Paysages miniers autour de Noyelles

13 octobre 1973
03m 26s
Réf. 00103

Notice

Résumé :

Après la découverte en vue aérienne du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Mlle Langlot-Lemaître présente les paysages autour de Noyelles-sous-Lens. Elle explique les origines du nom "Noyelles" qui vient certainement des marécages qui existaient dans cette région. Elle se souvient du temps où le puits du 21/22 à Harnes, étaient sur le même plan que Noyelles. On constate aujourd'hui que le village s'est affaissé en raison de l'activité minière et des terrains marécageux.

Type de média :
Date de diffusion :
13 octobre 1973
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Éclairage

Cet extrait est partagé en deux parties, reliées par un même commentaire appuyé sur l'interview d'une habitante de Noyelles-sous-Lens, Melle Langlot-Lemaître. La première partie présente des paysages aériens d'une grande variété autour de Lens ; la seconde est basée sur des images au sol présentant Noyelles-sous-Lens et les alentours.

Après une présentation cartographique quelque peu approximative, l'extrait débute sur un discours qui retrace l'évolution démographique, territoriale et paysagère du Bassin minier, illustré par une série de vues particulièrement représentatives de la diversité du paysage du bassin durant les années 1970 :

- les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, autour de la fosse n°11 de Lens et de la cité Saint-Albert, cité pavillonnaire construite durant l'entre-deux-guerres sur la commune de Liévin ; l'ensemble fait partie de la zone inscrite au patrimoine mondial par l'Unesco ;

- la Grande Résidence de Lens est un grand ensemble construit rapidement à la fin des années 1960. Elle illustre le caractère plus urbain de Lens par rapport à ses voisines plus exclusivement minières et industrielles. Une dizaine de tours et de blocs de ce dense ensemble de collectifs a été détruite à partir de 2007, dans le cadre de la rénovation urbaine des quartiers sensibles ;

- les vues suivantes, en montrant d'abord le contact entre le bassin et l'environnement rural et agricole proche, rappellent le contexte agricole dans lequel se sont développées l'extraction houillère et l'industrie dans le Bassin. On reconnaît, le long de la Scarpe canalisée, le marais des Places sur les communes de Rœux et Fampoux ;

- le cœur urbain d'Arras, ville pré-minière qui rappelle l'ancienneté du caractère urbain de la région ;

- le canal à grand gabarit de Dérivation de la Scarpe qui mène au port de Douai, en restructuration par la construction de collectifs au moment du reportage.

La seconde partie de l'extrait est appuyée sur des images au sol de Noyelles et des environs. Le reportage insiste sur le substrat agricole et rural du pays minier, avec un champ de blé et l'église de Noyelles, reconstruite en 1925-1926 après les destructions massives de la Première Guerre mondiale. Les vues saisissantes de l'église sur fond du terril de la fosse n° 23 de Courrières à Noyelles illustrent ce passage de l'agricole au minier. Cet impressionnant terril est aujourd'hui largement arasé en raison de son exploitation comme carrière de résidus zincifères traités par Recytech SA, usine installée à l'Est du terril sur la commune de Fouquières-lès-Lens.

Les vues suivantes, essentiellement prises à partir des bords du canal de Lens à la Deûle, insistent sur le caractère humide de cette région basse et anciennement marécageuse, où les villages avaient été implantés sur des affleurements calcaires pour éviter les inondations. Les vues montrent des étangs à proximité du canal et l'A21, la "rocade minière", fraîchement construite (1971) qui serpente entre le terril déjà cité de la fosse n°23 et le terril de la fosse 6-14 de Fouquières et son lavoir.

Les images présentées ajoutent des éléments industriels au paysage minier, avec l'usine chimique Kuhlmann de Harnes, construite en 1927 aux côtés du chevalement et du terril de la fosse n°21-22 de Courrières à Harnes. Ces éléments sont pris par l'interviewée comme des points de repère pour signaler les affaissements miniers affectant Noyelles. Si la fosse ferme dès 1977, l'ensemble industriel tubulaire, repris dans les années 1980 par ExxonMobil sous le nom de Noroxo, ferme en 2004 après une affaire de pollution à la légionellose dont elle a été reconnue comme responsable. L'usine est démantelée en 2009-2010 et forme une vaste friche nue. De l'ensemble, seul le terril subsiste, inclus dans le périmètre inscrit au patrimoine mondial par l'Unesco.

La dernière vue, prise autour du pont sur le canal de Lens à la Deûle, reliant Noyelles à Loison-sous-Lens, montre une dernière fois l'ensemble industrialo-minier de Harnes déjà évoqué et finit sur une vue montrant le pont et, encore une fois, l'impressionnant terril de la fosse n°23.

Simon Edelblutte

Transcription

Journaliste
Le bassin minier s’étend en écharpe sur une centaine de kilomètres de longueur, de la frontière belge jusqu’à Bruay-en-Artois environ, et nous sommes là tout à fait au cœur.
Mlle Langlot-Lemaître
C’est tout à fait le cœur de ce pays minier. Vous le voyez Lens, et justement, au milieu de la base, un triangle qui serait Béthune, Douai, Arras.
Journaliste
C’est un tout petit triangle d’ailleurs ?
Mlle Langlot-Lemaître
C’est un tout petit triangle. C’est la région minière exactement. C’est une région qui, au cours du siècle dernier, ce siècle qui vient de s’écouler, s’est beaucoup modelée, transformée grâce à l’industrie. C’est une population qui en 50 ans environ a fait décupler. Ainsi, dans mon village où il y avait 850 habitants à la naissance de ma mère, il y a maintenant 10 900 habitants. Elle a un caractère industriel, un caractère agricole, un caractère également urbain, c’est un pays où l’eau avait permis depuis déjà longtemps l’installation d’une population relativement nombreuse.
(Musique)
Journaliste
Mademoiselle Langlot, vous avez tenu à nous amener ici même parce que cette même image, nous voyons un champ de blés qui était moissonné il y a quelques temps déjà, un village, un terril et tout cela résume Noyelles-sous-Lens.
Mlle Langlot-Lemaître
En effet, quand je viens ici, je pense toujours à ce qui m’a toujours été raconté, d’abord par mon grand-père et par mes parents. Là, juste devant, c’est l’église de mon village. Depuis 1070, il y a certainement là un lieu de culte ouvert, sans interruption sauf pendant quelques temps sous la Révolution. Evidement, l’église que vous voyez a été reconstruite et ouverte aux cultes aussi dans les années 1925 ou 26, parce que de tout ce que vous voyez maintenant autour de nous, il ne restait plus une brique complète.
Journaliste
Vous voulez dire après la guerre de 1914 ?
Mlle Langlot-Lemaître
Après la guerre de 1914. Donc, tout ce que vous voyez là est neuf.
Journaliste
Quelle est la signification du nom de Noyelles ?
Mlle Langlot-Lemaître
Certainement comme tous les Noyelles qui sont ici aux alentours, il s’agirait certainement de marécages.
Journaliste
Oui ?
Mlle Langlot-Lemaître
Parce que tout l’ensemble était marécageux et chaque village, en réalité, est un petit piton calcaire sur lequel on s’est installé. Il y a une chose qui est extrêmement frappante, c’est que moi, j’ai connu Noyelles et la ligne d’arbres que vous voyez plus loin, et puis le puits 21 qui apparaissaient sur le même plan que Noyelles. On peut donc supposer que Noyelles s’est encore enfoncée.
Journaliste
Ce sont des affaissements qui sont provoqués à la fois par les houilles qu’on a extraites, les terrils que nous voyons et puis aussi le poids que ces terrils représentent.
Mlle Langlot-Lemaître
Et puis aussi, il faut tenir compte de la nature du terrain qui est un terrain marécageux et qui, par conséquent, est plus mouvant et s’enfonce plus.
(Musique)