François Mitterrand défend la réforme des écoles publiques et privées

22 mai 1984
01m 12s
Réf. 00216

Notice

Résumé :
Le 22 mai 1984, depuis la mairie d'Angers, François Mitterrand réaffirme sa confiance au gouvernement, mis en difficulté par le projet de loi Savary sur le rapprochement des écoles publiques et privées.
Date de diffusion :
22 mai 1984
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Éclairage

Le 22 mai 1984, François Mitterrand se déplace à Angers. Il inaugure la galerie David d'Angers issue des collections du musée des Beaux-Arts de la ville. Il inaugure également un buste de Pierre Mendès France, à qui il rend un vibrant hommage. Il parle de lui comme l'un "des grands maîtres de la pensée républicaine, de la pensée patriotique". Il visite également une entreprise d'informatique, l'entreprise Bull qui est "un exemple très intéressant de ce qui peut être fait quand on se décide à choisir l'avenir plutôt que le passé, tout en préservant ce qui doit être sauvegardé d'un passé nécessaire". Par ce subtil double discours, François Mitterrand prépare la suite de son intervention qui traite de la contestation du projet de loi Savary sur la réforme de l'école publique et privée. Ce projet prévoit l'intégration dans la fonction publique des professeurs des écoles privées en échange des subventions publiques accordées aux établissements confessionnels. Cette mesure est contestée par l'Eglise catholique qui redoute la mainmise de l'Etat sur ses enseignants.

Lors de ce déplacement à Angers, le président de la République est accueilli par près de trois mille manifestants en faveur de "l'école libre". D'importantes manifestations contre le projet de loi ont déjà eu lieu en janvier à Bordeaux et à Lyon, puis à Versailles en mars, où 500 à 800 000 personnes ont manifesté. Au cours de son allocution, François Mitterrand tente de défendre cette réforme annoncée parmi les 110 propositions pour la France. La proposition 90 prévoyait la mise en place "d'un grand service public, unifié et laïque de l'éducation nationale". Alors que le texte de loi repasse devant l'Assemblée nationale, le jour même de la visite de Mitterrand à Angers, les députés PS durcissent le texte avec l'accord du président de la République. Le président affiche sa détermination à Angers : "En tout cas, il faut bien qu'on sache qu'il n'est pas question de revenir sur cet engagement et qu'aucune pression ne fera reculer l'Etat".

Un mois plus tard, le 24 juin 1984, les opposants aux projets réunissent entre 850 000 et 2 millions de personnes à Paris. Le 12 juillet, sur TF1, François Mitterrand intervient afin d'annoncer le retrait du projet de loi Savary. Il annonce également la mise en place d'une réforme constitutionnelle pour permettre aux Français de s'exprimer par referendum sur les réformes liées aux libertés. Cette réforme n'a jamais été engagée par la suite.

Le ministre Alain Savary et le Premier ministre Pierre Mauroy apprennent la nouvelle à la télévision. Le 17 juillet 1984, ils déposent leur démission. Les communistes en profitent alors pour quitter le gouvernement afin de protester contre la politique d'austérité. Laurent Fabius devient premier ministre. Michel Sardou, soutien des opposants de la loi, triomphe avec sa chanson Les Deux écoles qui se vend à 350 000 exemplaires pendant l'été 1984.
Félix Paties

Transcription

Présentateur
Le Président de la République recevra vendredi les parents d’élèves de l’enseignement privé, une entrevue qui interviendra après la fin du débat sur le projet de loi. Mais aujourd’hui, François Mitterrand était à Angers où il a été accueilli vivement par quelques trois mille manifestants, partisans de l’enseignement privé, qui l’attendaient devant la Mairie. Le Chef de l’État était à Angers pour y visiter l’usine d’ordinateur, la société Bull, mais c’est surtout sur la querelle scolaire que François Mitterrand est intervenu pour réaffirmer que l’État prendra ses responsabilités.
François Mitterrand
L’État doit remplir son rôle, il tient compte des réalités. Il reste sage dans l’aménagement qu’il fait des lois antérieures qui n’étaient pas des lois de paix scolaire. Et il prépare, en tout cas, c’est son intention et c’est sa volonté, il prépare des temps prochains où chacun reconnaîtra que l’État fait son devoir et que les consciences restent libres, en commençant par la conscience des enfants.