Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais candidat à l'Unesco
Notice
Candidat au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais espère pouvoir mieux valoriser ses sites architecturaux et changer son image. Reportage à Loos-en-Gohelle sur le site du 11-19 avec François Cerjack, 76 ans, ancien mineur, rescapé de la catastrophe de Liévin. Pour lui, c'est une partie de sa vie qui est en passe d'être reconnue. L'Unesco va examiner un patrimoine qui retrace toutes les étapes de l'exploitation du charbon constitué de fosses, chevalements, cités minières et terrils comme ceux du 11-19 ou du 9-9bis d'Oignies. Jean-François Caron, président de l'association du Bassin Minier Unesco souligne que le dossier repose aussi sur un patrimoine humain, ouvrier et populaire, un symbole fort.
Éclairage
Le projet visant à obtenir l'inscription du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco concrétise une évolution majeure. Pendant longtemps en effet, la gestion de la fin de l'exploitation minière a été conçue, par la plupart des acteurs, comme une question strictement sociale et économique. Dans cette perspective, les restes des mines (terrils, chevalements, cités, friches mais aussi modes de vie, culture, etc.) sont apparus avant tout comme un héritage encombrant, voué à disparaître au plus vite afin de permettre l'entrée de la région dans la modernité. L'inflexion se dessine à partir des années 1990. Alors que les conflits liés directement à la récession charbonnière commencent à devenir moins vifs, de nouveaux projets apparaissent en matière d'aménagement, projets qui prennent davantage en compte les questions environnementales et patrimoniales. En témoignent par exemple la naissance de la Mission Bassin Minier (2000) ou le développement de l'association la Chaîne des Terrils (1989).
C'est dans ce contexte qu'est lancée en 2003 l'association Bassin Minier Unesco (BMU). Le comité de soutien est présidé par Pierre Mauroy, ancien Premier ministre socialiste et l'association est dirigée par Jean-François Caron : membre des Verts, maire de Loos-en-Gohelle à partir de 2001 et conseiller régional à partir de 1992. Il s'est beaucoup impliqué dans les nouveaux projets évoqués plus haut : la réutilisation du site de la fosse 11/19 qui se trouve sur le territoire de sa commune ou encore la Conférence permanente du Bassin minier (1997-1998). Sous sa houlette, les travaux et les initiatives visant à obtenir le classement du Bassin minier s'affirment peu à peu. Le projet fait l'objet d'un actif soutien des collectivités locales, en particulier de la Région. Il se caractérise aussi par la volonté de mobiliser la population, notamment via les ateliers et les clubs BMU qui visent à développer des actions de proximité et à impliquer les habitants dans la préservation et la transmission de la mémoire et du patrimoine minier.
Au mois de janvier 2010, le gouvernement français dépose officiellement la proposition d'inscription du Bassin minier auprès du comité du Patrimoine mondial de l'Unesco. Le dossier constitué à l'appui de cette candidature englobe un vaste territoire (3 943 hectares pour le Bien au sens strict). Il comprend notamment 17 fosses ou vestiges significatifs, 21 chevalements, 51 terrils, 124 cités minières, des équipements culturels et sportifs, etc. (1). Contrairement à ce que laisse entendre le reportage, ce n'est pas la première fois qu'une demande concernant un site minier est adressée à l'Unesco. Déjà celle-ci a retenu des mines anciennes (sel, minerai) mais aussi en 2001 le complexe de la mine de Zollverein à Essen en Allemagne. Le cas du Nord-Pas-de-Calais n'en reste pas moins spécifique. Ce n'est plus seulement un puits ici qui est proposé pour l'inscription, mais l'ensemble d'un territoire. Par ailleurs, le dossier vise à inscrire le Bassin minier dans le cadre du "patrimoine culturel évolutif", c'est-à-dire en retenant non seulement les éléments architecturaux et monumentaux mais également la culture et les modes de vie liés au monde des "gueules noires". Le 30 juin 2012, l'Unesco décide de classer le bassin du Nord-Pas-de-Calais au sein du patrimoine mondial. Cette décision intervient quelques mois à peine avant l'ouverture de l'antenne du Louvres à Lens et marque un peu plus l'entrée de l'ancien territoire du charbon dans une nouvelle phase de son histoire.
(1) Voir les données rassemblées sur le site de l'Unesco.