Les cheminées industrielles de Roubaix

04 février 2006
02m
Réf. 00063

Notice

Résumé :
Roubaix comptait plus de 1 000 cheminées d'usine, il n'en reste plus que 37. Reportage sur l'association Le Non-Lieu qui assure la défense de patrimoines industriels remarquables comme les deux cheminées voisines de l'usine Cavrois-Mahieu à Roubaix.
Type de média :
Date de diffusion :
04 février 2006
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Éclairage

Le journaliste Fréderic Haffner nous mène à Roubaix, la ville aux 1000 cheminées, à la rencontre d’Olivier Muzellec, président de l’association Le Non-Lieu dans ses locaux de l’usine Cavrois-Mahieu rue Montgolfier. (sic : deux façons de voir la ville de haut, en montgolfière ou au sommet des cheminées d’usine !).

C’est un paysage urbain bien particulier que celui des villes issues de la révolution industrielle du XIXe siècle : les usines y occupent une place prépondérante et l’énergie produite par les machines à vapeur amène la construction de hautes cheminées flanquant les ateliers de production. Roubaix, alors capitale du textile pour la France, à l’égale de Manchester pour l’Angleterre, multiplie les filatures et les tissages et donc les cheminées, véritables totems de la ville industrielle. On en dénombre 267 au début du XXe siècle de hauteur variable selon la puissance de la machine à vapeur. Depuis 1823 en effet, un édit royal régit la hauteur des cheminées de 20 à 30 mètres et le record de la cheminée la plus haute de France revient à celle de l’usine Holden à Croix qui s’élevait à 105 mètres de hauteur (autant que le beffroi de Lille de 1931 !), construite par l’architecte Carlos Batteur vers 1890.

"L’ballot qui finque " : la cheminée qui fume ! C’est pour préserver ce qui reste de ce patrimoine que l’association Le Non-Lieu [1] a recensé en 2004 les 37 cheminées toujours debout mais dont certaines ont été réduites à leur base ou de quelque dizaine de mètres : en 2015, la cheminée emblème du magasin d’usines dans l’usine Motte a été réduite de 45 à 35 mètres par mesure de sécurité. Il reste que toutes les cheminées de Roubaix sont incluses dans le périmètre de protection urbaine, architecturale et paysagère et à ce titre ne peuvent être détruites.

Olivier Muzellec associe volontiers patrimoine et art contemporain. L’usine de laine Cavrois-Mahieu dans le quartier Moulin/Potennerie est transformée en ruche d’entreprises et en centre d’art. Ses deux cheminées de 1887 culminant à 35 mètres d’altitude servent de support aux antennes relais de télécommunications. Mais c’est aussi un merveilleux outil de découverte et d’aventure : faire l’ascension par l’intérieur, dans la pénombre poétique, et émerger au dessus de la ville, est une expérience unique et émouvante à la fois éthique et esthétique.

[1] Voir sur le site de l'Association Le Non-Lieu,  l'historique de l'usine Cavrois-Mahieu 
Dominique Mons

Transcription

Journaliste
Au début du XXe siècle, Roubaix était la ville aux mille cheminées. Aujourd’hui, il n’en reste que 37, elles ne peuvent pas être détruites car ces cheminées d’usine, hier synonyme de travail et de sueur, sont considérées comme de véritables totems. Alors, prenons quelques cordages, un petit peu de cran et allons gratter le ciel.
(musique)
Olivier Muzellec
Je suis Olivier Muzellec, je m’occupe d’une association roubaisienne, Le Non-lieu, qui s’intéresse au patrimoine et à l’art contemporain. Exemple de patrimoine, derrière nous, les cheminées de l’usine Cavrois-Mahieu.
(musique)
Olivier Muzellec
Nous sommes en haut d’une des deux cheminées de l’usine Cavrois-Mahieu, dans le quartier Moulin-Potennerie à Roubaix. Cette usine qui est une ancienne filature de laine, qui date de 1887, donc deuxième moitié du XIXème, et qui, actuellement, est occupée par différentes entreprises. C’est une ruche d’entreprises de vocations différentes. Nous sommes à 35 mètres d’altitude, l’équivalent d’une tour de 12 étages environ.
(musique)
Olivier Muzellec
Nous nous trouvons là sur la terrasse de l’usine Bayart, l’usine Achille Bayart, qui est toujours en activité et qui permet de dominer le quartier du Pile et Moulin-Potennerie ; qui est un quartier qui présente encore une configuration voisine par rapport à celle qu’elle avait au XIXème siècle. Sur l’ensemble de la ville, on a pu dénombrer 37 cheminées encore debout.
(musique)
Olivier Muzellec
Il faut que les gens du quartier puissent grimper dedans, voir d’en haut comment c’est, voir leur quartier d’en haut, c’est autre chose. Pour eux, c’est autre chose que de vivre à côté simplement et de les voir de leurs fenêtres.