Une innovation : le vélo ski

20 février 1947
39s
Réf. 00024

Notice

Résumé :

Présentation à Chamonix par Saint-Granier et Maurice Baquet d'un nouvel appareil pour glisser sur la neige, le vélo ski. Cette invention a trouvé de nombreux adeptes sur les pistes durant l'hiver 1947.

Date de diffusion :
20 février 1947
Source :

Éclairage

La « Semaine internationale des sports d'hiver » nommée par le commentateur la « grande semaine de Chamonix » pour insister sur son aspect populaire, est organisée pour la première fois en 1907 à Briançon-Montgenèvre. Dès 1908, Chamonix, qui a compris l'importance de cette nouvelle activité, s'en empare régulièrement jouant sur sa notoriété et son antériorité dans le tourisme de montagne pour renforcer sa position et son économie dans ce domaine face aux nouvelles concurrences.

Le vélo ski, présenté le 20 février 1947 par cet extrait des Actualités Françaises (1) comme une innovation technologique, est une hybridation de deux pratiques en vogue à partir de la fin du XIXe siècle : le vélo d'abord puis le ski. Dans ces années d'après-guerre tournées vers la reconstruction et l'optimisme, le reportage s'inscrit d'emblée dans le ton de l'époque, celui de la confiance dans le progrès et de la reconstruction matérielle et sociale. Aussi cette innovation semble-t-elle en phase avec la demande sociale.

Ce mode de glisse n'est pourtant pas une invention récente. En France, le paret, moyen utilitaire traditionnel de se déplacer sur la neige, semble être l'engin précurseur du vélo-ski dont l'Américain J. Stevens serait l'inventeur. Il dépose un brevet en 1892 pour son « ice vélocipède » – une bicyclette avec des skis à la place des roues. Les origines du vélo-ski moderne, autrement appelé ski-bob, remontent à la fin des années 1940, quand un fabricant autrichien de skis, Engelbert Brenter, inventa le « Sitski » (ski siège).

Le reportage présente une tentative d'implantation du vélo-ski en France qui profite d'un événement international : « la grande semaine de ski » avec des épreuves représentatives des sports d'hiver de l'époque : saut, ski, luge, patinage. Très court, il doit en quelques images évoquer la commodité du matériel dont la première montre en gros plan le nouvel engin. La championne de ski attentive aux conseils du démonstrateur, les deux acteurs, un enfant, une pente faible constituent au-delà d'une incitation à la pratique du vélo-ski, un appel à profiter des joies des sports d'hiver.

On comprend ainsi quels sont les facteurs favorables à l'appropriation du vélo-ski par le public : l'appui sur la famille, valeur importante à cette période, l'aspect accessible et divertissant de la pratique. La légèreté et la maniabilité de l'engin sont démontrées dès le début du reportage par Saint-Granier (2) qui esquisse un large sourire communicatif. Maurice Baquet (3), guilleret et sautillant invite l'enfant à se saisir du matériel, ce qu'il réalise d'une manière simple et rapide. Les deux démonstrateurs, Saint-Granier et Maurice Baquet, viennent d'un autre horizon (cinéma, musique) illustrant l'idée d'utiliser la popularité d'artistes pour la promotion de la montagne touristique. Ils ont pour mission d'élargir la vision du sport et mettent en confiance les téléspectateurs par leur humour.

Pourtant, cette innovation technologique du vélo-ski qui permet à l'homme de glisser sur la neige et de découvrir de manière très accessible les territoires de la neige s'est peu développée en France et il faudra attendre les années 1970 pour voir une timide réapparition. Le conflit entre tradition et modernité a-t-il empêché son développement ? C'est la question qui se pose au début des années 1950, dans ce temps où l'accélération des progrès techniques impose des réflexions de type philosophique sur l'essence de la vie.

(1) Les « Actualités Françaises » font partie des collections d'archives d'actualités cinématographiques conservées par l'INA. L'ensemble de ces documents a fait l'objet d'une restauration de l'image et du son opérée par les équipes de l'INA. Ces films étaient diffusés dans les salles de cinéma sous les dénominations suivantes :

- Les « Actualités mondiales » (août 1940 – août 1942), version pour la France du journal allemand de l'UFA, seul journal cinématographique visible dans la zone occupée. En « zone libre » un journal cinématographique est édité d'octobre 1940 à août 1942 sous le contrôle étroit du régime de Vichy : le journal de France–Actualités Pathé.

- « France Actualités » (août 1942 – août 1944) : ces actualités du régime de Vichy sont diffusées sur tout le territoire et, à capitaux français et allemands, elles marquent l'engagement plus profond du gouvernement de Vichy dans la collaboration.

- « France Libre Actualités » (septembre 1944 – décembre 1944), journal cinématographique fondé en coopérative par plusieurs comités de Résistance.

- Ce journal d'actualités prend le nom « d'Actualités Françaises » à partir de janvier 1945 et sera diffusé dans les salles de cinéma jusqu'en février 1969.

(2) Saint-Granier : De son vrai nom Jean de Granier de Cassagnac (1890-1976) était un chanteur, auteur-compositeur, scénariste, réalisateur, créateur de revues, homme de radio et journaliste français.

(3) Maurice Baquet : Violoncelliste, alpiniste, acteur de théâtre et de cinéma (1911-2005) et grand amoureux de la montagne, habitué à fréquenter Chamonix pour la pratique de l'alpinisme et du ski.

Dorothée Fournier

Transcription

(Musique)
Journaliste
Au cours de la grande semaine de Chamonix, on présente un nouvel engin sportif, le véloski.
(Musique)
Journaliste
Et le présentateur n’est autre que Saint-Granier.
(Musique)
Journaliste
Maurice Baquet est le deuxième démonstrateur.
(Musique)
Journaliste
Il faut croire que la démonstration a été concluante car cela devient une véritable fête de famille.
(Musique)