L'organisation de la formation permanente à Sallaumines Noyelles

26 février 1972
04m 17s
Réf. 00304

Notice

Résumé :

Reportage sur l'organisation de la formation permanente à Sallaumines par le Centre université-économie d'Éducation Permanente (CUEEP). Ses initiateurs expliquent les raisons pour lesquelles leur choix s'est porté sur Sallaumines et comment suite à une enquête des formations autour de huit matières ont été mises en place.

Type de média :
Date de diffusion :
26 février 1972
Source :

Éclairage

En 1972, dans l'un des derniers des quelques 110 numéros du "Magazine du mineur", créé en 1959, est analysée la mise en place de la formation permanente dans la cité de Sallaumines. Depuis 1971, l'accent est mis dans ces émissions sur la reconversion dans les Houillères du Nord-Pas-de-Calais. Sous l'effet des difficultés de l'industrie charbonnière, depuis le milieu des années 1960, la politique d'aménagement du territoire s'est concentrée pour le Nord-Pas-de-Calais sur cette stratégie de reconversion, régie notamment par différents protocoles d'accords entre les Charbonnages de France et les syndicats (protocoles du 16 juin 1967 et du 9 juillet 1971 notamment). Cette dynamique rejoint l'étape importante que constitue la loi du 16 juillet 1971 "portant organisation de la formation professionnelle continue dans le cadre de l'éducation permanente", qui instaurait le droit effectif à une formation sur le temps de travail avec certaines garanties de maintien de la rémunération. Par la loi, la formation professionnelle permanente est érigée en "obligation nationale" ; il s'agit d'adapter les travailleurs "au changement des techniques et des conditions de travail, de favoriser leur promotion sociale par l'accès aux différents niveaux de la culture et de la qualification professionnelle" (article 1er).

Ce dispositif de formation est proposé à une population faiblement instruite et composée de différentes nationalités, qui correspondent aux différentes vagues d'immigration auxquelles les Compagnies minières et les Houillères ont eu recours dans les décennies précédentes. Les cours proposés sont diversifiés : ils incluent l'alphabétisation ou les mathématiques pour l'enseignement général, ainsi que la préparation au diplôme du CAP (Certificat d'aptitude professionnelle) sur le plan professionnel.

Ce dispositif, qui dépend de l'Éducation nationale avec une gestion tripartite associant les syndicats, a été conçu grâce à une enquête qui a mobilisé en particulier des sociologues autour de l'accès à l'action collective de formation. Les chiffres cités (7% de la population en formation, dont 55% d'hommes et 45% de femmes) et les éléments d'analyse sur la diversité générationnelle et sociologique des "stagiaires" témoignent de l'engagement de professionnels de la formation continue et du travail social dans ce processus. Érigée en effort prioritaire, la reconversion est suivie de près par des sociologues. Le Centre université-économie d'éducation permanente évoqué dans ce reportage a été créé en 1968 sur une base régionale pour accompagner les évolutions socio-économiques régionales. Innovant sur le plan pédagogique, cet organisme rattaché à l'université concentre son action sur la lutte contre l'illettrisme et contre l'exclusion sociale.

Stéphane Lembré

Transcription

Journaliste
Pour organiser cette formation permanente collective à Sallaumines-Noyelles, il a d’abord fallu une enquête et d’autre part, cette enquête a pu déterminer un certain nombre de choix d’options.
Intervenant 1
Cette enquête était réalisée par des sociologues du CUEEP. Elle était réalisée auprès d’un échantillon de 300 personnes et elle a montré un certain nombre de demandes ; notamment dans les domaines de français, mathématiques, électricité et mécanique avec dans un degré moindre, la coupe couture. Ensuite donc, à partir de ces demandes très précises, nous avons offert huit matières aux gens de Sallaumines-Noyelles, français, mathématiques, électricité, mécanique générale, vie professionnelle et sociale, dessin technique, soudage et coupe couture. Bon, finalement en fait, les demandes ont été beaucoup plus larges puisque nous laissions toujours aux gens la possibilité de s’inscrire dans des domaines autres que ceux que nous proposions. Finalement, je crois que les demandes s’étalent sur une vingtaine de formations. C’est donc très important et c’est montrer que les gens ont compris le système que nous proposions.
Journaliste
Mais est-ce que les personnes intéressées sont plutôt des hommes ou plutôt, ou en majorité des hommes ?
Intervenant 1
Oui, on peut dire que en gros en fait, ça reflète à peu près l’ensemble de la population qui, d’ailleurs enfin, a très bien répondu puisque actuellement nous avons 7% de la population adulte qui est en formation. Il y a environ, disons, 45% de femmes et 55% d’hommes, voilà à peu près environ comment se répartit la population selon les sexes. Selon l’âge, disons que en gros, la tranche d’âge la plus représentée est la tranche 30-40 ans. Mais en fait, on peut dire que les gens en formation sont assez bien répartis sur toutes les tranches d’âge.
Intervenante 1
Nouvelle de la santé
Intervenante 2
Oui, par exemple.
Intervenante 1
C’est sur le cahier, je vous dis, voyez ?
Intervenante 2
Vous donnez des nouvelles de la santé ?
Intervenant 2
On a de nouveau demandé les nouvelles et je crois que ça dépend aussi des bonnes nouvelles alors…
Intervenante 2
Oui
Intervenant 3
Et puis, les bonnes nouvelles, les mauvaises, et puis…
Intervenante 1
Justement je voulais y aller ce matin, il dit qu’il fait très chaud et que c’est du bon soleil.
Intervenante 2
C’est où ?
Intervenante 1
Vous voyez, ils ont ouvert toutes les portes tellement il fait chaud.
Intervenante 2
Pas ici ?
Intervenante 1
Ben non, à côté Grenoble.
Intervenante 2
A côté de Grenoble, à côté de Grenoble. On va résumer un petit peu hein, qu’est-ce que, à qui on veut écrire, aux enfants hein, vous voulez écrire aux enfants. Vous aviez parlé tout à l’heure de quoi Monsieur, qu’est-ce qu’on mettait en haut de la lettre, allez-y, à gauche ou à droite ?
Intervenant 2
A gauche, on a mis notre adresse, n’est-ce pas ? Et à droite, on écrit la date et le lieu, n’est-ce pas ?
Intervenante 2
On écrit où on habite, hein ?
Intervenante 3
On met les dates ensuite…
Intervenante 2
Vous habitez où ?
Intervenante 3
A Noyelles-sous-Lens.
Intervenante 2
A Noyelles, à Noyelles,
Intervenante 3
A Noyelles, oui.
Intervenante 2
Et puis si on écrit aujourd’hui, alors qu’est-ce qu’on marque, par exemple ?
Intervenante 3
Le 11.
Intervenante 2
On est le 11.
Intervenante 3
Le 2, février.
Intervenante 2
2, février.
Journaliste
Mademoiselle, nous participons à votre cours d’alphabétisation. Quels sont vos stagiaires et que désirent-ils ?
Intervenante 2
Eh ben mes stagiaires se composent de plusieurs personnes de différentes nationalités, d’âges différents aussi, qui viennent parce que soit ils travaillent encore, soit s’ils ne travaillent plus, ils ont du temps libre et veulent parfaire leur français. C’est-à-dire que, par exemple, chaque jour s’il faut déchiffrer une affiche dans un magasin ou même déchiffrer le journal, ils en sont incapables donc ils ne se sentent pas, pas vraiment intégrés dans le milieu dans lequel ils vivent. Et puis, il y a aussi le problème des enfants qui sont scolarisés en France et forcément les petits enfants qui sont également scolarisés en France, donc qui parlent eux français et le problème de communication se soulève à ce niveau là. C’est-à-dire que les, pour pouvoir communiquer avec les petits enfants, il faut parler comme eux