La rénovation de la cité des Aviateurs à Bruay-en-Artois

24 octobre 1970
03m 05s
Réf. 00091

Notice

Résumé :

Les Houillères du Nord-Pas-de-Calais ont prévu de mettre à disposition leur patrimoine immobilier à d'autres ouvriers que ceux des mines. C'est ainsi que dans la rénovation de la cité des Aviateurs à Bruay-en-Artois 125 logements ont été rénovés. Interview d'un habitant, ancien mineur silicosé, qui explique comment se sont déroulés les travaux .

Type de média :
Date de diffusion :
24 octobre 1970
Source :

Éclairage

Cet extrait est tiré d'un reportage diffusé en 1970 sur l'évolution de la ville de Bruay-en-Artois (Bruay-la-Buissière depuis 1987 suite à sa fusion avec Labuissière) dont est extrait également le documentÉvolution de la ville de Bruay , présenté par ailleurs dans cette fresque. Ce dernier évoque la situation démographique et économique de la ville, illustrée par des plans généraux et divers (chevalements, cités minières de diverses générations, centre-ville, etc.) alors que celui-ci insiste plus sur les conséquences de la réhabilitation d'une seule cité minière, la cité de Aviateurs. L'extrait doit également être mis en parallèle avec un autre extrait présenté dans cette fresque, diffusé le 17 mars 1968 et intitulé Réhabilitation des corons à Bruay-en-Artois. Ce reportage présentait, deux ans avant, les causes, les méthodes et les techniques de réhabilitation du quartier, le premier à être traité dans le bassin minier, directement sous l'égide des Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais (HBNPC) et de sa filiale la SIA (Société Immobilière de l'Artois). Enfin, si les termes "remodelage" ou "rénovation"sont bien employés, il s'agit pourtant ici d'une opération de réhabilitation car elle implique une préservation et une amélioration de l'existant, alors que "rénovation" implique une destruction et une reconstruction à neuf.

L'extrait présenté est clairement divisé en deux parties. La première, illustrée par des plans assez larges du quartier et de ses habitants et suivi par une interview en plan serré d'un habitant de la cité. Cette cité 31, surnommée cités de Aviateurs car elle jouxtait un ancien terrain d'aviation, utilisé de 1913 à 1918, a été construite durant l'entre-deux-guerres, sur le modèle des cités pavillonnaires. Les maisons comportent donc un étage et sont séparées, même si les vides ont pu être comblés par des ajouts postérieurs. Les deux modèles de maisons présents dans la cité sont visibles dans l'extrait. Des maisons à un étage, petites, alignées et jointives forment deux lignes centrales, tandis que, de chaque côté de ces deux lignes, sont alignées de grosses maisons à un étage et à quatre logements.

Si certaines parties apparaissent encore en chantier, l'essentiel du travail de réhabilitation est réalisé en 1970 au moment du tournage de ce reportage et les images montrent donc à la fois la permanence et la modernité du quartier :

- la permanence avec le maintien des maisons en elles-mêmes et des jardins ouvriers, toujours essentiels à la vie du mineur ;

- la modernité par l'adjonction de lignes de garages (vus ici depuis l'avenue des Aviateurs) entre les lignes de cités, par la disparition des appendices précaires (pigeonniers, volières, clapiers... qualifiés de "verrues" en 1968) et par les ajouts très visibles de pièces d‘eau au toit plat aux côtés des maisons du quartier.

Le discours précise que cette opération de réhabilitation profitera certes aux employés des HBNPC, mais aussi, s'il reste des logements disponibles, à des personnes extérieures à l'entreprise, Cela amorce un désengagement de l'entreprise minière de son patrimoine résidentiel.

L'interview d'un habitant en train de jardiner vient ensuite, sur fond de cité réhabilité (on distingue bien la nouvelle pièce d'eau au toit plat au début de la séquence). Elle est vraisemblablement tournée dans la rue Roland Garros, à proximité de l'école de la cité : on entend en effet les élèves en récréation en fond sonore. L'interviewé est un ancien mineur silicosé reconverti en jardinier, toujours au service des houillères. Autour de quelques considérations sur la procédure des travaux réalisés (déménagement, relogement provisoire, puis retour sur place) ses réponses insistent surtout sur l'amélioration du confort de son logement (il mentionne plusieurs fois la salle de bains et les sanitaires intérieurs) et sur le changement d'image, très positif, du quartier.

Simon Edelblutte

Transcription

Intervenant 1
Pour leur part, les Houillères ont un patrimoine important. Elles le mettent déjà depuis longtemps à la disposition des investisseurs éventuels en ce qui concerne les installations désaffectées. Elles sont tout à fait d’accord pour le mettre, leur patrimoine logement, à la disposition d’autres ouvriers que ceux des mines dans la mesure où elles n’en auront plus besoin pour leurs mineurs ou leurs retraités. Le meilleur exemple que nous puissions prendre dans la foi des Houillères dans l’avenir de cette région, c’est bien la rénovation de la cité des Aviateurs. Dans cette cité, 125 logements ont été rénovés et nous sommes maintenant convaincus qu’un certain nombre de cités minières peuvent donner des habitations aussi belles et aussi commodes qu’un certain nombre d’ensembles que l’on fait actuellement.
Bernard Claeys
Pardon Monsieur, vous habitez depuis longtemps la cité des Aviateurs à Bruay ?
Intervenant 2
Oui, depuis 17 ans en fait.
Bernard Claeys
Depuis 17 ans ?
Intervenant 2
Oui, depuis que je suis marié.
Bernard Claeys
Et comment se présentait votre logement autrefois ?
Intervenant 2
Autrefois, ça se présentait, il y avait, c’était un type J qu'on appelait. Il y avait une grande pièce, une cuisine et une arrière-cuisine, sans salle de bains, sans confort sanitaire du tout.
Bernard Claeys
Et maintenant, vous avez une salle de bains ?
Intervenant 2
Ah oui, maintenant nous avons un confort sanitaire comme tout le monde, au fond, au complet.
Bernard Claeys
Oui, et comment ça s’est fait alors ? On a fait les travaux pendant que vous étiez chez vous ?
Intervenant 2
Non, non, on a été averti un an avant les travaux, on nous a donné une maison dans l’attente que cette maison soit terminée.
Bernard Claeys
Qui ne se trouvait pas loin d’ici ?
Intervenant 2
Non, non… Du tout, [inaudible], nous avons eu un camion des mines pour nous déménager ,des ouvriers et tout.
Bernard Claeys
Et vous êtes satisfait maintenant de vos nouvelles conditions d’habitation ?
Intervenant 2
Oui, oui, oui, beaucoup même.
Bernard Claeys
Vous avez du soleil ici ?
Intervenant 2
Ah oui, oui, ici du 9 heures du matin au soir même. Ça fait plaisir hein.
Bernard Claeys
Oui, et il y a beaucoup de verdures autour de chez vous ?
Intervenant 2
Ah oui, oui, ici oui, on est très bien placé.
Bernard Claeys
Alors, toute la cité doit être aménagée comme votre maison l’a été.
Intervenant 2
Ah oui, oui, toute la cité qui a été décidée pour être faite hein.
Bernard Claeys
Vous la reconnaissez encore maintenant, la cité ?
Intervenant 2
Oh non, vraiment. Il y a des copains qui sont venus il n’y a pas très longtemps, ils ont eu du mal à me trouver, même.
Bernard Claeys
Oui ?
Intervenant 2
Ils ont cru même que c’était un coin nouveau. Ah oui, on est très content puisque c’est des bonnes maisons maintenant puis surtout, c’est le confort sanitaire. C’est ça qui nous manquait là, nous dans les mines.
Bernard Claeys
Vous travaillez toujours à la mine ?
Intervenant 2
Non, non, je suis remonté au jour, je me suis silicosé, je suis jardinier.