui plus grand-chose à voir avec ses débuts. Modernisation de la logistique, diversification des activités, relais indispensable, le transport fluvial connaît un retour en grâce.
Bernard Duquenne
A l’époque où j’ai quitté la profession, mon ancien métier, disons, était un peu laissé pour compte, un peu laissé sur le côté, et de voir qu’actuellement, il reprend de l’essor, c’est un bon point.
Journaliste
Au-delà des infrastructures, il s’agit désormais de réveiller des vocations. Certains pionniers du port ont décidé de jeter l’ancre.
Bernard Duquenne
C’est un port d’attache qui m’est, auquel je suis un peu attaché, finalement.
(musique)