François Mitterrand est réélu

08 mai 1988
03m 15s
Réf. 00192

Notice

Résumé :
Soirée électorale du second tour de l’élection présidentielle de 1988 : estimation Bull-BVA, le visage électronique du vainqueur s'affiche. François Mitterrand est réélu avec une estimation de 53,9% des suffrages contre 46,1% à Jacques Chirac.
Type de média :
Date de diffusion :
08 mai 1988

Éclairage

Au terme d’une campagne électorale que des commentateurs ont pu qualifier d’ennuyeuse ou de « vide » d’un point de vue programmatique, c’est François Mitterrand qui l’emporte, sans surprise. La cohabitation (1986-1988) entre les deux candidats, l’un président socialiste et l’autre chef d’un gouvernement de droite n’a pas été défavorable à François Mitterrand.

François Mitterrand, entouré de ses conseillers en communication célèbres, Gérard Colé et Jacques Pilhan, choisit de se positionner au-dessus de la classe politique – et de son adversaire – en renforçant le domaine présidentiel avec une certaine solennité. A l’inverse, poussé par une vive concurrence à droite, Jacques Chirac se positionne dans l’affrontement face au Président et multiplie les apparitions médiatiques. Quelques mois après les élections législatives de 1986 qui voient la droite l’emporter, l’opinion commence à nouveau à manifester une exaspération vis-à-vis de la nouvelle majorité, qui se divise et fait face à une double opposition, à gauche et à l’extrême droite.

À l’inverse, François Mitterrand, à quelques mois du scrutin, en janvier 1988, dispose de 60% d’opinion favorable dans les sondages. Les résultats du premier tour laissent peu de chance de victoire pour Jacques Chirac. François Mitterrand dispose de 34.09% des suffrages exprimés, Jacques Chirac et Raymond Barre disposent respectivement de 19.9 et 16.54% des suffrages exprimés. François Mitterrand dispose d’une réserve de voix importante à fauche (10%). Jean-Marie Le Pen créé la surprise (14.4%) et ses électeurs auraient pu peser. Cependant, Raymond Barre n’accepte de se désister en faveur de Jacques Chirac qu’à la condition qu’aucune concession ne soit faite au Front National.

François Mitterrand, qui a fait campagne sur le thème de « la France unie » a rassemblé au-delà de l’électorat de gauche, très certainement chez une partie des électeurs du centriste Raymond Barre. Cette stratégie d’ouverture se traduit concrètement à l’issue du scrutin par la nomination de Michel Rocard en tant que Premier ministre et l’entrée de centristes au gouvernement.
Léa Pawelski

Transcription

Bernard Rapp
Voilà nous aurons maintenant, vous découvrirez le visage du nouveau Président dans quelques secondes, dans une trentaine de secondes, Paul. On ne peut rien dire pour l’instant, ça ne va pas tarder. Je crois qu’on tient l’antenne pour vous dire que dans maintenant cinq secondes, vous pourrez découvrir le Président, voilà. Voilà, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, voici le nouveau Président de la République.
Paul Amar
Dans quelques secondes, je vous confirme ce qu’on disait tout à l’heure, la participation a été plus forte qu’au premier tour, cela veut dire qu’il y a eu mobilisation au second tour de l’élection présidentielle ; à qui cette mobilisation a-t-elle profité ? Nous le savons, tout de suite.
(Musique)
Bernard Rapp
Voilà donc l’image de ce nouveau Président de la République, François Mitterrand vient d’être réélu selon l’estimation Bull BVA avec 53,9% des voix, ce qui veut dire, on va le voir tout de suite que Jacques Chirac a obtenu de son côté 46,1% de ces mêmes voix, 53,9 pour François Mitterrand et 46,1% pour Jacques Chirac. Un tout premier commentaire, Paul Amar.
Paul Amar
François Mitterrand, Président de la République pour la seconde fois de sa carrière, il bat un record. C’est la première fois, sous la Cinquième, qu’un homme est élu au suffrage universel direct deux fois de suite. François Mitterrand va donc entamer, à partir d’aujourd’hui, un second mandat comme de Gaulle en 1965. Comme de Gaulle, François Mitterrand aura marqué la vie politique de la France dans la seconde moitié du XXe siècle. Présent, omniprésent de la Libération aux années 80, peut-être aux années 90. Ministre à 31 ans en 1947, onze fois ministre sous la Quatrième République. Président de la République en 81, Président de la République à nouveau en 88, un destin exceptionnel, personnel d’abord. Je veux être roi ou pape, disait-il enfant, il est aujourd’hui Président. Destin politique ensuite, François Mitterrand a été le premier homme de Gauche à ravir le pouvoir à la famille libérale et gaulliste qui le détenait depuis 1958 et à garder ce pouvoir contre l’héritier du Général de Gaulle, j’allais dire, à le reprendre, n’oublions pas la cohabitation entre 86 et 88. Que fera-t-il de ce pouvoir ? Sera-t-il grisé par cette réélection, inimaginable il y a deux ans ? Se comportera-t-il comme un président monarque ou bien comme un président philosophe, c’est un mot qu’il emploie souvent. Se laissera-t-il entraîner par ses propres troupes qui voudront peut-être faire oublier 86-88 ?
Bernard Rapp
Voilà, ces images que vous voyez nous viennent, je pense, de Château-Chinon donc, et voilà. Non, ça vient de la rue Franco-Russe donc, le QG de campagne de François Mitterrand.
Paul Amar
Oui, mais qui fête précisément la victoire de François Mitterrand. Mais la réponse à la question que je posais tout à l’heure, eh bien, sera contenue dans les premiers mots de François Mitterrand qui devrait parler vers 20 heures 30 ou 21 heures dans la réponse de l’élu, du réélu, de celui que François Mauriac considérait comme un personnage de roman.