Les risques des sports nouveaux dans les Alpes

01 juillet 1996
02m 27s
Réf. 00033

Notice

Résumé :

Reportage sur les risques liés à la pratique des nouveaux sports en montagne comme le parapente, l'alpinisme ou le canyoning. Le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne (PGHM) doit souvent intervenir en milieu hostile et dans certains cas, faire face à de fausses alertes.

Date de diffusion :
01 juillet 1996
Source :

Éclairage

Au début des vacances de l'été 1996 une campagne de prévention des risques des sports nouveaux en montagne est mise en place. Ses maîtres mots « prudence et responsabilité pour tous » illustrent la réplique de la gendarmerie à la série d'accidents mise en relief par les journalistes.

Un hélicoptère rouge en photo derrière la présentatrice du journal télévisé Rhône-Alpes Soir, des écussons militaires sur lesquels s'attarde la caméra, une entrée en matière dénombrant les morts en montagne la veille. La réponse à cette problématique posée : « 2 morts, 3 blessés graves » se présente sous forme d'interviews de militaires, car les « gens d'armes » appartiennent à cette institution. Si la gendarmerie a eu au cours des siècles des rôles variés (sécurité, défense et combat, administration, arrestation, enquête, police), les pelotons modernes sont affectés à des tâches précises : gendarmerie de l'air, gendarmerie maritime, GIGN, PGHM, PGM (1). Cette organisation s'ajuste aux besoins, ce que nous rappelle le capitaine Margot : « la gendarmerie s'adapte toujours ». Bien que les pratiques traditionnelles de montagne, randonnée et alpinisme, soient à l'origine de la plus grande partie des interventions, la gendarmerie s'organise pour répondre aux nécessités des sports nouveaux. L'usage du treuillage à partir de l'hélicoptère illustre l'adaptation des secours à l'évolution des pratiques en milieux difficiles, dans lesquels les torrents ont creusé des gorges étroites et « hostiles », qui nécessitent le recours à deux activités, celle de l'escalade, celle du canyoning. En France, quinze zones sont pourvues d'un PGHM, dont Briançon, Bourg-Saint-Maurice, Grenoble, Oloron-Sainte-Marie, Ajaccio Corte, Saint-Denis de la Réunion. Les pelotons de montagne, eux, sont affectés aux régions moins élevées, Jura, Vosges, Massif central. La mission du PGHM est de secourir, rechercher les personnes, contrôler le respect de la réglementation, constater les infractions, surveiller, participer aux commissions de sécurité, prévenir les accidents, informer, enquêter, réaliser des expertises. Il agit seul ou en collaboration avec d'autres intervenants civils ou militaires, pompiers, pilotes, médecins, guides de haute montagne, pisteurs-secouristes, moniteurs de ski, maîtres-chiens. Sur le territoire national, le secours en hélicoptère est effectué par la sécurité civile, la gendarmerie, les sociétés privées dont le SAF (Secours Aérien Français). Les personnels sont formés pour les nouvelles disciplines, parapente, canyoning, VTT, au Centre National d'Instruction de Ski et d'Alpinisme à Chamonix. Par ailleurs, l'École Nationale de Ski et d'Alpinisme accueille les gendarmes dans les stages de formation de guide de haute montagne et de moniteur de ski. Ils acquièrent la connaissance de ces sports et l'aptitude à procéder au sauvetage. Les sports nouveaux ont, par nature, des adeptes peu expérimentés. Ils impliquent une notion de risque, d'inexpérience, et d'apprentissage nécessaire. Les parapentistes qui forment « un essaim » n'ont pas conscience qu'ils peuvent gêner la manœuvre d'un moyen de secours. La valse des parapentes qui ne s'interrompt pas pour libérer l'espace en cas de besoin peut traduire un manque de lucidité des néo-pilotes d'aéronefs. Le discours d'information tant des journalistes que des gendarmes met également l'accent sur la responsabilité des témoins qui provoquent une alerte sans s'être assurés de la nécessité d'intervention.

Alors que les sports nouveaux intéressent de plus en plus de pratiquants, il est fait appel à l'attitude citoyenne de la population. L'entretien des équipements de secours représente un coût et les gendarmes sont souvent obligés d'intervenir inutilement.

(1) GIGN : Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale, PGHM : Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne, PGM : Peloton de Gendarmerie de Montagne.

Pour aller plus loin :

- Les risques en montagne

Dorothée Fournier

Transcription

Françoise Boissonnat
Deux morts et trois blessés graves hier dans le massif du Mont-Blanc. Un mort encore à Tignes, lors d’une compétition de vol à voile. Les secours en montagne multiplient les actions de prévention. Prudence et responsabilité sont les maîtres mots en montagne. Des mots pas toujours entendus, le reportage de France 3 Alpes.
(Bruit)
Inconnu
Oui, PGHM Bourg-Saint-Maurice. Bien reçu, bien reçu votre communication.
Daniel Despin
Soit, la randonnée et l’alpinisme restent en tête des principales interventions de secours en montagne l’été, mais la diversité des pratiques de pleine nature a obligé les secouristes à faire face à de nouveaux types d’intervention, exemple, le canyoning.
Jean-Claude Margot
La gendarmerie s’adapte toujours, et effectivement, actuellement, elle a les moyens en personnel et en matériel pour assurer efficacement les secours dans les nouvelles disciplines, c’est-à-dire parapente, canyoning et VTT. Tout ça, parce que la gendarmerie effectue des stages de secours, le PGHM effectue des stages de secours au Centre National d’Instruction de Ski et d’Alpinisme à Chamonix, dans lequel est programmé 15 jours de secours en canyoning, principalement.
Daniel Despin
Difficulté de treuillage, milieu hostile, parfois difficile d’accès, bref, intervention délicate et risquée, tant pour les victimes que pour les sauveteurs. Autre discipline en pleine croissance et qui pose un certain nombre de problèmes aux secouristes, le parapente.
Patrick Richard
Il y a des jours où effectivement, sur certains sites, on rencontre de véritables essaims de parapentes. Ça vole vraiment très serré, très groupé, et il arrive même que sur certaines interventions, ça nous crée des problèmes, puisque les parapentes n’ont pas toujours le réflexe de s’écarter, de sortir de la zone, alors qu’on essaie de faire un secours ou de travailler sur une zone.
Daniel Despin
Difficultés également lorsqu’il s’agit de secourir les parapentistes eux-mêmes. En général, le souffle de l’hélicoptère et les voiles ne font pas bon ménage. Plus dur encore pour le moral des sauveteurs, les inévitables fausses alertes, une spécialité en parapente.
Patrick Richard
Quand quelqu’un voit tomber un parapente dans la nature, souvent les gens s’imaginent qu’il est blessé et ils nous préviennent. Ce qui fait que on va décoller, et on ne pourra savoir si réellement il a besoin de nous que lorsqu’on arrivera sur zone. Il nous arrive d’ailleurs de ne rien trouver parce que tout simplement, le pilote de parapente, entre-temps, a replié sa voile, est rentré chez lui à pied, et nous, on va tourner pendant des fois un quart d’heure ou 20 minutes à chercher quelqu’un qui n’est plus là.
Daniel Despin
Perte de temps, perte de potentiel, eu égard aux contrôles obligatoires des machines de secours, on comprend mieux pourquoi les maîtres mots de la campagne Sécurité en Montagne l’été sont prudence et responsabilité pour tous.