Discours sur le Tiers-Monde à l'Unesco

01 septembre 1981
01m 43s
Réf. 00242

Notice

Résumé :
Discours de François Mitterrand à l'Unesco sur la solidarité nécessaire envers le tiers-monde, dans lequel il plaide pour une croissance partagée à l'échelle mondiale.
Date de diffusion :
01 septembre 1981
Source :
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Éclairage

À l'occasion de la Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, organisée à Paris, le président de la République prononce le discours d'ouverture de la Conférence au siège parisien de l'Unesco. L'objet de cette Conférence, qui fait suite à la cinquième Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) réunie à Manille en juin 1979, est de définir un plan d'urgence pour les pays les moins avancés (PMA). Ces PMA regroupent 31 pays de nature différente mais répondant aux mêmes critères d'extrême pauvreté : faiblesse du revenu par tête, économie à dominante agraire, niveau médiocre des infrastructures d'éducation, de santé, etc.

Dans son discours inaugural, François Mitterrand en appelle à la responsabilité des grandes puissances occidentales, redoutant que la crise économique et le chômage de masse dans lesquels elles sont plongées ne se traduisent par un protectionnisme accru au détriment des pays les plus vulnérables aux fluctuations des échanges. Il prône ainsi une croissance partagée qui seule permet le codéveloppement.

François Mitterrand défend, ce faisant, les vertus de la mondialisation des échanges qui s'amorce sans dire encore véritablement son nom. Il appelle à ne pas avoir peur des destructions d'emplois qu'elle pourrait représenter dans certains secteurs, confiant dans le fait que les opportunités à saisir seront plus grandes que les pertes subies.

Parallèlement, la France, qui entend assumer un leadership certain sur cette question du développement, annonce à cette occasion le renforcement de ses dispositifs d'aides bilatérales et multilatérales.
Vincent Duchaussoy

Transcription

Bernard Rapp
À Paris, ouverture ce matin de la Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés. Le but de cette conférence, aider les trente et un pays les plus pauvres du monde. C’est François Mitterrand qui a prononcé le discours d’ouverture. Un long discours dans lequel le Chef de l’État a souhaité que dans les rapports entre les pays riches et les pays pauvres, l’esprit de responsabilité partagée remplace la méfiance et l’indifférence. Dénonçant l’injustice qui règne en institution sur le monde, le Président de la République a esquissé ce qui, pour lui, était une croissance acceptable.
François Mitterrand
Quant à la croissance, si nécessaire pour nous libérer du chômage et de la pauvreté, qui pourrait croire aujourd’hui qu’elle ne dépende pas d’abord de la prospérité commune. Qui pense encore à la croissance harmonieuse d’une moitié du monde, à peine, sans se préoccuper de l’autre ? La concurrence des pays récemment industrialisés menace sans doute quelques uns de nos secteurs affaiblis. Mais globalement, cette concurrence est le signe du développement commun, de l’apparition de partenaires inédits et fournit la preuve que peuvent s’ouvrir de nouveaux marchés. Tout indique que ces mutations suscitent beaucoup plus d’emplois qu’elles n’en suppriment. La solidarité pour le développement avec l’ensemble du Tiers-monde m’apparaît tout à la fois comme la clé de notre avenir commun et une nécessité pour chacun. Aider le Tiers-monde, que de fois l’ai-je rappelé, c’est s’aider soi-même à sortir de la crise.