Portrait d'un mineur de la chorale des mineurs polonais du douaisis

24 décembre 1975
03m 20s
Réf. 00047

Notice

Résumé :

Reportage à Waziers où les mineurs remontent d'une journée de travail. Le soir ils chanteront, en habit dans la chorale des mineurs polonais de Douai. L'un d'entre eux est interviewé chez lui pendant qu'il se met en tenue. Le sujet se termine par l'extrait d'un chant interprété dans une église.

Date de diffusion :
24 décembre 1975
Source :

Éclairage

Cet extrait relate le loisir de Monsieur Comine : la musique et plus particulièrement le chant. C'est une tradition familiale dans cette famille polonaise puisque son père a été le président de la chorale d'une ville du Pas-de-Calais où ils habitaient auparavant. Ce mineur, après avoir passé 8 heures au fond de la mine, se prépare pour aller chanter dans la chorale des mineurs polonais du douaisis auquel il appartient. Issue de la fusion de deux chorales ("Lutnia" de Dechy, datant de 1922 et "Dzwon Zygmunta" de Waziers fondée en 1927), la chorale des mineurs polonais de Douai représente l'une des sociétés folkloriques les plus emblématiques de la culture polonaise du Pays minier. Composée exclusivement de mineurs polonais au moment de sa formation, elle multiplie les concerts et les tournées internationales, remportant ici et là de nombreux prix (notamment lors du festival de Koszalin en Pologne, en 1970 et 1973). L'éclectisme de son répertoire (chants religieux chrétiens ou orthodoxes, chants profanes, folklore polonais) et des langues en usage (anglais, latin, français, slavon, polonais) peut expliquer une notoriété qui a largement dépassé les contours du Bassin minier et franchi le cercle de la seule communauté polonaise.

Pour cette dernière, elle est l'une des marques de cet "entre-soi" caractéristique de la "polonité", et d'une volonté de maintenir vaille que vaille des formes de sociabilité collective et d'expression des singularités culturelles d'une population invitée à regagner la "mère patrie" communiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Si près de 6 000 mineurs feront ce choix, d'autres choisiront de rester en France, sans pour autant demander leur naturalisation. Progressivement remplacés au sein des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC) par d'autres minorités étrangères (Italie, Afrique du Nord), les mineurs polonais représentent moins de 15% des effectifs des Houillères en 1950. C'est dire toute l'importance de ces pratiques culturelles endogènes (chorales, groupes folkloriques, orchestres...) qui perpétuent leur présence en pays minier.

Cette chorale a su survivre à la fermeture des mines et reste toujours très active malgré l'âge avancé de ses membres.

Olivier Chovaux

Transcription

Gérard Decq
Parmi les mineurs du premier poste qui travaillent depuis 5 heures 40 ce matin, quelques passionnés de musique et de chant, notamment ces quatre mineurs d’origine polonaise. Comme les autres, ils ont durement travaillé dans des conditions souvent difficiles et toujours très pénibles. Avec cependant quelque chose de plus, l’amitié qui les lie et les soutient. Ils savent que ce soir, débarrassés de toute la poussière du charbon, en costume strict, chemise blanche et noeud papillon, ils chanteront au milieu de la Chorale des mineurs polonais de Douai.
(Musique)
Gérard Decq
Monsieur Comine, par exemple, appartient à cette chorale désormais réputée, la Chorale des mineurs polonais de Douai a été appréciée dans toute l’Europe, de Paris à Varsovie, de Lille à Rome.
(Musique)
Gérard Decq
Alors aujourd’hui, vous avez travaillé pendant combien de temps au fond ?
Intervenant
8 heures.
Gérard Decq
Et malgré cela, vous n’hésitez pas à vous fatiguer à nouveau en allant à la chorale ce soir ?
Intervenant
Ben non, c’est plutôt un délassement.
Gérard Decq
Enfin, vous vous mettez en tenue, cela vous prend du temps, cela vous prend quand même pas mal de loisirs, non ?
Intervenant
Il faut aimer ça, il y en a qui aiment bien la pêche, il y a par contre d’autres qui préfèrent aller jouer aux boules, aux cartes. Nous on aime bien la musique et puis le chant.
Gérard Decq
C’est une tradition typiquement polonaise, vous croyez ?
Intervenant
Dans ma famille oui, mon père, il était président de la chorale ou est-ce que j’habitais auparavant dans le Pas-de-Calais, et actuellement, je suis venu dans la région, je me suis inscrit dans la chorale, et je continue à la fréquenter régulièrement.
(Musique)