Rééducation des mineurs blessés à Oignies

19 octobre 1950
36s
Réf. 00160

Notice

Résumé :

Jules Catoire, secrétaire d'État à la santé publique et à la population a inauguré à Oignies un centre de réadaptation destiné aux mineurs blessés. Ce premier centre en France permettra de guérir les mineurs grâce à de nouvelles méthodes thérapeutiques pour qu'ils puissent retrouver leur ancien métier. Parmi les personnalités accompagnant Monsieur Catoire, le docteur Declercq, directeur du Centre de réadaptation, Georges Phalempin, Préfet du Pas-de-Calais, et le Général Poydenot, commandant la 2ème Région.

Type de média :
Date de diffusion :
19 octobre 1950

Éclairage

A l'automne 1950, le secrétaire d'État à la Santé publique et à la Population du gouvernement Pleven inaugure à Oignies un Centre de réadaptation des blessés, dépendant des Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC).

L'endroit est symbolique à plus d'un titre : c'est dans le parc du château de Madame De Clercq que le charbon est découvert le 7 juin 1842, l'extraction charbonnière ayant débuté dès 1860. Oignies est le centre de l'exploitation de la Compagnie des mines d'Ostricourt et accueille son puits principal à partir de 1937 ; ce sont d'ailleurs les Grands bureaux de la Compagnie installés dans l'ancien château de Madame De Clercq, qui accueillent le Centre inauguré en 1950. Enfin, mais l'événement est bien postérieur à l'extrait, la fosse 9-9 bis d'Oignies est le dernier puits de charbon à cesser son activité dans le Nord-Pas-de-Calais le 21 octobre 1990, presque quarante ans jour pour jour après la visite de Jules Catoire (1).

Ce dernier connaît bien la région et ses enjeux : originaire de Beaurains (Pas-de-Calais) et issu d'une famille ouvrière, il est au lendemain de la Première Guerre mondiale l'un des fondateurs du Syndicat des mineurs du Pas-de-Calais et de la Fédération des syndicats chrétiens des mineurs (il en assure d'ailleurs le Secrétariat délégué de 1925 à 1950). Vice-président de la CFTC à partir de 1936, il s'engage dans la Résistance et trouve refuge parmi les mineurs lorsque la Gestapo le traque (1944). Il est enfin le porte-parole du MRP pour toutes les questions minières et syndicales.

Un temps ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre (1948), Catoire exerce les fonctions de secrétaire d'État à la Santé publique et à la Population de 1948 à 1951 : ce portefeuille "social" hérite, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des domaines d'intervention autrefois dévolus à l'Hygiène, l'Assistance et la Protection sociale (1920) puis à la Santé publique et à l'Éducation physique (1934), avant de prendre l'intitulé plus contemporain "d'Affaires sociales" après 1956.

L'extrait proposé synthétise bien ces différents éléments : la présence d'un membre du Gouvernement s'explique par le fait que tous les bassins charbonniers ont été nationalisés au lendemain de la Libération et relèvent désormais de l'autorité de Charbonnages de France, entreprise publique ; le centre, inauguré en présence de toutes les autorités civiles et militaires du département, marque la fin des travaux de modernisation entamés dès les années 1930 mais retardés par le conflit ; premier du genre, il se présente comme particulièrement moderne, pouvant accueillir jusqu'à cent mineurs à la fois et leur offrant des soins performants, proposant de "nouvelles méthodes thérapeutiques" associant rééducation fonctionnelle (on remarque les prothèses orthopédiques en bois) et hydrothérapie (jets d'eau et massages) pour des séjours de courte durée ("quelques semaines" dit le commentaire).

Et en même temps, toutes les images ou presque signalent en creux les réels dangers des métiers de la mine : le travail au fond use les corps, blesse les dos, écrase les membres ; la seule mention de la capacité d'accueil apparaît comme un signe manifeste de l'ampleur des dégâts ; enfin, on peut penser que le Centre de rééducation des mineurs d'Oignies constitue avant tout un espace de repos temporaire, de remise en forme d'ouvriers portant les stigmates du labeur, alors même que les besoins en charbon se font sans cesse plus pressants dans la France du début des Trente Glorieuses et que la main d'œuvre est précieuse (2).

(1) Jules Catoire (1899-1988), originaire du Pas-de-Calais, issu d'une famille ouvrière, militant syndical CFTC et dirigeant du syndicat des mineurs, résistant, ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre (1948), secrétaire d'État à la Santé publique et à la Population (1948-1951), député MRP du Pas-de-Calais (1945-1958).

(2) Après la fin des charbonnages, le lieu est devenu un centre de rééducation des opérés cardiaques et orthopédiques toujours en activité.

Matthieu de Oliveira

Transcription

Journaliste
A Oignies, dans le bassin du Nord et du Pas-de-Calais ; le secrétaire d’Etat à la santé publique et à la population, Monsieur Catouard, a inauguré un centre de réadaptation destiné aux mineurs blessés. Pouvant recevoir 100 mineurs à la fois, le centre d'Oignies qui est le premier mis en service en France pourra, grâce à de nouvelles méthodes thérapeutiques ; amener en quelques semaines la guérison des mineurs en traitement et leur permettre de retrouver leur ancien métier.
(Musique)