Fermeture en Moselle de la dernière mine en exploitation en France.

23 avril 2004
03m 56s
Réf. 02034

Notice

Résumé :
C'est la fermeture définitive de la dernière mine de charbon encore en exploitation en France. Le puits de la Houve à Creutzwald où un Porrion, Thierry, se rend une dernière fois en empruntant l'ascenseur, le train puis le télémine. La haveuse qui extrait les derniers blocs de charbon, sera abandonnée sur place. Dernier acte du Pacte Charbonnier qui annonçait dans les années 80 la fin de l'exploitation minière et la mise à la retraite progressive des mineurs. Ainsi s'achève une épopée industrielle qui aura duré 150 ans.
Date de diffusion :
23 avril 2004
Source :
FR3 (Collection: Lorraine soir )

Transcription

Journaliste 1
Eh bien, ici on n’oublie pas que depuis 150 ans, en Lorraine, 800 millions de tonnes, pas moins, ont été extraites sur tous les puits ici, en sous-sol sous nos pieds. Depuis 1856, 200000 salariés, c’est-à-dire quasiment la population d’un département comme celui de la Meuse ont travaillé ici dans les 56 puits qui ont été creusés ici, on dit foncés, depuis un siècle et demi. Yves Quemener et André Abalo ont rencontré l’une des dernières Gueules Noires du site de la Houve. Nous regardons leur reportage qui est empreint de pudeur et d’émotion.
(Bruit)
Journaliste 2
22 ans qu’il descend tous les jours au fond, Thierry Messmer est porion, en langage minier cela veut dire contremaître.
(Bruit)
Journaliste 2
500 mètres plus bas dans la nuit noire, le train, le télésiège et la marche pour arriver au pied de la dernière veine encore en l’exploitation. En tout, 16 kilomètres seront parcourus à une température ambiante de 19 degrés.
Thierry Messmer
On prend le train, on a à peu près un quart d’heure de train, un quart d’heure, vingt minutes, maintenant on va arriver en gare au secteur 7, en gare 700 pour se diriger vers le chantier. Après, il y a le télémine à prendre, le bi-rail, et on a une présence au chantier à peu près de six heures et demi quoi !
(Bruit)
Journaliste 2
Sur place, la haveuse tourne encore, plus pour longtemps, elle racle les derniers morceaux de charbon. Après la fermeture, elle restera ici abandonnée avec une bonne partie du matériel. Comme beaucoup d’autres, Thierry a fait toute sa carrière ici, au fond.
Thierry Messmer
Parce que je ne travaillais pas bien à l’école, et mon père m’a dit comme ça si tu ne veux pas apprendre à l’école, tu vas travailler à la mine. Et je suis partant, j’ai fait mes trois années à Cuvelette et à 17 ans je suis arrivé au quartier école à Forbach à Marienau pendant un an, et après 18 ans, je suis descendu au fond.
Journaliste 2
C’est la mine qui vous a appris un métier ?
Thierry Messmer
Oui, c’est la mine, c’est un métier !
Journaliste 2
Les mineurs avaient un statut privilégié, ils avaient un logement à leur disposition, ils n’avançaient pas les frais médicaux. Et puis, dans les années 80, le pacte charbonnier est passé par là. Ce congé qui permet aux mineurs de partir à la retraite 45 ans, avec 80% du salaire tout en conservant leurs avantages. Une retraite forcée, car finalement, l’envie de partir n’est pas là.
Thierry Messmer
J’ai aimé mon métier, j’ai toujours été là, j’ai toujours fait ce qu’il fallait faire, du mieux que je peux et j’en suis fier quoi ! Maintenant on va faire partie de l’histoire, nos ancêtres l’ont presque fait, ben, c’est nous allons en faire partie maintenant.
Journaliste 2
Le long voyage dans les 7500 kilomètres de galeries creusées en plus de 100 ans d’exploitation vient donc de se terminer définitivement cette fois, car la Houve était la dernière mine encore en activité.
(Musique)