Le Général de Gaulle à Bruay et Béthune

11 août 1945
02m 11s
Réf. 00357

Notice

Résumé :

Le Général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, s'est rendu à Bruay-en-Artois sous les acclamations de la foule. Il est accueilli par la municipalité à l'hôtel de Ville. Après un défilé, le Général se rend ensuite à Béthune où il donne un discours sur la production charbonnière au balcon de l'hôtel de Ville.

Date de diffusion :
01 août 1945
Date d'événement :
11 août 1945
Personnalité(s) :

Éclairage

En août 1945, peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale (le 8 mai), le Général de Gaulle effectue un voyage dans le Nord-Pas-de-Calais, se rendant en particulier à Lille, sa ville natale et à Calais où il s'est marié en 1921 avec Yvonne Vendroux native de cette ville. Dans le département du Pas-de-Calais, il s'arrête à Bruay-en-Artois (aujourd'hui Bruay-la-Buissière) et à Béthune. Si la première ville était l'ancien siège de la Compagnie des mines de Bruay, la seconde est une sous-préfecture en bordure du bassin minier.

La première partie qui se déroule à Bruay met l'accent sur la ferveur et sur les visages des mineurs. Certains portent le béguin (la coiffe) et la barrette (le casque) en cuir, mais aussi des cravates réservées aux grands événements, le spectateur doit comprendre que c'est le peuple de la mine qui soutient le Général. Ces hommes, "le Général les connaît, leur pays est le sien". Il s'agit d'une allusion à la naissance de Charles de Gaulle à Lille en 1890. On notera l'évocation ambiguë de l'environnement : "ce métier que les enfants respirent avec le vent humide sous leur ciel de suie".

La séquence est entrecoupée d'images du travail minier. Puis vient des extraits du discours sur la place de l'hôtel de Ville de Béthune, le 11 août 1945, où l'assistance (30 000 nous dit-on) est moins ouvrière.

Le chef de la France Libre et du Gouvernement Provisoire de la République Française de 1944 à 1946 est arrivé à Paris le 25 août 1944 et il s'est rendu à Lille dès le 30 septembre 1944. Il voyage ensuite dans le Nord-Pas-de-Calais du 10 au 13 août 1945, avant de partir pour les États-Unis.

Les extraits du discours portent sur la "bataille de la production" (cf. 75% de l'extraction d'avant-guerre ; "bientôt 100% et davantage"). C'est alors un thème qui fait l'unanimité et le Général de Gaulle ne veut pas être en reste sur ce point. Mais ce discours comporte aussi de vives critiques politiques à l'égard du Parti communiste français (PCF) et de la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière) qui ne sont pas citées dans l'extrait : "Nous le faisons [la reconstruction] et le ferons en bâtissant, peu à peu du neuf et du raisonnable, et non point, ah! non, certainement! en retournant aux vieilles formules, ni en courant aux aventures" (Mémoires de guerre, vol. III). Ce discours est clairement une réponse à celui de Maurice Thorez à Waziers le 21 juillet 1945.

Le gouvernement provisoire installé en juin 1944 repose sur la coalition des trois grands partis : PCF, SFIO et MRP (chrétiens démocrates) sous l'autorité du Général de Gaulle. Mais à l'été 1945, les tensions politiques sont grandes, principalement entre le PCF et les autres partis politiques, à propos de la Constitution qui sera adoptée le 21 octobre 1945.

Mécontent des mécanismes constitutionnels choisis par le referendum et de la place accordée aux communistes, le Général de Gaulle choisira de quitter le gouvernement en janvier 1946.

Philippe Mioche

Transcription

(Bruit)
Journaliste
C’est ensuite Bruay, où le chef du gouvernement trouve un accueil encore plus émouvant.
(Bruit)
Journaliste
Ainsi, confronté au visage du premier des français, le visage des hommes de la mine, nous sommes ici à l’entrée du pays noir.
(Musique)
Journaliste
Les hommes des corons, ces hommes des puits, le Général les connaît, leur pays est le sien. Il connaît leur volonté et leur patience, des vertus qui sont devenues l’apanage de leur dur métier et que les enfants respirent avec le vent humide sous leur ciel de suie.
(Musique)
Journaliste
Ce sont ces hommes du pays noir qui, à Béthune, au nombre de 30 000, font accueil au chef du gouvernement. C’est à eux qu’il parlera tout à l’heure en s’adressant au pays tout entier et par-dessus ses frontières, au monde.
(Musique)
(Bruit)
Charles (de) Gaulle
En octobre dernier, un million et demi de tonnes sont sorties de notre sol. Or, nos mineurs, au cours de ces dernières semaines, en ont tiré en moyenne deux fois plus. Après la Libération, ils en étaient à 40% de l’extraction d’avant guerre, les voici à 75%. Je suis sûr qu’ils iront bientôt jusqu’à 100% et davantage.