François Mitterrand évoque les relations entre socialistes et communistes avant les législatives

26 janvier 1978
15m 29s
Réf. 00029

Notice

Résumé :
François Mitterrand rappelle qu'en juin 1972 il a signé le Programme commun de gouvernement de la Gauche. Il désapprouve les exigences post-programme commun du Parti Communiste. Mais il laisse la porte ouverte à un éventuel accord pour les prochaines élections législatives. Il refuse de parler de la présence de ministres communistes dans le gouvernement si la gauche était victorieuse après le 2e tour du scrutin. Il regrette les propos tenus par les dirigeants communistes contre les socialistes.
Type de média :
Date de diffusion :
26 janvier 1978
Source :

Éclairage

Moins de deux mois avant les législatives (12-19 mars 1978), l'émission d’actualité L'Evénement cherche à faire le point sur l’équilibre des forces politiques françaises, et notamment sur les relations entre le PS et le PCF en cas de victoire de la gauche et de première cohabitation.

La majorité est alors déchirée entre les fidèles au président Giscard d’Estaing de l’Union pour la démocratie française (UDF) et les gaullistes qui suivent l’ancien Premier ministre démissionnaire, Jacques Chirac, au sein du Rassemblement pour la République (RPR). Quant à la gauche, alors qu’elle bénéficiait de la dynamique d’union créée par la signature du Programme commun de gouvernement en 1972, elle aborde ces élections également désunie depuis la rupture des négociations visant à la réactualisation de ce programme (23 septembre 1977). Jusqu’ici, la dynamique unitaire avait surtout bénéficié au Parti socialiste, en progression aux élections cantonales de 1976 et aux municipales de 1977.

Les journalistes cherchent ainsi à obtenir de François Mitterrand une analyse de la désunion de la gauche et des annonces sur ce que serait néanmoins un gouvernement à tête socialiste en cas de victoire. La présence de communistes au gouvernement, préalable du Programme commun, est alors au cœur de toutes les interrogations.
Judith Bonnin

Transcription

François Mitterrand
Alors passons sur ce détail, et revenons au sujet principal que vous avez voulu traiter, et qui touche à la possibilité, que dans le gouvernement de la gauche, il y ait des ministres communistes, c’est bien ça ?
Intervenant 1
C’est bien ça, oui.
François Mitterrand
C’est sur cette hypothèse que nous avons fondé le Parti socialiste en 1971. Puisque, en même temps qu’il se constituait ce Parti socialiste nouveau, comme on dit le Parti socialiste d’Épinay-sur-Seine, celui qui m’a désigné comme premier secrétaire, Cela fait déjà, voyez comme le temps passe, presque six ans et demi... Nous avons fondé notre parti sur la stratégie d'’union de la gauche. L’union de la gauche, c’est l’union des forces populaires, c’est l’union des forces du travail, c’est l’union des forces productives. Et l’union des forces populaires suppose en traduction politique, qu’il fallait engager le débat, le dialogue, la discussion, et peut-être le contrat, avec les formations politiques qui représentent ces classes sociales. Parmi ces formations politiques, bien entendu, le Parti communiste. Nous avons été logique puisque l’année suivante au mois de juin 1972, nous avons signé le programme commun. Vous savez comment s’appelle le programme commun ? Il s’appelle programme commun de gouvernement de la gauche, ce qui présuppose la présence au gouvernement de l’ensemble des formations politiques qui ont signé le programme commun. C’est d’ailleurs là-dessus que j’ai débattu avec Monsieur Giscard d’Estaing en 1974, chacun le sait bien, n’insistons pas. Qui s’est écarté de cette hypothèse  ? Sinon le parti communiste... lorsque, au mois de septembre, il a posé des conditions inacceptables, excessives, hors programme commun, pour aboutir à une rupture sur cette négociation.
Henri Marque
Ces conditions existent toujours, Monsieur...
François Mitterrand
Qui, qui a engagé cette polémique, à laquelle nous ne répondons que lorsque c’est nécessaire pour justifier nos arguments, mais que nous ne voulons pas entretenir... Incessante, quotidienne, virulente, injuste, préfabriquée, comme on fabrique des mauvais procès.. Qui ? C’est le Parti communiste et ce n’est pas nous. A compter du moment où le Parti communiste souhaite reprendre le fil de la conversation sur la base qu’il n’aurait pas dû quitter; à savoir le programme commun du gouvernement de la gauche de 1972, la situation est déjà différente. Encore faut-il remplir des conditions préalables ... Et la première de ces conditions c’est que la gauche gagne ! Et pour qu’elle gagne, il faut que communistes, socialistes, et les autres, se rassemblent. Donc, on ne peut pas s’amuser à la fois, à rester comme étranger au débat, ou bien sembler laisser une sorte de question sans réponse... On verra ce qu’on verra, on verra ce qu’on fera, il n’est pas sûr que l’on applique la discipline républicaine. Nous, socialiste, nous appliquerons la discipline républicaine, la discipline de la gauche et nous nous retirerons le 19 mars prochain en faveur du candidat de gauche le mieux placé. Voilà, le premier point, sur lequel il faut établir une situation claire avant de parler du partage des portefeuilles. Discussion très intéressante, mais qui n’aura de sens que lorsque la gauche l’aura emporté, quand ce ne serait aussi que par décence.
Julien Besançon
Je voudrais faire préciser un petit point Monsieur le Président.
François Mitterrand
Je vous en prie !
Julien Besançon
On a posé le programme commun, il est sur la table. Je pose d’autres programmes : propositions pour la France, rassemblement pour la République de Jérôme Monod, c'est pas vous. CDS, l’autre solution, c'est pas vous. Le programme commun du gouvernement de la gauche, proposition socialiste pour l’actualisation, ça vient de chez vous. Il y en a encore quelques autres qui viennent de tomber là; est-ce qu’il faut encore poser par dessus, pour que ça soit bien clair, et bien visualisé, un programme, un pacte de gouvernement nouveau ? Non. C'est pas ça ?
François Mitterrand
Non, non, je ne pense pas. Ce n’est pas la peine, voyez, la littérature est déjà assez abondante. Non. Il y a dans ce document, qui est le document publié par le Parti socialiste, il y a le programme commun 1972.
Julien Besançon
C’est ça le pacte de gouvernement nouveau.
François Mitterrand
C’est ce qui est écrit en rouge là. En plus, il y a, puisqu'on ne s’est pas mis d’accord sur l’actualisation, il y a les propositions socialistes pour l’actualisation. Alors, nous socialistes, nous disons, tout ça, ça engage ceux qui l’ont signé; c’est-à-dire toute la gauche, mais ça, ça n’engage que nous. Bon. Alors, ça, nous le proposerons, et ça aussi.
Julien Besançon
Il faut tout recommencer et  renégocier alors ...
François Mitterrand
Pas du tout, pas du tout. Ne vous en faites pas, si vous voulez, plus lent à comprendre que vous ne l’êtes naturellement. Vous êtes fort vif. Non, je vous en prie. Bon. Ça veut dire que le Parti socialiste a fait du programme commun de gouvernement de la gauche 1972, son programme; c’est normal, il l’a signé ! Il est regrettable que ce ne soit pas le programme également du Parti communiste qui demande quelque chose en plus. Et sur ce quelque chose en plus, naturellement nous acceptons de discuter avec le Parti communiste. Alors, nous faisons nos propres propositions, mais elles n’engagent que nous. Et c’est ce document-là, si les électeurs veulent bien que le Parti socialiste soit le 19 mars, le premier parti à l’Assemblée nationale, le parti des 7 millions de voix, le parti du changement, le parti du renouveau et le parti de la garantie des libertés publiques; alors, c’est ce document-là qui sera soumis aux autres partenaires de la gauche, aux communistes et aux radicaux de gauche en particulier, pour faire le programme de gouvernement. Est-ce que c’est clair ?
Patrice Duhamel
Mais Monsieur Mitterrand, les communistes l'ont déjà refusé les propositions que…
François Mitterrand
Non. Ils n’ont pas refusé le programme commun, ils l’ont signé.
Patrice Duhamel
Non, mais, les nouvelles propositions, dans les négociations qui ont eu lieu au mois de septembre dernier.
François Mitterrand
Ces propositions-là, ils les ont refusées.
Patrice Duhamel
Ça c’est très important, c’est un point important.
François Mitterrand
Ces propositions-là, ils les ont refusées. Elles resteront en débat. Si nous l’emportons, il faudra bien constituer un gouvernement. Ne pourront constituer ce gouvernement que ceux qui s’engageront sur un programme de gouvernement. Et les propositions socialistes s’ajouteront sans doute à d’autres propositions, car à ce moment-là, chacun sera libre d’en faire.
Patrice Duhamel
Il faudra renégocier alors.
François Mitterrand
Ecoutez, Monsieur Duhamel, vous connaissez des partis politiques qui à la veille de former un gouvernement n’ont pas de conversation pour savoir ce qu’ils vont faire ?
Christian Bernadac
Mais moi je trouve que vous allez un petit peu vite. Moi je voudrais revenir sur les ministres communistes. Bon. Les ministres communistes, il va peut être falloir en discuter avant le 12 mars, parce que, de, ou non, l’acceptation de ces ministres communistes dans un gouvernement de coalition, à ce moment-là dépendront les reports au deuxième tour.
François Mitterrand
Le problème ... Le problème ... Monsieur Bernadac ! J’ai l’air alors de faire toujours, celui qui grommelle, qui gronde et qui met les choses en ordre.
Christian Bernadac
Non, moins que Monsieur Marchais.
François Mitterrand
Je ne vais pas le faire. Je veux dire simplement là, vous revenez un peu insidieusement sur la même question. Le principe de la présence des trois signataires du programme commun qui sont, je vous le rappelle, le Parti socialiste, le Parti communiste et le Mouvement des radicaux de gauche... Leur présence commune, au sein d’un gouvernement commun, à l’issue d’élections législatives victorieuses, dans le cadre de la discipline de la gauche, ce principe est déjà réglé, depuis maintenant, plus de cinq ans. Il suffit de le mettre en application. Bien entendu, on ne peut le mettre en application que si les trois partenaires restent dans cette disposition d’esprit; ce qui est le cas du Parti socialiste. Bien entendu encore, mais pardonnez les vérités de La Palice, cela n’est possible que si la discipline de la gauche, lors du deuxième tour de scrutin, a joué. Voilà c’est tout. Donc réglons d’abord ce problème, gagnons d’abord les élections, allons vers l’application du programme commun, qui suppose un gouvernement commun de la gauche; et engageons la discussion sur le programme de gouvernement complémentaire au programme commun.
Henri Marque
Je comprends que vous fixiez cet ordre du calendrier…
François Mitterrand
C’est le calendrier qui me l’impose.
Henri Marque
Bien sûr, mais, enfin, nous sommes à une époque où il parait difficile d’aller aux élections sans préciser aux Français et aux électeurs quel gouvernement on fera si on gagne... Alors, je voudrais vous poser trois questions à ce sujet.
François Mitterrand
Vous connaissez la proposition de Monsieur Giscard d’Estaing là-dessus ?
Henri Marque
Non, mais enfin on imagine surtout…
François Mitterrand
J’ai même entendu un certain nombre d’insinuations là-dessus. Vous connaissez le projet de Monsieur Chirac ?
Henri Marque
Ecoutez, on connaît le programme et on image plus facilement …
François Mitterrand
Oh, vous ne connaissez pas notre programme ? Ça fait cinq ans qu’il est publié monsieur... C’est le nôtre hein ...
Julien Besançon
Non non, il a dit, nous connaissons le programme.
Henri Marque
Je voudrais vous poser à ce sujet deux questions : si vous gouvernez avec les communistes est-ce que vous pensez qu’après toutes les accusations échangées, là, je ne fais pas allusion aux polémiques personnelles qui sont en effet, secondaires, mais aux accusations graves qui semblent démontrer qu’il y a en France des socialismes, le vôtre et celui des communistes, qui sont difficilement compatibles.
François Mitterrand
Vous croyez que ce sera très difficile à Monsieur Chirac de gouverner avec Monsieur Barre ?
Henri Marque
Est-ce que vous, vous pourrez gouverner avec les communistes après tout ce qui s’est dit entre vous et que vous rappeliez tout à l’heure ? Et si vous ne pouvez pas gouverner…
François Mitterrand
Entre nous, il aurait mieux valu que les dirigeants communistes, ne nous traitent pas de la façon dont ils nous ont traités, sur la base d’imputations erronées, qui, quelquefois, sur le plan même de l’histoire, ont atteint l’idée que nous nous faisons de la vérité historique. Très bien ! Nous ne leur avons pas envoyé dire. Mais le problème n’est pas de savoir comment Georges Marchais ou moi-même nous réagissons dans telle ou telle situation. L’union de la gauche, c’est autre chose. L’union de la gauche, c’est une réalité populaire. C’est aussi une immense espérance. L’union de la gauche, elle est commandée par ceux qui vivent en France et qui attendent le changement. Notre rôle à nous, partis politiques, il est d’interpréter la volonté de ces masses qui vont voter pour nous et qui attendent, je vous assure, presque avec angoisse, avec une force formidable, le changement d’après le mois de mars. Et bien le devoir de ces partis politiques, c’est de s’intéresser à ce problème-là beaucoup plus qu’à leurs polémiques.
Henri Marque
C’est vrai, mais il faut que le pouvoir soit crédible, il faut qu’il soit crédible dans ses capacités de gouverner…
François Mitterrand
Nous nous efforcerons de vous satisfaire Monsieur Marque. Le Parti socialiste ne peut pas aujourd’hui, faute d’information sur les intentions communistes ;  n’est pas en mesure de dire ce qui se passera au deuxième tour de scrutin, sinon pour ce qui nous engage. Nous, nous respectons la discipline de la gauche, nous nous retirerons lorsque nous sommes derrière. Très bien. Notre souhait est que l’engagement pris sur le programme commun soit respecté. C’est-à-dire qu’il y ait le programme commun, des propositions communes, et un gouvernement commun. Si le Parti communiste ne le veut pas, cela ne dépend pas de moi. Le Parti socialiste de toute façon, au lendemain des élections, si elles sont victorieuses pour la gauche, prendra la responsabilité de se poser en parti capable de gouverner, en parti de gouvernement. Et il fera connaître ses propositions publiquement, pour la constitution d’un gouvernement le plus large possible, c’est-à-dire, rassemblant l’ensemble des formations de la gauche. Alors, vous allez me dire, oui enfin, je vais vous le laisser le dire. Et s’ils ne veulent pas ?
Julien Besançon
Non, j’allais vous dire autre chose, mais ça ne fait rien…
François Mitterrand
Alors, je vous laisse le faire. Je retire, puisque ça ne vous intéresse pas, je retire.
Julien Besançon
Il y a une excellente façon de faire les demandes et les réponses et dans ce cas, continuez Monsieur François Mitterrand, au contraire ... S’ils ne veulent pas...
Patrice Duhamel
S’ils ne veulent pas et que vous avez, mettons 28 % des voix ce qui est votre objectif, ou 27 % ou même 30 %, est-ce que vous pouvez gouverner avec 30 % ?
François Mitterrand
Pour l’instant, il semble bien qu’ils le disent, ils le crient même sur les toits, qu’ils le veulent.
Patrice Duhamel
Vous avez dit vous-même s’ils ne veulent pas...
François Mitterrand
Je fais à moi-même ma première réponse. Bon. S’ils ne le voulaient pas comme on pouvait le croire, pendant cette polémique fâcheuse et douloureuse ; et surtout, quand nous nous sommes vu attaqués comme si nous étions des adversaires, avec lesquels précisément on ne fait pas de gouvernement, puisque nous étions supposés être nous-mêmes socialistes.
Julien Besançon
Vous dites que…
François Mitterrand
Monsieur Besançon, je faisais simplement de la grammaire, je faisais l’accord des temps. Et je parlais donc au passé, puisque la grammaire l’exigeait. Mais cela ne supposait pas, et vous êtes grammairien assez fin, que je parlais au passé, quant à l’alliance de la gauche. Je disais simplement qu’il n’y a pas si longtemps, c’est peut-être encore le cas, vous faisiez état vous-même d'un sorte de brise nouvelle, le parti communiste nous a traités de telle façon, qu’il semblait bien démontrer, ensuite avec cette fameuse règle des 21 à 25 %, qu'il semblait en somme ne pas vouloir aller au pouvoir... Et on pouvait s’interroger ! D’abord, moi j’ai toujours été convaincu que cette polémique était lancée, parce que le Parti communiste n’acceptait pas que la Parti socialiste fût devenu plus important que lui sur le plan de l’électorat ; soit plus important que lui dans la vie politique française. Bon. J’ai toujours pensé cela et j’ai trouvé cela inacceptable. Car remettre en question les chances de la gauche pour assurer ses intérêts partisans, cela sera jugé très sévèrement par l’opinion publique. Ensuite, j'ai pensé qu’il y avait d’autres raisons et peut-être une certaine crainte d’aller vers un gouvernement qui serait obligé d’affronter la crise. Très bien, il y a encore beaucoup d’autres explications... Mais je ne peux pas répondre à la place de Georges Marchais, d’autant plus que Georges Marchais dit qu’il souhaite aller au gouvernement. Bon, très bien, je l’écoute, je n’ai pas de raison de douter de ce qu’il dit. Alors, on discutera des propositions qui seront faites, c’est tout... Qu’est ce que vous voulez que je vous dise d’autre ?
Julien Besançon
Nous sommes toujours dans l’hypothèse...
François Mitterrand
C’est à vous qu’il l’a dit. Vous confirmez alors.
Henri Marque
A L'Evénement, il nous a dit qu’il voulait aller au gouvernement, il voulait toujours le pouvoir…
Patrice Duhamel
A condition que les propositions communistes soient acceptées et soient mises en application…
Julien Besançon
Ne revenons pas Messieurs sur le… Monsieur Mitterrand a répondu il y a quelques minutes. Restons dans cette hypothèse.
François Mitterrand
De toute façon, le Parti socialiste, lui, estime que si la gauche l’emporte, quel Français et surtout celui ou celle qui aura voté pour nous, pourrait comprendre que la gauche ayant gagné ne gouverne pas ?!
Julien Besançon
Gouvernement, je rebondis sur ce mot. Nous sommes toujours dans l’hypothèse, la gauche l’emporte, le Parti socialiste est fort. Le Parti communiste s’est désisté entre le premier et le second tour d’une façon que vous considérez comme convenable, que les électeurs ont considéré comme convenable. Nous sommes le 20 août matin, création d’un gouvernement de gauche...Bien. Avec un président de la République qui n’est pas élu sur le programme commun, avec un gouvernement de gauche, la formation de l’équipe est importante. Ce n’est pas de la politologie. Nous avons posé à plusieurs reprises ici même à cette table, cette question à des hommes politiques responsables. On aime bien savoir qui sera un peu au pouvoir, aux affaires si ce n’est au pouvoir et un peu au pouvoir quand on est aux affaires. Alors, les communistes, à quels postes, de quelle façon ? Ce n’est pas de la politique-fiction.
François Mitterrand
Monsieur Besançon, mais... C’est quand même incroyable qu'on me demande comment pourrait être composé tel ou tel gouvernement.
Julien Besançon
Mais vous avez quand même une idée.
François Mitterrand
Mais vous connaissez… enfin, je ne suis pas chef du gouvernement, je n’ai pas été chargé de cette mission. Bon, après, c’est une première réponse. Deuxièmement, même si je l’avais été à sept semaines de distance, ça paraîtrait un peu plus surprenant. Avant même d’avoir obtenu les résultats des élections, je vous remercie, vous nous faites vraiment confiance...
Julien Besançon
Non, c’est une hypothèse ! On va voir l'autre tout à l'heure ...
François Mitterrand
Bon, très bien, mais vraiment, vraiment, même si tel était le cas, on a passé 45 jours, la gauche a gagné. Le Président de la République a choisi un Premier ministre, de gauche. On va supposer que c’est moi, très bien, c’est vous qui l’avez dit, ce n’est pas moi. A partir de là, même si vous me posiez la question, je ne vous répondrais pas, j’attendrais d'informer les Français de la composition du gouvernement. Aussi intéressant que vous soyez, aussi curieux que vous soyez, je ne vous répondrais pas.