Notre-Dame-de-la-Treille

14 avril 2004
03m 23s
Réf. 00064

Notice

Résumé :
La cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille a une histoire chaotique. Commencée à la fin du XIXe, elle ne fut achevée qu'en 1999 par l'architecte Pierre-Louis Carlier. Celui-ci nous fait découvrir la chapelle de la Vierge, construite sur le modèle de la Sainte Chapelle et la façade, véritable explosion de lumière, qui a bénéficié de techniques d'avant-garde dans sa construction.
Type de média :
Date de diffusion :
14 avril 2004
Personnalité(s) :
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Éclairage

La statue de la fin du XIIe siècle de Notre-Dame-de-la-Treille était révérée à Lille pour ses effets miraculeux. D’abord abritée dans la basilique Saint Pierre démolie à la Révolution, elle connut des errances et puis l’oubli. Au XIXe siècle, la bourgeoisie catholique issue de l’industrialisation, dans un souci de moralisation des masses, s’unit pour la création d’une chapelle votive en l’honneur de Notre Dame de la Treille. Le site choisi pour son édification est, au cœur du Vieux Lille, l’ancienne motte cadastrale arasée cernée par le canal de Weppes. En 1854, une première pierre symbolique est posée et un concours international d’architecture est lancé.

Le programme stipule "que l’on bâtisse une église de style ogival de la première moitié du XIIIe siècle". Le prix lauréat revient à des architectes anglais (anglicans!) qui proposent un édifice grandiose de 110 mètres de long assis sur une crypte de 2500 m2 et se terminant par deux tours surmontées de flèches en façade. L’ornementation et l’ameublement font aussi partie des attributs du concours afin de réaliser une œuvre totale. La construction démarre en 1856 sous la direction de l’architecte Charles Leroy chargé d’adapter les plans des architectes lauréats. Très vite, le projet apparaît surdimensionné par rapport aux moyens financiers (privés) et l’édification, à la manière gothique, s’étale dans le temps. Les architectes se succèdent, les techniques de constructions évoluent. Dès 1935, le béton armé et les structures métalliques remplacent la pierre ; la voûte est surbaissée et les tours de façade sont abandonnées pour faire place à une façade provisoire de briques dans cette église sans paroissiens, quasi à l’abandon à la fin des années 1970.

Entre temps cependant, l’église votive devient Basilique Mineure en 1904 puis Cathédrale en 1913. Mais le sort s’acharne : la statue miraculeuse est volée en 1959 !

En 1983 a lieu un concours municipal sur la restructuration de l’îlot de la Treille. C’est à cette occasion que le Diocèse demande à l’un des lauréats, Pierre-Louis Carlier, de terminer l’ouvrage, ce qui est chose faite en 1999.

Dans ce reportage, Pierre-Louis Carlier nous emmène à la découverte de la Cathédrale enfin achevée et devenue un pôle touristique et urbain incontournable de la métropole. La longue nef intérieure nous révèle deux surprises dans cet ensemble composite. La nef absidiale de Charles Leroy, partie la plus ancienne dite chapelle de la Vierge, a été élevée selon le modèle de la Sainte Chapelle à Paris. C’est dire l’explosion de lumière qui s’en dégage, à laquelle répond la nouvelle façade du transept, vrai "miracle de la matière". L’arche centrale est en effet construite en plaques de marbre portugais translucide : l’effet est saisissant tant à l’intérieur qu’à l’extérieur grâce aux qualités de ce matériau rose et translucide à l’intérieur pour figurer le buisson ardent, blanc et opaque à l’extérieur pour rappeler le voile de Véronique. Avec l’aide de l’ingénieur Peter Rice, P.L Carlier a employé des techniques d’avant-garde afin de composer les trois arches gothiques de la façade et faire entrer la lumière dans la cathédrale. Un grand vitrail du peintre Kijno figure la rosace centrale, tandis que le portail de verre et bronze est un hommage à la Vierge du sculpteur Georges Jeanclos. L’œuvre d’art totale voulue à l’origine est enfin réalisée. L’édifice a été classé au titre des Monuments Historiques en 2002.
Dominique Mons

Transcription

Journaliste
Sa notoriété, Pierre-Louis Carlier la doit surtout à cette façade. Nous sommes à Notre-Dame-de-la-Treille, une cathédrale commencée voilà 150 ans mais qui ne fut jamais achevée. Une cathédrale, du coup, longtemps désertée.
Pierre-Louis Carlier
Elle revit, cette cathédrale, il y a du monde ! Vous en avez le, la manifestation, elle est de plus en plus visitée.
Journaliste
C’était une cathédrale qui était oubliée avant ?
Pierre-Louis Carlier
C’est une cathédrale qui était très peu fréquentée, très peu utilisée et je ne vais pas dire à l’abandon mais pratiquement.
Journaliste
Donc là, on est au fond de la cathédrale,
Pierre-Louis Carlier
Voilà, la Chapelle de la Vierge, qui est une chapelle magnifique, qui a été construite sur le modèle de la Sainte-Chapelle. Donc, vous remarquez ces ouvrages absolument exceptionnels,
Journaliste
Et quand on tourne le dos,
Pierre-Louis Carlier
Et quand on tourne le dos, c’est la révélation, c’est un peu le miracle de la matière qui se transforme.
(musique)
Journaliste
La façade vue de l’intérieur, une explosion de lumière.
(musique)
Journaliste
Pour en connaître le secret, il faut s’approcher.
(musique)
Pierre-Louis Carlier
On pose la main sur une plaque de marbre et on constate l’extraordinaire caractéristique de cette plaque de marbre, de ce marbre portugais, qui est d’être translucide. Lorsqu’on est à l’extérieur, le marbre est blanc, lorsqu’on est à l’intérieur, la flamme qui apparaît, c’est le Buisson Ardent à l’intérieur, c’est le Voile de Véronique à l’extérieur. Nous nous exprimons sur un vocabulaire classique puisque il s’agit de trois arches gothiques. Par contre, c’est la technique qui, elle, est d’avant-garde, qui permet à ce voile d’être extrêmement léger, extrêmement transparent, extrêmement translucide ; et de faire rentrer dans la cathédrale cette lumière assez extraordinaire, on peut le dire, qui illumine le coeur de la cathédrale et qui donne envie de s’y reposer, de s’y promener.
Journaliste
En réalisant cette façade, Pierre-Louis Carlier a posé la dernière pierre d’un édifice à l’histoire chaotique. En 1856 commence la construction de ce monument. Le projet était celui-ci, grandiose. Un siècle après, faute d’argent, on abandonne les deux tours et leurs flèches. La façade, elle, sera bâclée, avec des briques et des planches de bois. Avant de quitter les lieux, l’architecte voulait que nous nous arrêtions sur le portail de la cathédrale. Un Hommage à la Vierge, une oeuvre du sculpteur Georges Jeanclos.
(musique)