Clip pour le lancement des vacances de sports d'hiver 1990

01 novembre 1990
01m 36s
Réf. 00058

Notice

Résumé :

Reportage sur le dernier clip de lancement des vacances d'hiver qui sera diffusé 130 fois à la télévision nationale. Les attentes des touristes ont évolué, ils ne veulent plus simplement venir à la montagne pour skier. Le manque de neige a permis de mettre en avant d'autres activités, comme le tourisme de santé.

Date de diffusion :
01 novembre 1990
Source :
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Éclairage

Les années 1986 à 1989 sont des années de crise pour le marché des sports d'hiver . Tandis que le marché du ski s'essouffle, trois hivers « sans neige » consécutifs inquiètent professionnels et pouvoirs publics. Le présentateur du journal télévisé régional, Jacques Paté, ne manque pas de le rappeler lors du lancement du reportage. L'hiver 1990 pourrait bien être le « quatrième hiver sans neige ». Le manque de neige de la saison 1989-1990 avait mis au chômage les saisonniers des Hautes Alpes et obligé le Ministère du Tourisme à proposer un plan d'aide. Pour les pouvoirs publics, le système repose sur une trop forte spécialisation dans les activités de sports d'hiver, notamment dans le ski alpin. C'est ce qui explique cette « coûteuse campagne de publicité conçue par le Ministère du tourisme » lancée le 1er novembre 1990 et destinée à être diffusée près de « 130 fois en télévision » présentée non sans une certaine pointe d'ironie au journal du soir de FR3 Lyon. Une inflexion serait à l'œuvre dans le discours sur la montagne. Il s'agit de montrer pour reprendre les termes du Ministre du Tourisme interrogé dans le reportage, Jean-Michel Baylet, que la montagne « ce n'est pas simplement le ski ». Le clip publicitaire sur lequel se greffe le commentaire du présentateur s'efforce en effet d'aller vers la « fin du tout ski ». Les premières images proposent des activités respectueuses de la nature – Ah ! Les chevaux qui gambadent dans la neige ! – qui n'apparaissent pas fondamentalement nouvelles (ski de fond, luge pour les enfants, bonhomme de neige), mais qui s'efforcent de prendre en compte ceux qui ne pratiquent pas le ski alpin et les besoins de la famille. L'image de la maman qui, en pratiquant le ski de fond, est en mesure d'emmener son enfant avec elle « en balade » est à ce titre extrêmement parlante. Si le ski alpin reste présent, il apparaît essentiellement sous l'angle d'une communion avec la nature (image de skieurs hors pistes qui arrivent près de chalet) ou autour de la suggestion très discrète (cliché d'un surfeur) des sensations procurées par les « nouvelles glisses » qui ont fait leur apparition dans les années 1980. Nous sommes très éloignés des « usines à ski » dont on ne montre que le côté plaisir et détente (chaises longues, télésiège, descente aux flambeaux, gros plans sur des skieurs qui rient, jeux dans la neige). Cette insistance mise sur le plaisir plutôt que la performance, les joies de la famille, le repos, les sensations – que rappelle le slogan « la montagne, ça vous gagne » – semble témoigner d'une prise de conscience d'une nécessaire diversification des activités pour répondre aux besoins de ceux qui « déçus des banlieues des neiges » souhaitent échapper aux pistes pour se balader en ski de fond, partir en luge ou se faire bronzer au soleil des terrasses des restaurants. A l'heure d'une crise qui est aussi économique, il s'agit aussi d'élargir une clientèle qui s'est restreinte. Enfin, c'est une manière d'aller contre les accusations de dégradation de l'environnement adressées aux stations de sports d'hiver. Paradoxalement, le reportage s'inscrit dans un imaginaire qui remonte au moins au XIXème siècle. Les pentes enneigées vierges, les adorables chalets nichés au milieu de nulle part, la montagne qui doit son « salut » à la « santé » prolongent la vision ancienne d'une montagne belle, tranquille et susceptible de remédier aux maux du corps et de la société. Le journaliste ne manque pas de faire remarquer en conclusion du reportage que « la santé passe aussi un peu par les flocons », manière détournée de faire remarquer que cette campagne publicitaire leur paraît un peu dérisoire face à l'enjeu que semble alors représenter le manque de neige.

Bibliographie :

- Gauchon Christophe (2009) Les hivers sans neige et l'économie des sports d'hiver, un phénomène récurrent, une problématique toujours renouvelée. In : cahiers de géographie, n°8. Collection Edytem, p.194-204.

- Rauch André (2001) Vacances en France : de 1830 à nos jours. Paris : Hachette Littérature.

Isabelle Gaillard

Transcription

Jacques Paté
Ironie du sort pour une coûteuse campagne de publicité conçue par le Ministère du Tourisme pour vendre la montagne dans l’hypothèse d’un quatrième hiver sans neige, les flocons se sont mis à tomber sur nos sommets dès les premiers spots diffusés à la télévision.
François Dom
Ce sont ces images qui vont vendre notre montagne. Le spot sera diffusé 130 fois sur les différentes télévisions, premier passage aujourd’hui. Le défaut d’enneigement de ces dernières années a révélé une évolution des attentes du public en matière de vacances de neige. Une idée donc, la montagne, c’est d’abord l’expression de vacances réussies, authentiques et intenses, que l’on soit sportif ou non. Pour la première fois, les maires des stations, les hôteliers, les industriels et les commerçants d’articles de sport, les remontées mécaniques et les moniteurs, se sont regroupés pour mieux reconquérir les vacanciers, et pas seulement les skieurs. De son coté, le Ministère du Tourisme, peut-être pris de remord, a décidé de réagir. Toute la montagne était présente à Paris pour le lancement de cette campagne de promotion. D’ores et déjà, les responsables annoncent des taux de réservation corrects, seule question, et si la neige n’était pas là ?
Jean-Michel Baylet
S’il n’y a encore pas de neige, je considère que cette campagne, permettant de valoriser autre chose que l’aspect ski de la montagne, donnera tout de même de bons résultats ; parce que nous aurons montré que nos montagnes françaises, ce n’est pas simplement le ski, mais qu’il y a tout autre chose à voir, en particulier le tourisme de santé.
François Dom
A tout hasard, croisons fort les doigts pour que la neige, déjà un peu tombée, se confirme, et que la santé passe aussi par les flocons.